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Fort McMoney, un jeu documentaire de plus en plus réel

Cette semaine, le troisième épisode de notre jeu documentaire a pris vie, au-delà de tout ce que nous avions imaginé. Des dizaines de milliers de joueurs du monde entier ont taillé la route pour l'Alberta, l'Autoroute de la Mort, comme on l'appelle là-bas, la 63, vers le nord, vers le froid, «», et les cancers inexpliqués chez les Autochtones de Fort Chipewyan, à plus de 300 kilomètres en amont de la capitale mondiale des sables bitumineux, Fort McMurray.
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Cette semaine, le troisième épisode de notre jeu documentaire a pris vie, au-delà de tout ce que nous avions imaginé. Des dizaines de milliers de joueurs du monde entier (le 12 décembre, Fort McMoney avait été visité par 250 000 personnes) ont taillé la route pour l'Alberta, l'Autoroute de la Mort, comme on l'appelle là-bas, la 63, vers le nord, vers le froid, «at the end of the road», et les cancers inexpliqués chez les Autochtones de Fort Chipewyan, à plus de 300 kilomètres en amont de la capitale mondiale des sables bitumineux, Fort McMurray.

Au début, la route d'hiver est étroite, serpentée, des sapins à perte de vue, puis elle monte, descend; enfin, c'est le Delta, plane, sûr de lui, et puis cela: l'Athabasca River, la rivière glacée, le fleuve pollué. Des kilomètres de piste, de forêt, de bush et trois minutes de traversée en voiture, sur l'eau, la glace, dans le vide et dans la frousse. Puis une autre rivière, une troisième, cinq au total et, in fine, la destination: Fort Chipewyan le bien nommé, bastion des Dene qui luttent pour leurs terres et leur survie, ou qui vivent du pétrole. Au choix.

Mais un détail est survenu, qui a changé la donne de Fort McMoney. La veille de l'ouverture de notre épisode 3, on apprenait que Shell venait de recevoir le feu vert d'Ottawa pour étendre son exploitation des sables bitumineux, en Alberta. À quelques encablures de Fort Chipewyan.

Toute cette semaine, l'actualité - réelle - de Fort McMurray allait rattraper celle de Fort McMoney - de moins en moins virtuelle. Toute cette semaine, les témoignages de nos protagonistes allaient prendre une coloration particulière, entre urgence et gravité. Plus que jamais, Fort McMoney était un jeu sérieux. Où tout est décidément vrai, ancré dans le réel; où, comme le dit un joueur sur Facebook, la réalité dépasse la fiction.

Parmi les témoignages de cet épisode 3, celui du pécheur Ray Ladouceur, exhibant deux poissons, l'un avec une tête normale; l'autre avec une tête deux fois sa taille. «Kaya», dit-il. «Kaya veut dire Non!»

Celui du chef Adam Allan, las autant que déterminé : «Ils appellent ça développement, nous appelons ça destruction».

Les paroles de deux responsables environnementalistes chargés de surveiller les rejets de l'industrie pétrolière et de produire des recommandations au gouvernement de l'Alberta. Des hommes de bonne foi, des scientifiques, l'un désabusé; l'autre confiant, dont les sourires et les silences disent leur difficulté à exercer leur mission.

Le discours de Diana McQueen, alors ministre de l'Environnement de l'Alberta devenue la semaine dernière, ultime hasard du calendrier, ministre de... l'Énergie, assurant que tout était fait pour veiller au bon équilibre de la nature.

Celui de Melina Laboucan-Massimo, militante de Greenpeace, de tous les combats et de tous les débats, jusqu'à la Chambre des représentants de Washington.

Ou encore les souvenirs, tenaces, terribles, du docteur John O'Connor, sonneur d'alerte; comme les arguments affutés de Ken Chapman, représentant local des producteurs de pétrole.

Pendant que les joueurs-internautes, devenus résidents pour de bon de Fort McMoney, allaient de village en village ou visitaient deux mines - l'une de Syncrude; l'autre de Shell - les débats faisaient rage sur notre site - avec une grande courtoisie. Les partisans d'un arrêt de l'exploitation des sables bitumineux discutaient avec les défenseurs d'une production contrôlée; quand d'autres appelaient «au réalisme économique». Comment un pays comme le Canada pourrait-il se priver d'une telle manne? Le Globe and Mail embrayait : «Faut-il cesser l'exploitation des sables bitumineux?»

Dans ces commentaires qui ont fusé toute la semaine (3800 commentaires ont été versés par les joueurs depuis le lancement de Fort McMoney), certains glissaient des documents confidentiels; d'autres brandissaient des chiffres irréfutables et un joueur, depuis le Brésil, publiait un haiku:

Dans ces mines sombres

Sur ces routes noires

Malgré toutes ces ombres

Il faut garder espoir.

Un haiku comme une récompense. Le débat est ouvert. Fort McMoney, ville virtuelle, est devenue réalité.

La fin de la première partie de Fort McMoney est prévue le 22 décembre.

D'ici là, prenez part à l'aventure.

Bonne route et bonne chance!

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