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L'Amérique serait-elle de retour ?

L'Amérique sortirait-elle de l'isolationnisme qui a marqué la présidence d'Obama ? Retraçons les évènements clefs qui ont marqué la politique américaine en regard de l'utilisation d'armes chimiques en Syrie.
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L'Amérique sortirait-elle de l'isolationnisme qui a marqué la présidence d'Obama ? Retraçons les évènements clefs qui ont marqué la politique américaine en regard de l'utilisation d'armes chimiques en Syrie. En 2011, année de l'éclosion du printemps arabe, la rébellion éclate contre la dictature syrienne dans l'ensemble de la Syrie. Le 18 août, le président Obama exige le départ du président syrien Assad et deux jours plus tard, menace d'intervenir si des armes chimiques venaient à être utilisées. Cela a été le cas en mars à Khan-al-Assal dans le nord syrien et en août 2013 dans la banlieue damascène, causant la mort de plus de 1400 personnes. Obama, qui a retiré les troupes américaines d'Irak, pays toujours plongé dans l'insécurité et le chaos, hésite à intervenir. Il cherche alors l'appui du Congrès américain pour ce faire, mais n'y parvient pas. C'est alors que la Russie propose de superviser la destruction des armes chimiques syriennes et la résolution 2118 est votée en ce sens au Conseil de sécurité le 27 septembre 2013. Au mois de juin 2014, il est annoncé que toutes les armes chimiques syriennes ont été détruites, mais l'avenir va prouver le contraire : des armes neurotoxiques sont utilisées par le gouvernement syrien en août 2015 puis en août 2016. Une autre résolution 2235 du Conseil de sécurité de l'ONU votée en août 2015 met sur place un mécanisme d'enquête relativement à l'utilisation d'armes chimiques en Syrie.

Le 4 avril 2017, l'armée syrienne récidive à Khan Cheikhoun près de la ville d'Idlib, causant la mort de plusieurs douzaines de personnes et l'intoxication de centaines d'autres. Mais cette fois-ci, c'est le président Trump qui est aux commandes de l'Amérique. Il n'attend pas une résolution de l'ONU pour agir (la Chine et la Russie posent leur véto contre les motions condamnant la Syrie), tout comme le président Clinton et l'OTAN l'avaient fait en vue de faire cesser le génocide des musulmans de Bosnie. Le 6 avril, cinquante-neuf missiles Tomahawk sont lancés à partir des destroyers USS Porter et USS Ross stationnés en Méditerranée contre la base aérienne syrienne de Shayrat d'où les avions sont sortis pour bombarder la ville d'Idlib.

Pourtant, il y a de cela une semaine, le secrétaire d'État américain Rex Tillerson déclarait que « le futur de la Syrie sera décidé par le peuple syrien », n'exigeant pas une démission préalable du président Assad. Le président Trump semblait ouvert à un accommodement avec la Russie. Pourquoi le président syrien s'est-il lancé dans une telle opération ? Il est possible qu'il ait tenu à tester la réaction du président Trump de la même façon qu'il avait testé celle de son prédécesseur Obama. Mais il est fort possible qu'il soit intervenu de la sorte pour antagoniser la Russie et les États-Unis qu'il soupçonne de vouloir morceler la Syrie en une série de cantons, car il tient au pouvoir absolu sur l'ensemble du pays.

Trump lance un message adressé non seulement à la Syrie, mais aussi à la Corée du Nord qui entreprend des tirs balistiques et à l'Iran qui entreprend des manœuvres à une proximité dangereuse des navires américains dans le Golfe. Israël et les pays sunnites sont soulagés. L'attaque américaine est survenue durant un dîner officiel avec le président chinois Xi Jinping, rappelant à la Chine qui poursuit une politique agressive d'annexions d'îles en mer de Chine que la passivité du président Obama appartient au passé. Le secrétaire d'État américain a par ailleurs déclaré que la Russie était ou bien complice ou tout simplement incompétente, car incapable de superviser la reddition des armes chimiques syriennes. De son côté, Dmitry Peskov, porte-parole du président russe Poutine, dénonce l'agression contre un pays souverain. En représailles, la Russie met fin aux mesures mises en place en Syrie pour éviter des accrochages entre l'aviation russe et celle de la coalition internationale (la Russie a été prévenue à l'avance de l'attaque du 6 avril et des avions syriens auraient été évacués de leur base quelques heures avant). Toutefois, elle garde les canaux de communication ouverts.

Il est fort possible que la situation ne s'envenimera pas entre les deux grandes puissances. La Russie qui subit une grave crise économique, compte beaucoup sur ses exportations d'armes et ne voudra sûrement pas tester l'efficacité de ses systèmes de défense antiaériens S-300 et S-400 considérés comme exceptionnellement performants. Si cela s'avérait ne pas être le cas, ses ventes d'armes chuteraient.

Cela fait six ans que la planète assiste à la banalisation du massacre en Syrie, ce qui peut avoir des conséquences graves dans de nombreux autres conflits. L'intervention américaine vient rappeler que l'on ne veut pas vivre la banalisation du génocide. L'action du président Trump est ponctuelle. Il n'est pas sûr qu'elle se reproduira automatiquement : Trump aura montré que ce n'est pas seulement dans ses discours qu'il est imprédictible.

Au-delà des calculs géopolitiques, des ventes d'armes et des ego des dictateurs, des innocents paient du prix de leur vie.

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