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Rencontre Trump-Netanyahu: quels seront les grands enjeux?

À l'aube de la rencontre prochaine entre le président Donald Trump et le premier ministre d'Israël, Benjamin Netanyahu, le 15 février, quelles seront les questions à l'agenda?
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À l'aube de la rencontre prochaine entre le président Donald Trump et le premier ministre d'Israël, Benjamin Netanyahu, le 15 février, quelles seront les questions à l'agenda?

Le nouveau président américain est un grand supporter d'Israël et de la droite israélienne au contraire d'Obama, qui soutenait Israël tout en s'opposant à l'expansion des colonies juives dans les territoires occupés. Le président milliardaire commence son mandat en force avec des actions très controversées, entre autres, le resserrement de l'immigration aux États-Unis de certains pays musulmans. Netanyahu demeure un premier ministre populaire en Israël même s'il est fragilisé par la montée des partis d'extrême droite, membres de la coalition gouvernementale et partisans de l'expansion des colonies voire l'annexion de certains blocs de peuplement si ce n'est de l'entière zone C en Cisjordanie sous juridiction exclusive d'Israël qui forme 60% de la Cisjordanie. Il est aussi fragilisé par trois enquêtes policières touchant des allégations de malversation. Aucune accusation n'a encore été portée contre Netanyahu, mais cela reste à suivre.

Cette rencontre sera l'occasion pour les deux pays de relancer les relations sur un bon pied après les relations acrimonieuses entre Netanyahu et Obama.

Les deux leaders ont des points en commun : prioriser les relations bilatérales plutôt que multilatérales, croire en la force plutôt qu'en la diplomatie, embrasser le soutien des partis d'extrême droite et religieux, être peu porté sur le respect de leurs minorités, croire à un mur de séparation et accuser les médias de leurs malheurs. Cette rencontre sera l'occasion pour les deux pays de relancer les relations sur un bon pied après les relations acrimonieuses entre Netanyahu et Obama.

La menace iranienne et le terrorisme

Un des dossiers prioritaires de cette discussion concernera surement la question de « la menace iranienne » touchant l'accord nucléaire, le lancement de missiles balistiques iraniens pouvant porter une charge nucléaire et le terrorisme. Trump déclarait récemment au roi d'Arabie Saoudite qu'il appliquera de manière rigoureuse l'accord nucléaire signé entre l'Iran et les grandes puissances (alors que durant la campagne présidentielle il voulait le renégocier) et qu'il traitera des activités « déstabilisantes » de l'Iran dans la région. D'ailleurs, les États-Unis ont envoyé un «avertissement » à I 'Iran sur le récent lancement de missiles balistiques iraniens. Selon Netanyahu, l'accord devrait être réévalué et des sanctions devraient s'appliquer contre l'Iran pour toute transgression des accords internationaux et son appui au Hezbollah. Israël considère que l'influence militaire grandissante de l'Iran en Syrie constitue une menace sérieuse pour l'état hébreu. L'idée d'un front uni Israël-Pays arabes sunnites contre l'Iran et le terrorisme fait consensus en Israël et cela pourrait trouver preneur chez certains pays arabes. Le problème est qu'il n'y a pas consensus au sein de la coalition gouvernementale sur ce qu'Israël serait prêt à donner en échange sur la question palestinienne.

En ce qui concerne le terrorisme, les deux leaders sont au même diapason quant à l'importance de les combattre. Netanyahu tentera probablement de persuader Trump que la vraie menace dans la région est le terrorisme sous toutes ses formes (Daesh, Al Qaida, Hezbollah, Hamas, loups isolés palestiniens), et non pas la question palestinienne. À présent, Netanyahu semble être le seul leader à penser comme cela. Sera-t-il capable de convaincre Trump?

Les colonies de peuplement

Netanyahu est d'avis que les colonies sont importantes pour assurer la sécurité d'Israël et le lien historique et religieux qui lie le peuple juif à la Judée-Samarie (Cisjordanie), y compris Jérusalem-Est, annexée par Israël. Ce dernier vient d'annoncer la construction de 6000 logements en Cisjordanie et à Jérusalem Est. La majorité sera concentrée dans les gros blocs de peuplement qu'Israël voudrait garder dans un accord éventuel de paix. La Knesset vient d'adopter une loi proposée par l'extrême droite qui légalise un peu moins de 4 000 maisons construites sans autorisation sur des terres palestiniennes privées. Il y a actuellement 590 000 colons dans les territoires occupés, dont 390 000 en Cisjordanie, et 200 000 à Jérusalem-Est.

L'Administration Trump semble être plus permissive vis-à-vis des colonies que ne l'était l'Administration Obama, mais jusqu' à un certain point. Même si la Maison-Blanche est restée silencieuse à la suite de l'annonce par Israël de la construction des nouveaux logements au sein des colonies actuelles en Cisjordanie et Jérusalem Est, elle a déclaré que: «Même si nous ne croyons pas que l'existence de colonies est un obstacle à la paix (contrairement à l'Administration Obama), la construction de nouvelles colonies ou l'expansion de celles existantes au-delà (contrairement à l'Administration Obama opposée en deçà et au-delà) de leurs frontières actuelles pourrait ne pas aider à atteindre cet objectif».

Une des positions les plus modérées au sein du gouvernement Netanyahu appartient au ministre de la Défense d'Israël, Avigdor Liberman, qui se dit prêt à geler les constructions à l'extérieur des blocs de colonies (90 000 colons) en échange d'un accord avec l'administration Trump pour augmenter la construction à l'intérieur des blocs (300 000), là où se trouve la plus grande concentration des colons. Plus ces constructions se multiplient, plus elles risquent de rendre caduque à plus ou moins brève échéance la possibilité d'un état palestinien doté d'un territoire continu.

Le sujet des colonies fera surement partie des discussions. Netanyahu est ambivalent sur la « solution de deux états » alors que Trump s'est abstenu de se positionner sur le sujet. Ces derniers pourraient convenir que la seule solution à la paix est celle qui sera négociée directement entre Israël et les Palestiniens, une manière de dire non à une solution imposée par la communauté internationale.

Le déménagement de l' ambassade américaine à Jérusalem

La question du déplacement de l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem créée moins d'enthousiasme chez Trump que durant la campagne présidentielle. Il admet aujourd'hui que la question est complexe et qu'elle mérite d'être étudiée plus en détail. Il est peu probable que Netanyahu insiste sur ce déménagement à court terme qui ferait le bonheur de la droite israélienne, mais qui empoisonnerait les relations entre les États unis et ses alliés arabes.

L'approche de Trump sur les colonies demeure vague. Mais une chose est sure, Netanyahu aura plus de marge de manœuvre sur les colonies avec Trump qu'il en avait sous Obama. Une entente entre les deux leaders sur les différents enjeux devrait donner plus de latitude à Netanyahu pour résister aux pressions de l'extrême droite sur l'expansion des colonies et serait un baume pour lui, car cela viendrait contrecarrer la mauvaise presse qu'il reçoit en Israël depuis plusieurs mois sur les allégations de malversation.

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