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Pleurons de peine, mais de grâce, ayons au moins la décence de nous garder quelques larmes de honte s'il vous plait.
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On réussit à sortir les événements de leur contexte juste assez pour s'émouvoir et juste pas assez pour s'aimer en tant que société.
Carlos Garcia Rawlins / Reuters
On réussit à sortir les événements de leur contexte juste assez pour s'émouvoir et juste pas assez pour s'aimer en tant que société.

Une autre tuerie a eu lieu au pays de l'oncle Sam. Une autre, encore. La planète est en émoi et beaucoup de gens aussi juste en « moi », car comme parent, on s'imagine que ça arrive à nos enfants et ce film qui joue dans notre tête est absolument insoutenable. On pleure. On voit la souffrance dans le regard de ceux qui nous ressemblent et elle devient nôtre. On crie à l'unisson : mais pourquoi? Pourquoi mon Dieu?

Dieu est assis sur son nuage et ne dit rien. On le trouve insensible et surtout, il ne fait rien pour empêcher ça.

« Ah ouin? Et vous, que faites-vous? », se dit-il tout bas...

Évidemment, beaucoup de gens ne voient en ces événements que des moments de folie qui ont tiré un numéro au hasard, qu'on ne peut rien faire et surtout pas sacrifier notre mode de vie ni nos libertés pour des... statistiques, finalement. On réussit à sortir les événements de leur contexte juste assez pour s'émouvoir et juste pas assez pour s'aimer en tant que société.

Le contexte, c'est quoi?

Gilles Villeneuve s'est tué à Zolder en 1982. Était-ce triste? Oui. Était-ce injuste? Non. N'importe qui qui roule à 300km/heure est conscient qu'il marche sur un mince fil qui sépare la vie de la mort. Il s'agit d'un moment pour que tout bascule. Mis en contexte, l'accident de Villeneuve était presque prévisible, tant ce dernier avait de fougue et d'insatiable goût pour le risque et surtout, pour la victoire.

Il en est de même pour toutes les tueries.

Sommes-nous étonnés de voir agir de la sorte un jeune individu problématique qui a des pensées radicales, qui vit dans un pays où l'on tolère les idéologies et les propos haineux autant sur la rue que sur les réseaux sociaux, où l'on vénère le droit de posséder des armes à feu et où celles-ci sont accessibles presque aussi facilement que l'eau du robinet?

Si vous répondez oui, j'imagine que vous croyez aussi que le magicien d'Oz a existé pour vrai.

L'événement, mis dans son contexte, est même logique. Tous les éléments sont là pour remplir une poudrière qui n'attend qu'une étincelle pour que ça saute.

Tous les éléments sont là pour remplir une poudrière qui n'attend qu'une étincelle pour que ça saute.

Je vous entends dire qu'on ne se mettra pas à tout changer pour 2-3 fous. Pourquoi les couvercles de sûreté sur les pots de médicaments? Pourquoi les interminables contrôles aux aéroports? Pourquoi les limites de vitesse? Pourquoi les « bouncers » à l'entrée (ou la sortie) des bars? Pour les 2-3 fous justement!

Sacrement! On ne peut même pas acheter du Gravol librement, mais on peut se prendre pour Rambo sans problème? Trouvez-vous ça logique? Ce qui est logique, c'est de voir que toutes nos soi-disant libertés sont à peu près toutes rattachées à des intérêts économiques plus grands que nous. Quand il n'y en a pas ou peu ou si, encore pire, cela menace les intérêts économiques de ces mêmes grands, on légifère et on n'a aucun problème à nous priver de nos droits fondamentaux... pour le bien collectif, évidemment.

Pleurons de peine, mais de grâce, ayons au moins la décence de nous garder quelques larmes de honte s'il vous plait.

Avril 2018

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