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Le débat Biden-Ryan vu d'un bar new-yorkais

Une dose de vodka framboise-coco. Du jus de cranberry. Et un trait d'amertume pour parfaire le mélange. C'est la recette du "Paul Ryan Special", un cocktail rouge-bonbon, couleur du parti républicain, que sert pour 5 dollars, le barman du Tonic Bar, ce mardi soir, à New York. Au dessus du comptoir en bois massif de l'établissement de Times square, Paul Ryan, la cravate d'un rouge presque aussi éclatant que le breuvage sirupeux, affronte sur écran géant Joe Biden, son rival démocrate à la vice-présidence des Etats-Unis.
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Une dose de vodka framboise-coco. Du jus de cranberry. Et un trait d'amertume pour parfaire le mélange. C'est la recette du "Paul Ryan Special", un cocktail rouge-bonbon, couleur du parti républicain, que sert pour 5 dollars, le barman du Tonic Bar, ce mardi soir, à New York.

Au dessus du comptoir en bois massif de l'établissement de Times square, Paul Ryan, la cravate d'un rouge presque aussi éclatant que le breuvage sirupeux, affronte sur écran géant Joe Biden, son rival démocrate à la vice-présidence des Etats-Unis. Dans la salle, une nuée de "yuppies" souriants, aussi bien peignés que leur favori, ont répondu à l'invitation du New York Young Republican Club, une institution qui réunit depuis plus d'un siècle les électeurs républicains, minoritaires dans la ville.

Une enclave "preppy" en terre démocrate. Les messieurs, sortis du bureau, portent des costumes bleu marine sur des chemises finement rayées. Les dames des tailleurs sombres et de sages ballerines assorties à leur sac à main matelassé. Pas d'éclats de voix dans cette assemblée qui tient davantage du "networking" professionnel que du meeting politique. Un aimable chuintement de conversations policées, à peine entrecoupées d'applaudissements (rares) lorsque Ryan, décoche sa première salve (sur les couacs de communication de la Maison Blanche après la mort de l'ambassadeur américain en Libye), ou s'extirpe, non sans habileté, de la première référence de Biden aux 47% d'américains indigents moqués par Mitt Romney: "le vice-président [gaffeur émérite, ndlr] sait très bien que parfois les mots ne sortent pas toujours comme il faut de la bouche".

Mais rapidement, le poster-boy du Tea Party, photographié le jour même, haltères à la main, dans Time Magazine, peine appliquer à son adversaire le traitement de choc que son patron avait imposé à Obama mercredi dernier. Biden le toise avec une aimable condescendance, comme un adolescent qui pourrait y arriver, certes, mais seulement s'il était plus doué...

Après quelques corrections statistiques ("les faits sont importants"), il le foudroie : "calmons-nous un petit peu", assène-t-il, au sujet des tensions avec l'Iran. "Vous voulez entrer en guerre, c'est ça?", lance-t-il, comme si c'était, décidément, la seule chose que les Républicains avaient à offrir.

Dans la salle, les jeunes cadres s'agacent du ton "irrespectueux" de l'adversaire. Mais également du manque d'épaisseur de leur poulain, face à un Biden convaincant dans son exaspération: quand Romney méprise les 47%, "il parle de ma mère et de mon père... il parle des gens qui ont bâtit ce pays", lâche-t-il. Obama n'avait pas même fait référence à ce chiffre désormais iconique lors du premier débat.

Biden a appris des erreurs de son patron. Il regarde fixement la caméra quand il lance un appel aux personnes âgées. Et quand Ryan l'imite, dans sa conclusion, la position assise imposée par le débat, le fait ressembler à un présentateur du journal télévisé.

"Il ne fait aucun doute que Ryan a perdu ce débat", juge Niail Mc Mahon, homme d'affaires élégant et "républicain hard-core". "Nous sommes ici dans un fief républicain", poursuit le jeune irlandais : "pourtant tout le monde est resté de marbre", face à la prestation d'un Ryan qu'il juge bien "faible". Sa fiancée au chignon impeccable, drapée dans une longue robe noire, a des préférences politiques moins affirmées mais reconnaît que "l'on a bien vu qui était plus puissant".

Howard Brier, un informaticien de Brooklyn, venu spécialement à Manhattan pour assister au débat entre sympathisants du parti républicain, minoritaires dans son quartier, est plus nuancé: "Ryan a marqué des points", estime-t-il, vantant un abord "plus sérieux et assertif". Mais "ce n'est pas cela qui va faire changer d'avis les électeurs".

"Biden n'a cessé d'interrompre Ryan", regrette Jerry Chen, également informaticien. "Et quand ce n'était pas lui, c'était la modératrice", beaucoup plus interventionniste, il est vrai, que son homologue au précédent débat, critiqué pour sa passivité. Cela ne lui fait pas regretter sa préférence pour le tandem républicain. Romney "sera meilleur qu'Obama", qu'il juge inexpérimenté et doit, selon lui, tout "à la chance". Mais son enthousiasme est ténu. Romney fera-t-il un bon président? "Nous verrons dans deux ans", c'est-à-dire aux élections à mi-mandat, lâche-t-il, après un long silence.

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