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La question qui brûle les lèvres de tous les analystes est de savoir si la remontée de Mitt Romney dans les sondages est réelle ou si elle tient uniquement à la conjoncture actuelle, défavorable à Barck Obama. Les deux candidats sont en fait au coude-à-coude depuis un bon moment déjà et toute avance se situe dans la marge d'erreur.
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AP / Getty Images

Depuis le retrait de la course de Rick Santorum, il y a environ trois semaines, les sondages montrent une certaine embellie pour Mitt Romney. En effet, non seulement a-t-il comblé l'écart face à Barack Obama, mais il a désormais une courte avance sur son rival. La question qui brûle les lèvres de tous les analystes est de savoir si cette remontée est réelle ou si elle tient uniquement à la conjoncture actuelle.

Selon mon analyse, les deux candidats sont en fait au coude-à-coude depuis un bon moment déjà et toute avance se situe dans la marge d'erreur. Ce que les chiffres actuels démontrent est que Mitt Romney est en train de ramener de son côté l'ensemble de la base républicaine, un temps séduite par la candidature de Santorum.

Deux facteurs importants jouent en faveur de l'ancien gouverneur du Massachusetts en ce moment et ils pourraient lui conférer une avance plus significative. Tout d'abord, l'économie américaine recommence à tourner au ralenti, ce qui est toujours un mauvais signe pour le président sortant. Tandis que Romney insiste sur ses qualités en tant que leader du monde des affaires et créateur d'emplois, il a face à lui un Barack Obama qui a de plus en plus de difficulté à justifier son optimisme légendaire. Les démocrates craignent avec raison qu'un nouveau ralentissement économique n'annihile leurs chances en novembre. Si tel s'avère le cas, c'est toute la rhétorique de changement et de l'espoir qui tombe.

Ensuite, la question des enjeux moraux est revenue à l'avant-scène la semaine passée. Il a abondamment été question de l'appui du président à la question du mariage des conjoints de même sexe depuis une semaine. À mon sens, le candidat Obama a commis une erreur stratégique importante avec ses déclarations qui dénotent une certaine panique au sein des démocrates. Craignant de ne pas être capables de motiver leur base électorale pour novembre, ils posent des gestes de plus en plus risqués.

Premièrement, la décision du président semble relever plus de l'opportunisme politique que d'une véritable réflexion fondamentale. Depuis le début de sa présidence, Obama hésite et navigue difficilement sur la question des droits des gais et lesbiennes. Que ce soit avec l'armée, le mariage ou le transfert des pensions, il a souvent louvoyé, sans paraître avoir une position de principe sur ces questions. Le contraste est frappant avec Romney qui, dans l'opinion publique, a une position plus authentique sur la question. Devant un électorat cynique et fatigué des jeux politiques, cela pourrait avoir une certaine résonance.

Deuxièmement, Obama prend un immense risque mathématique en appuyant le mariage des conjoints de même sexe. Il est vrai que le pays est à peu près divisé également sur cette mesure. Toutefois, la répartition géographique des appuis est inégale. Plusieurs États remportés de justesse il y a quatre ans par Obama sont opposés à la notion de mariage pour des conjoints de même sexe. L'Ohio, le Colorado, la Caroline du Nord et la Virgine, entre autres, pourraient basculer.

Troisièmement, l'implication du président dans ce débat remet les enjeux moraux et sociaux au coeur de la campagne électorale. Dans un pays au sein duquel 40 % des électeurs se disent ouvertement conservateurs, que ce genre d'enjeux soit à l'avant-scène ne peut pas vraiment aider un candidat plus libéral comme Obama.

Enfin, la position du président risque de froisser certains groupes dont il a absolument besoin pour sa réélection, soit les catholiques, les Afro-Américains et les latinos. Sur la question du mariage des conjoints de même sexe, ces groupes sont plus proches des positions politiques des républicains que de celles du président. Obama fera encore le plein de vote auprès de ces clientèles, mais une baisse de leur appui, ne serait-ce que de 5 % dans des États bien précis, pourrait lui faire perdre la présidence.

Comme nous sommes à même de le constater, la campagne américaine sera fertile en rebondissements, en bons coups et en erreurs de toutes sortes. En voulant motiver sa base trop rapidement, Obama a fait un calcul maladroit qu'il pourrait amèrement regretter. Au cours des prochaines semaines, nous serons à même de constater quelle campagne est la plus apte à imposer son agenda et à tirer profit des controverses et des erreurs de son adversaire. 1-0 Romney cette semaine.

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