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Avenir du secteur aérospatial au Québec: ce qu’aucune multinationale ne pourra nous enlever

Nos compétences en aérospatiale et notre fierté d'y travailler n'appartiennent à aucune entreprise privée.
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Image de la campagne « Tous Debout » du Syndicat des Machinistes qui a démarré le 16 octobre 2017 et qui vise à rallier la classe politique et l’ensemble des citoyens du Québec derrière son industrie aérospatiale. Le Syndicat prévoit mener différentes actions durant cette campagne.
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Image de la campagne « Tous Debout » du Syndicat des Machinistes qui a démarré le 16 octobre 2017 et qui vise à rallier la classe politique et l’ensemble des citoyens du Québec derrière son industrie aérospatiale. Le Syndicat prévoit mener différentes actions durant cette campagne.

Depuis 27 ans que j'ai le privilège de côtoyer les artisans de l'aérospatial au Québec. De mes débuts comme travailleur chez Bombardier jusqu'à aujourd'hui, j'ai toujours eu de l'admiration et du respect pour ces hommes et ces femmes. Au fil des ans, j'ai tissé des liens avec plusieurs travailleurs et travailleuses et leurs familles. Les côtoyer m'a permis de grandir sur le plan personnel et professionnel et de devenir une meilleure personne. Je me sens honoré de les représenter et je les remercie pour leur reconnaissance, leur confiance et leur appui. Je les considère aujourd'hui comme ma seconde famille et je souhaite travailler à leur côté tant qu'il me sera possible de le faire.

Avec mes confrères et consœurs du Syndicat des Machinistes durant les 25 dernières années, j'ai eu l'occasion de m'impliquer dans plusieurs négociations de conventions collectives chez Bombardier et ailleurs dans le secteur aérospatial. Nous avons traversé plusieurs tempêtes. La plupart du temps, nous avons réussi à défendre nos emplois et nos conditions de travail. En 2005, nous avons convaincu Bombardier de choisir le Québec pour l'assemblage de la Série-C plutôt que le Nouveau-Mexique. C'est en luttant ensemble que nous avons obtenu la construction de l'usine d'assemblage de Mirabel et des garanties d'emplois sur 20 ans malgré le fait que les dirigeants de Bombardier craignaient les impacts que la forte concentration de main-d'œuvre syndiquée allait engendrer. Pour y arriver, nous avons rappelé l'excellence des travailleurs et travailleuses d'ici et réaménagé la convention. C'est notre persévérance et notre capacité d'adaptation qui auront fait en sorte que cet avion puisse continuer de donner du travail à des milliers de Québécois. Cette épreuve nous a confirmé qu'en nous unissant nous sommes capables de réaliser de grandes choses.

En aérospatiale, il n'est pas rare de voir les membres d'une même famille travailler ensemble ou se succéder avec la même passion du métier d'une génération à l'autre. L'histoire de l'industrie aérospatiale au Québec a commencé en 1911, avec le premier avion conçu et fabriqué en sol québécois. Le premier succès en aérospatiale fut réalisé au Québec en 1924 avec le Canadian Vickers Vedette, l'aéronef le plus fabriqué de l'entre-deux-guerres. Depuis plus d'un siècle, le Québec n'a cessé de réaffirmer sa position de leader dans le domaine aérospatiale. Aujourd'hui, la région du grand Montréal est le troisième lieu en importance dans le domaine après Seattle et Toulouse. Si nous sommes reconnus mondialement dans ce secteur, c'est avant tout grâce aux hommes et aux femmes qui s'y démarquent depuis des générations. Les entreprises et les projets se sont succédé, mais la confiance est demeurée. Il y a bientôt trois semaines, lorsque les dirigeants de Bombardier m'ont appris qu'ils allaient céder le Série-C à Airbus, j'ai ressenti un pincement au cœur, de la déception et du mécontentement. Cet événement sur lequel nous n'avions pas de contrôle venait de fermer un chapitre de l'aérospatiale au Québec et nous annonçait une période d'incertitude.

Nos compétences en aérospatiale et notre fierté d'y travailler n'appartiennent à aucune entreprise privée.

Il reste du travail à faire, mais la garantie de 2000 emplois à Mirabel jusqu'en 2041 sur la Série-C additionnée à la vente du 1er novembre dernier, de 31 appareils qui seront assemblés chez nous, représente une base sur laquelle il faudra construire avec Airbus.

Si cette industrie a fait vivre des générations de Québécois et Québécoises et a soutenu le développement de la province et du pays durant près d'un siècle c'est grâce à notre force. Cette force réside dans notre courage, notre persévérance ainsi que notre savoir-faire, ce qu'aucune multinationale ne pourra nous enlever. Une autre chose qu'on ne pourra jamais nous enlever; bien qu'une nouvelle marque de commerce apparaitra sur les avions de la Séries-C, c'est nous qui l'aurons fait naitre et qui l'aurons mis dans le ciel. Nos compétences en aérospatiale et notre fierté d'y travailler n'appartiennent à aucune entreprise privée. Nous devons tous être les gardiens de cette force et de cet héritage qui fait avancer le Québec en nous engageant collectivement à les protéger, les développer et les valoriser.

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