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Anticosti, le vol du siècle? Junex répond

Leconcernant l'exploration pétrolière sur l'Île d'Anticosti a, à juste titre, suscité un vif intérêt sur les médias sociaux du Québec. Le contraire eut été anormal compte tenu du formidable levier de développement économique que pourrait représenter la production de pétrole sur notre territoire. Et ce, sans compter l'impact que pareille exploitation aurait sur notre indépendance énergétique, nous qui, pour la seule année 2011, avons collectivement dépensé environ 17 milliards de dollars pour acheter hors de nos frontières le pétrole et le gaz naturel que nous consommons.
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Le texte de Maxime Duchesne concernant l'exploration pétrolière sur l'Île d'Anticosti a, à juste titre, suscité un vif intérêt sur les médias sociaux du Québec. Le contraire eut été anormal compte tenu du formidable levier de développement économique que pourrait représenter la production de pétrole sur notre territoire. Et ce, sans compter l'impact que pareille exploitation aurait sur notre indépendance énergétique, nous qui, pour la seule année 2011, avons collectivement dépensé environ 17 milliards de dollars pour acheter hors de nos frontières le pétrole et le gaz naturel que nous consommons.

Les milliards de barils qui pourraient potentiellement être récupérables sur l'Île d'Anticosti nous font rêver. Surtout quand on compare l'affligeante situation de nos finances publiques, plombées par une dette de plus de 250 milliards de dollars qu'il faudra bien que nos enfants, un jour l'autre, remboursent, à celle de la Norvège, dont le niveau de vie per capita est probablement le plus élevé au monde et qui, en prime, compte sur un fonds des générations de plus ou moins 550 milliards de dollars canadiens. La Norvège, un petit pays de 5 millions d'habitants, un des états les plus progressistes au monde, le modèle de référence de la social-démocratie. Un modèle dont le socle, justement, repose sur la production de pétrole et de gaz naturel qui génèrent plus de 30% des revenus de l'état.

C'est d'ailleurs avec en tête la reproduction du « modèle norvégien » que M. André Caillé a convaincu, en 2002, le premier ministre de l'époque, M. Bernard Landry, de créer au sein d'Hydro-Québec une division d'exploration pétrolière et gazière. La vision stratégique était alors de faire d'Hydro-Québec une société d'énergie pleinement intégrée et jouissant donc de multiples leviers pour maximiser l'enrichissement collectif des Québécois. Audacieuse et risquée, cette stratégie été déployée essentiellement grâce à la volonté de deux hommes: Bernard Landry et André Caillé.

Après avoir investi quelques dizaines de millions de dollars en exploration sans pour autant rencontrer de succès commercial, Hydro-Québec, alors dirigée par M. Vandal, a choisi d'abandonner cette activité. Il faut bien dire qu'à l'époque, encore peu de gens croyaient au potentiel réel du sous-sol québécois en matière de pétrole et gaz. SOQUIP, en 1984, et la compagnie Shell, au tournant des années 2000, avaient eux aussi abandonnés les permis d'exploration de l'Île d'Anticosti après des investissements non-concluants de quelques dizaines de millions de dollars.

La transaction Hydro-Québec / Pétrolia

Après avoir abandonné l'idée d'injecter des capitaux dans l'exploration, Hydro-Québec a cédé ses permis d'exploration d'Anticosti à la compagnie Pétrolia dans le cadre d'une entente dont les détails n'ont pas été dévoilés. Quoi que posant des questions tout à fait légitimes qui, avec raison, interpellent les citoyens du Québec, le texte de M. Duchesne comporte malheureusement quelques erreurs factuelles à propos de cette transaction. Il affirme notamment que Junex a elle aussi conclu une entente avec Hydro-Québec pour obtenir ses permis d'Anticosti. Cette affirmation est fausse :

Junex n'a jamais conclu quelque entente que ce soit avec Hydro-Québec concernant les droits d'exploration d'Anticosti. Les permis détenus par Junex dans le sud de l'île étaient disponibles à qui voulait bien les prendre auprès du Ministère des ressources naturelles et de la faune. L'entente à laquelle l'auteur fait référence concerne uniquement Pétrolia.

D'autre part, l'auteur affirme que la majorité de nos actionnaires sont étrangers. Encore là, rien n'est plus faux. Le financement de la compagnie et la gestion du capital-actions ont été mes principales responsabilités depuis dix ans. Je suis donc bien placé pour savoir que la protection du contrôle québécois de cette entreprise a toujours été une de nos principales préoccupations. C'est la raison pour laquelle, même après dix ans en Bourse, la très grande majorité des actionnaires de Junex sont québécois, soit près de 90%, incluant notamment Investissement Québec et la CDPQ.

La valeur actuelle des permis de Junex : environ 25 M$ après 60 M$ d'investissement

Maintenant, quelle est donc la valeur actuelle des permis d'Anticosti ? L'activiste Daniel Breton parle d'un vol de 3 000 milliards, rien de moins. Le texte de M. Duchesne, plus rigoureux au plan arithmétique, parle de 600 milliards puisqu'il tient compte du taux de récupération potentiel du pétrole originalement en place dans la roche, ce qu'il fallait bien sûr faire. Pour fin de précision, je mentionne qu'environ le tiers des barils de pétrole potentiellement en place dans le Shale de MaCasty sont situés sur les permis de Junex, soit 12,2 milliards de barils de « pétrole originalement en place » et qualifiés par un expert indépendant comme des « ressources non-découvertes ».

Voyons maintenant ce que les marchés financiers en pensent. Notre capitalisation boursière, soit la valeur totale de notre entreprise en Bourse, est de 55M$. En soustrayant les 23 M$ que nous détenons en liquidités et les 7 M$ en actifs tangibles facilement liquidables, c'est donc une valeur nette de 25M$ que le marché donne à TOUS nos permis d'exploration au Québec, incluant le gaz des Shales d'Utica, le potentiel pétrolier de la Gaspésie et celui de l'île d'Anticosti. Or, il est certainement pertinent de noter que nous avons, avec nos partenaires, investi plus de 60M$ en travaux d'exploration sur nos propriétés. Bref, ce 60M$ investi en exploration en vaut aujourd'hui 25 M$ si l'on se fie à la valeur boursière de la compagnie.

Le rendement sur notre capital investi est pour le moment médiocre, mais c'est en grande partie ce 60M$ de capitaux d'exploration à risque extrême qui a permis de démontrer que, contrairement au consensus établi par les experts, le Québec possède bel et bien un réel potentiel pour le pétrole et gaz.

Il n'en demeure pas moins qu'on est bien loin des 3 000 milliards ou des 600 milliards de dollars. Est-ce à dire que la valeur du potentiel pétrolier de l'île est imaginaire? Certainement pas. Nous sommes plus que jamais confiants de parvenir un jour à produire du pétrole à Anticosti. Il faut par contre constater que plusieurs étapes d'exploration encore à risque restent à franchir avant d'y arriver.

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