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Le pari d'Obama sur l'islamisme modéré

Obama a voulu aller plus loin en misant sur le concept politique d'un « islamisme modéré » à l'instar des partis chrétiens-démocrates en Europe.
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Des considérations d'approvisionnement énergétique ont certainement pesé dans la balance lorsque le président américain Georges Bush ordonna l'invasion de l'Irak. Il n'en demeure pas moins que ce dernier était convaincu qu'il libérait les Irakiens d'un dictateur sanguinaire et que la démocratie était la panacée des maux et des frustrations de nombreux pays arabes. Le fait que les Irakiens aient pu voter librement et que leur dictateur mégalomaniaque se terrât dans une cache souterraine n'est peut-être pas étranger à l'explosion du printemps arabe qui est survenue par la suite.

Le président Obama a voulu aller plus loin en misant sur le concept politique d'un « islamisme modéré » à l'instar des partis chrétiens-démocrates en Europe. Or, cette démocratie islamique ne s'est pas concrétisée, et pour cause : la tradition démocratique était absente et les partis islamiques longtemps relégués à la clandestinité comptaient de nombreux radicaux et djihadistes. Qui plus est, les compétences technocratiques manquaient totalement aux partis islamiques élus qui voulaient superviser, voire renverser l'appareil gouvernemental existant.

Sitôt que les régimes autoritaires ont été remis en question, les tensions confessionnelles et ethniques se sont amplifiées au Moyen-Orient, à l'image même de la Yougoslavie après la mort du maréchal Tito. De nouveaux regroupements et réalignements d'Arabes, de Kurdes, de chiites, de sunnites, de Frères musulmans, de chrétiens, d'Alaouites, de Druzes et d'Assyriens, compte non tenu de la kyrielle de groupuscules islamiques radicaux, ont déstructuré la carte géopolitique du Moyen-Orient tracée par la France et l'Angleterre après la Première Guerre mondiale. Ces réalignements ont mis à nu l'aspect artificiel des frontières du Moyen-Orient.

Pour se rapprocher du monde arabo-musulman, Obama a fait entendre ce que ses leaders voulaient bien écouter, entre autres de déplorer le passé colonial de même que la situation des Palestiniens. Son discours historique au Caire s'est continué par un pèlerinage à Auschwitz et non pas un passage par Jérusalem. Indépendamment de ses bonnes intentions, cela s'est traduit par une occasion manquée, car son geste est venu conforter une thèse selon laquelle l'État d'Israël est le produit de l'holocauste, faisant fi de la réalité historique bien antérieure à l'holocauste ou encore de celle des réfugiés juifs des pays arabes.

Obama a ensuite tenté d'imposer à Israël des frontières d'armistice plutôt que des frontières négociées. Lorsque l'on sait comment le territoire de Gaza est devenu un entrepôt de missiles iraniens, et que l'on prend conscience de l'intoxication médiatique de haine dans cette région du monde, il est facile de comprendre pourquoi un retrait des hauteurs de Cisjordanie pourrait comporter des dangers qui seraient impossibles à gérer. Cette politique appuyée par Obama a conforté ceux qui exigent des concessions unilatérales de la part d'Israël en échange de vœux pieux.

Obama a fortement appuyé le mouvement des Frères musulmans en Égypte, s'aliénant ainsi une grande partie des Égyptiens de même que les Saoudiens qui ont difficilement accepté qu'il puisse abandonner l'un de ses alliés les plus sûrs du Moyen-Orient. Bien qu'Obama ait pris parti pour ceux qui demandaient le renversement du gouvernement égyptien de Moubarak en 2011, il est resté coi lorsque les manifestations populaires en Iran ont été sévèrement réprimées par le régime des Mullahs en 2009. Par ailleurs, par le biais de nombreuses déclarations, Obama a exprimé le vœu que le dictateur syrien restructure son gouvernement, a établi une ligne rouge relativement à l'usage d'armes chimiques par l'armée syrienne, mais n'a pas réagi lorsque cette ligne a pâli. Ces inconsistances ont été dûment prises en note par les états amis de l'Amérique au Moyen-Orient.

Obama a misé sur le dialogue avec l'Iran qui, force cachotteries, a fait traîner durant des années les négociations avec les États-Unis, l'ONU et l'Union européenne. La dernière date butoir d'un accord sur le nucléaire iranien a été repoussée du 21 juillet au 24 novembre 2014, mais les clameurs « Mort à l'Amérique » durant les manifestations populaires orchestrées par le régime iranien n'ont pas pour autant cessé. Durant le mois d'octobre, une lettre personnelle a été adressée au guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, qui s'est empressé de souligner le 8 novembre que « le régime barbare, de loups et infanticide d'Israël » doit être anéanti.

On peut mettre au crédit d'Obama la destruction de la grande majorité des armes chimiques syriennes et l'arrêt momentané de l'expansion du développement nucléaire en Iran. Toutefois, tout accord accompagné de menaces et de messages de haine ne fait que présager le report d'une confrontation dans des conditions beaucoup plus difficiles.

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Avril 2018

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