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Ce que j'ai appris le jour où ma fille s'est fait couper les cheveux

Alors que ma fille de 3 ans passait le week-end chez ses grands-parents, ma mère m'appelle pour m'annoncer qu'il y a eu «un incident» : son cousin de 7 ans, à qui elle a demandé de jouer au coiffeur, lui a coupé les cheveux.
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Alors que ma fille de 3 ans passait le week-end chez ses grands-parents, ma mère m'appelle pour m'annoncer qu'il y a eu «un incident» : son cousin de 7 ans, à qui elle a demandé de jouer au coiffeur, lui a coupé les cheveux.

Ma première pensée fut pour les ciseaux! En quelques secondes, j'envisageais avec effroi l'accident qui aurait pu survenir. J'imaginais de grands ciseaux de chirurgien froids et tranchants, mais ma mère m'a immédiatement rassurée en me décrivant les ciseaux d'écolier de mon neveu.

Se rendant compte qu'ils avaient pris un peu trop de liberté, les deux marmots décidèrent de cacher les touffes de cheveux litigieuses et de faire porter le chapeau à un gorille qui passait par là! J'ai éclaté de rire en entendant ce récit! Après plusieurs heures passées devant mon ordi à travailler, eh bien je peux vous dire que ça m'a fait un bien fou.

Ma mère me passe alors ma fille, à qui je demande, amusée, ce qui s'est passé. Et la puce me répond simplement qu'elle ne voulait plus de cette coiffure. Ma fille, quoi. Je ris de bon cœur et me dis que la vie de parent nous oblige au quotidien à :

Décider de ce qui est grave

C'est sans contexte l'une des choses les plus importantes que nous avons apprises en devenant parents. Faire la part des choses. Face à chaque situation, faire usage de sa tête, d'abord, avant de se laisser emporter par l'émotion. Cela n'est pas toujours facile, mais c'est à mon sens souhaitable. S'énerver n'aurait rien changé à la situation. Cela n'aurait pas fait revenir les cheveux. L'énervement est une décharge d'émotion, rien de plus. Tout individu sans problèmes de santé particuliers peut décider (s'il le souhaite) de laisser libre cours à cette décharge d'énergie négative... Ou pas. Cela me semble d'autant plus important d'apprendre à se maîtriser lorsque l'on a à faire à des enfants en bas âge.

Ne pas s'énerver

Cet énervement aurait été dirigé contre qui, au juste? Une petite fille pour qui couper des cheveux ne signifie pas grand-chose, ou un petit garçon de 7 ans qui pensait rendre service et qui n'a manifestement pas mesuré la gravité de son geste? Je veux bien comprendre qu'il y ait des enfants qui enchaînent des bêtises qui frôlent la malveillance (il peut être utile dans ce cas de consulter un psychothérapeute, car cela cache sans doute un mal-être), mais ce n'est pas le cas de mon neveu, qui est un enfant adorable qui a énormément d'affection pour sa cousine. Il n'a jamais posé de geste violent envers elle, bien au contraire, il est protecteur et toujours plein d'empathie. Alors non, je ne souhaite pas décharger ma colère sur ce petit garçon. Je ne veux pas être cette personne.

Discuter au lieu de punir

En revanche, nous pouvons discuter (plutôt que punir), le laisser s'exprimer afin qu'il explique ce qui lui est passé par la tête (cela permet à l'adulte de déceler chez l'enfant un éventuel problème dans la perception des choses). Ensuite, nous pouvons alors lui expliquer pourquoi il ne doit plus faire cela. À l'issue de cette discussion calme et sans jugement (on évite les «tu es méchant», «inconscient», etc.), il a compris qu'il était dangereux de jouer avec des ciseaux et que les enfants ne sont pas en mesure de décider eux-mêmes de se faire couper les cheveux. Qu'ils doivent d'abord en référer à leurs parents. J'ai aimé ce regard serein que l'on a tous lorsqu'une leçon est acquise. Je veux être la personne qui provoque ça.

Se libérer des conditionnements

En récupérant ma fille le lendemain, j'ai pu constater l'ampleur des dégâts : devant très court avec des touffes subsistantes à certains endroits et tout l'arrière long. Un peu comme si la tondeuse était subitement tombée en panne! J'ai de nouveau ri. Cette coupe n'avait pas l'air de la déranger. Pourtant, c'était franchement laid! Mais qu'est-ce que la laideur lorsqu'on a 3 ans?

En arrivant chez nous, j'ai vraiment hâte de la débarrasser de cette vilaine coupe punk. J'entreprends alors d'égaliser, mais je vois bien que j'ai du mal.

Pourquoi? Pour les même raisons qui poussent ma mère à presque me supplier de lui conserver cette coupe pour le moins asymétrique : le stéréotype de la fille.

On a tous envie d'avoir un enfant «mignon», et une petite fille est mignonne lorsqu'elle a les cheveux longs. Sinon, elle ressemble un peu à un garçon et, ça, ce n'est pas super. J'ai vu de la même manière des parents couper les cheveux longs de leur garçon «parce qu'on le prenait trop souvent pour une fille».

Depuis presque 3 ans, j'affirmais que : «non, je ne lui ferai pas percer les oreilles juste pour qu'elle ne ressemble pas à un garçon», et là je me retrouvais rattrapée par des conceptions du genre que je trouve absurdes et rétrogrades.

Que les choses soient claires, je ne mène pas un combat contre le rose et je choisis très souvent les vêtements de ma fille au rayon «garçons» (parce que c'est là où se trouvent toujours le bleu marine, le rouge et le noir que j'aime beaucoup), mais j'essaie de lutter au maximum contre les stéréotypes. Si ma fille veut un truc rose, je cède à sa demande, mais les «trucs de garçons» et «trucs de filles» sont des expressions qui ne font pas partie de notre vocabulaire.

Tout cela m'a traversé l'esprit au moment où j'hésitais à véritablement «égaliser» sa coupe et je me suis dit que je devais l'écrire.

Ma fille, assise sur sa petite chaise, complètement indifférente au sort que je réservais à sa chevelure, m'a envoyé une belle piqûre de rappel : la construction de la personnalité et l'estime de soi passent aussi par une résistance aux stéréotypes.

Quand j'en ai eu terminé avec sa coupe, ma petite puce virevolta devant le miroir en me demandant, comme à son habitude : «est-ce que je suis belle maman»?

«Oui ma chérie, tu es magnifique!» Et elle l'était réellement.

Respecter la singularité de son enfant et le protéger

Une fois que l'on a remis ses propres pendules à l'heure, il faut penser aux personnes que son enfant va côtoyer. Il ne faut pas hésiter à prendre les devants. S'adresser à la personne qui a autorité sur l'enfant, son référent... Et les mettre au courant du «changement».

Cela peut-être un SMS adressé à sa nounou, un mot dans le carnet de liaison à l'attention d'un enseignant ou d'un proche qui gardera votre enfant. Il est question ici de changement capillaire, mais ça peut valoir pour tout changement intervenu dans la vie de votre enfant (décès ou accident d'un proche, maladie, séparation des parents ou mal-être de l'enfant que vous avez constaté).

Pourquoi prendre les devants? Parce que cette personne en qui l'enfant a confiance pourra faire en sorte que son estime de soi ne soit pas mise à mal par des remarques maladroites ou des moqueries sur son physique ou sur son état. Elle pourra ainsi le protéger et mieux comprendre certaines réactions soudaines/inhabituelles que l'enfant peut avoir.

Billet original publié sur bestofd.com

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