Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

L'enjeu de la sécurité en Israël

Les dernières élections en Israël ont souligné que la dimension sécuritaire demeure à l'avant-plan des préoccupations des Israéliens. Quels en sont les tenants et les aboutissants ?
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Les dernières élections en Israël ont souligné que la dimension sécuritaire demeure à l'avant-plan des préoccupations des Israéliens. Quels en sont les tenants et les aboutissants ?

Ce fut au lendemain d'une guerre défensive - la guerre des Six Jours - précédée de défilés militaires et de rassemblements monstres au Moyen-Orient au cri de Atbah el Yahud (Égorgez les Juifs) qu'Israël s'est retrouvé maître des territoires du Golan, de la Cisjordanie, de Gaza et du Sinaï. Retrouver les territoires ancestraux de Judée et de Samarie (la Cisjordanie) et la ville sainte a constitué un choc aux Israéliens : dans ce pays où l'on marche littéralement sur l'histoire, le tombeau de Rachel ou de Sarah et la cité du roi David ne sont pas ceux de lointains aïeux, mais bien les personnages bibliques auxquels on s'identifie depuis son plus jeune âge. Dans une société imbue de bible, les territoires ne sont pas une lointaine colonie, mais bien le terroir d'une histoire plusieurs fois millénaire. Qui plus est, le territoire d'Israël est minuscule et une douzaine de kilomètres séparent la ligne verte (la frontière d'armistice qui prévalait avant la guerre des Six Jours) de la mer. Bien des Israéliens ont vu dans les implantations une défense de la sécurité d'Israël pour ne pas revivre le cauchemar de la veille de la guerre des Six Jours.

Le droit international

La résolution 242 de l'ONU prévoit un retrait israélien de territoires (et non pas de tous les territoires) conquis à la suite de la guerre des Six Jours à des frontières défendables et reconnues. Israël s'est donc retrouvé légalement en charge de ces territoires jusqu'à l'aboutissement d'accords de paix. Qui plus est, en 1988, la Jordanie a officiellement renoncé à la Cisjordanie dont le statut est de ce fait imprécis. Il n'en demeure pas moins que c'est la résolution onusienne 242 qui a constitué le préambule des traités de paix qui ont suivi : la paix avec l'Égypte signée en 1978, la conférence de Madrid en 1991, les accords d'Oslo en 1993 ainsi que les accords intérimaires avec l'Autorité palestinienne en 1995.

Les refus arabes

Plutôt que d'entamer des négociations avec l'état hébreu, la Ligue arabe a répondu en 1967 par trois non : non à la paix avec Israël, non à la reconnaissance d'Israël et non à la négociation avec Israël. Alors même que les accords de Camp David et notamment ceux de Taba avaient défini avec grande précision les paramètres d'un accord de paix, une vague d'assassinats suicides faisant des centaines de victimes fut déclenchée contre Israël. Pourquoi ? Peut-être a-t-on voulu se montrer en position de force, ou encore que l'on ait mal interprété le retrait israélien unilatéral du Liban.

Toujours est-il que suite à ces assassinats, la gauche qui avait négocié des concessions énormes et préparé le public à cet effet a perdu la majorité et a été remplacée par une coalition de la droite israélienne. En outre, le retrait unilatéral de Gaza en 2005 a constitué une autre déception : il a permis au Hamas de renverser l'Autorité palestinienne et de faire de cette enclave un arsenal de missiles meurtriers dirigés systématiquement vers des populations civiles. Ces refus successifs des vis-à-vis ont tout simplement renforcé et maintenu le contrôle israélien sur les territoires conquis y compris la création de nouvelles implantations, compte tenu de ce que l'occupation de ces territoires constitue un moindre mal aux yeux de leurs fondateurs.

La perpétuation du statu quo

Avec le temps, les implantations elles-mêmes sont rentrées dans la stratégie et la logique défensives axées sur la ligne verte. Bien que le niveau de vie des Palestiniens ait substantiellement augmenté, l'occupation est perçue comme une entrave à leur ambition nationale - bien qu'il ne soit pas sûr que livrés à eux-mêmes, les Palestiniens ne se lancent pas dans des rivalités meurtrières d'autant plus que des puissances périphériques tout comme l'Iran et la Turquie attisent systématiquement le conflit. Par ailleurs, l'Autorité palestinienne n'a pas de contrôle sur la bande de Gaza qui est aux mains du Hamas depuis 2007. Encouragée par une opinion internationale et une couverture de presse qui l'excluent de toute critique, l'Autorité palestinienne n'a pas encore compris que les discours de haine et l'enseignement de la haine sont contre-productifs. Le Moyen-Orient continuera de stagner tant que les populations de la région ne rejetteront pas définitivement et totalement les messages de haine.

Chaque missile tiré de Gaza et chaque discours imprégné de haine renforcent la résolution de ceux qui ne croient pas en la paix et s'accrochent à des territoires au-delà de la ligne verte. Qui plus est, il faut être aveugle pour comprendre que le conflit n'est pas un conflit israélo-palestinien, mais bien un conflit israélo-arabe et bien plus : un conflit entre les volontés hégémoniques de la Turquie, de l'Arabie et de l'Iran qui prennent en otage la région, quelle que soit la souffrance de ses populations kurdes, syriennes, irakiennes, israéliennes ou palestiniennes. Il suffit de prendre conscience de la déclaration de Hussein Sheikholeslam en charge du soutien iranien à la Palestine pour saisir l'étendue du danger d'encerclement qui menace Israël : « Nous espérons que la stratégie des missiles que l'Iran inculque au Hezbollah au Liban (au nord) et à Gaza (à l'ouest) s'étendra également en direction de la Cisjordanie (à l'est) dans un futur proche. »

L'avenir

Tant et aussi longtemps que la surenchère de radicalisme des puissances régionales trouvera écho dans les populations du Moyen-Orient, la paix demeurera illusoire. La demande de certains pays de retour à la frontière d'armistice de la ligne verte sans prendre en considération les impératifs sécuritaires d'Israël et les concessions douloureuses que les deux parties doivent faire pour avancer la paix perpétue également le statu quo. Et pourtant, le cadre général d'une solution existe : ce n'est que lorsque l'Égypte et la Jordanie ont ouvertement embrassé la paix que des solutions à l'ensemble des problèmes - y compris les problèmes frontaliers - ont été trouvées.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Et si Israël était dans votre Pays? Il ressemblerait à quoi?

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.