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Éducation financière: pour sortir de l'impasse actuelle

TEXTE COLLECTIF - Comment réussir à répondre adéquatement aux attentes sociales et légitimes en matière d'éducation aux finances personnelles, mais tout en préservant l'intégralité des 100 heures nécessaires aux apprentissages en Monde contemporain ?
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Ce billet de blogue est un texte collectif dont la liste des signataires se trouve en pied de page.

Ajouter des notions d'éducation financière dans les cours du secondaire fait consensus. Ainsi, la décision du ministre de l'Éducation de procéder à l'implantation obligatoire d'un cours dédié à cette fin fut initialement saluée du grand public. À juste titre, d'autres voix se sont fait entendre quant au lourd prix à payer pour ce choix, celui de l'amputation du cours Monde contemporain à moitié. D'où l'impasse actuelle.

Permettez que l'on se joigne à cette discussion dans une optique de solution. Mais, d'abord, un peu de perspective. Tout comme le ministre Proulx, nous croyons qu'il est dans l'ordre des choses que des notions d'éducation économique et financière soient enseignées aux élèves du Québec. À cette fin, il serait judicieux de faire l'inventaire des notions déjà au programme de formation. À titre d'exemple, les contenus en mathématiques de 5e secondaire viennent tout juste d'être revampés y incluant désormais des notions financières. Logiquement, il faudrait donc s'assurer qu'il n'y ait pas redondances entre ces deux cours. Cela mérite considération.

Il en est de même pour ce qui est du cours portant sur les grands enjeux économiques et géopolitiques actuels, Monde contemporain. À ce propos, un document administratif issu du ministère fait mention « [...] qu'en réduisant le nombre d'heures (50 h au lieu de 100 h), les enseignants pourraient aborder, à leur choix, 2 thèmes parmi les 5 au programme » et que « les changements au programme d'études de Monde contemporain seraient minimes. » Cela est non seulement faux, mais absurde. Sur quelles bases les enseignants devraient-ils choisir les thèmes à retenir ? Ne pas enseigner certains thèmes équivaut à réduire le temps consacré à des notions d'éducation économique (ex. : thème Richesse). Comment arriver à faire saisir aux élèves la complexité des grands enjeux du monde actuel sans exiger travail et rigueur de leur part ? L'étude et l'acquisition d'éléments de culture générale de même que le développement intellectuel exigent du temps. Ceci n'est pas minime !

Le nivellement des exigences scolaires au Québec doit cesser ; que les diplômes décernés aient encore une réelle valeur !

À la différence du cours Monde contemporain, les situations choisies dans le programme d'éducation financière « s'inscrivent dans des contextes qui sont déjà familiers [aux élèves] ou dans lesquels ils sont susceptibles de se trouver dans un avenir proche. » (Programme officiel, p. 1). Le ministre Proulx ajoute « qu'une des premières possibilités pour un jeune de s'endetter, c'est son premier contrat de téléphone cellulaire » et que « les jeunes veulent savoir ce que c'est un bail, ils veulent savoir ce que c'est du crédit, ils ont accès bientôt à une carte de crédit. » (Le Soleil, 17 janvier). Voilà pourquoi les programmes Monde contemporain et Éducation financière sont foncièrement complémentaires. Amputer l'un pour laisser place à l'autre est contre-productif. Pire : très dommageable. Le nivellement des exigences scolaires au Québec doit cesser ; que les diplômes décernés aient encore une réelle valeur !

Ayant l'intérêt primordial des élèves en tête, comment réussir à répondre adéquatement aux attentes sociales et légitimes en matière d'éducation aux finances personnelles, mais tout en préservant l'intégralité des 100 heures nécessaires aux apprentissages en Monde contemporain ? Voici quelques années, le ministre de l'Éducation a retranché un cours obligatoire du cursus scolaire pour le rendre optionnel, libérant ainsi 50 heures (cours Projet intégrateur). Au fil des ans, les écoles québécoises ont égrené ces heures, les distribuant à gauche et à droite, sans logique d'ensemble et, le plus souvent, pour implanter des « cours maison ». Le ministre pourrait exiger des écoles du Québec qu'elles remettent la main sur ces 50 heures obligatoires afin de les réattribuer au cours d'éducation financière.

Nous proposons humblement au ministre de considérer sérieusement cette piste simple qui pourrait être mise en place dès la prochaine rentrée scolaire ou lors de la suivante (2018). Cela lui permettrait d'atteindre rapidement ses objectifs sans créer de dommages collatéraux dans la formation de nos jeunes citoyens. Bref, de faire d'une pierre deux coups.

La mouvance du contexte mondial actuel appelle d'ailleurs plus que jamais à la nécessité de très bien instruire nos élèves sur les enjeux internationaux autant que ceux liés aux finances personnelles, plus près de leurs préoccupations immédiates. À leur âge, ceux-ci sont avides d'en apprendre sur le monde qui est le leur en plus de s'interroger sur leur propre avenir. Plutôt que d'en soustraire une, ajoutons une pierre à l'édification de la culture générale attendue pour les citoyens en formation qu'ils sont. Que l'on agisse en conséquence de la qualité attendue ; avec doigté et intelligence !

Ce billet de blogue est cosigné par Claudia Bouchard, Simon Buteau-Larocque, Rémi Lavoie, Daniel Rouillard (enseignants), Simon Boisier-Michaud (chargé de cours à l'UQAM), Marc-André Ethier (professeur titulaire et directeur du département de didactique à l'Université de Montréal) et par 44 autres signataires des quatre coins du Québec.

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Mai 2017

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