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Hausse du salaire minimum: un débat sain et nécessaire

Les inquiétudes des PME face à une augmentation du salaire minimum sont légitimes. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle la FTQ propose d'échelonner la hausse sur un horizon maximal de 5 ou 6 ans
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L'augmentation du salaire minimum à 15 $ l'heure serait, selon Stéphane Forget, PDG intérimaire de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), un « raccourci simpliste ». C'est en ces termes qu'il s'exprimait sur son blogue au Huffington Post Québec le 31 août.

Cette position, qui est aussi celle des autres associations patronales, ne tient pas la route. En résumé, elles prétendent que le salaire n'est pour rien dans l'amélioration du niveau de vie des bas salariés. En plus, alors qu'elles sont habituellement de féroces adversaires de l'augmentation des dépenses publiques, elles prétendent que la meilleure façon d'aider les travailleurs et les travailleuses les plus pauvres serait d'améliorer les programmes sociaux et la fiscalité. Cherchez l'erreur!

Disons que j'ai trouvé cette analyse un peu courte. Pour ma part, je ne vois pas de « raccourci simpliste » dans les inquiétudes des PME face à une augmentation du salaire minimum. Je considère, au contraire, qu'elles sont légitimes. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle la FTQ propose d'échelonner la hausse sur un horizon maximal de 5 ou 6 ans, soit une hausse d'environ 0,70 $ par année.

Sachant que le gouvernement a lui-même jugé nécessaire d'imposer un rattrapage de 0,50 $ par année pendant trois ans de suite, alors même que l'économie mondiale entrait en récession dans les années 2008 à 2010, notre proposition est raisonnable.

Rappelons que le salaire minimum de 2016 équivaut à celui de la fin des années 1970, en dollars constants.

D'ailleurs, j'aimerais entendre les associations patronales sur l'impact économique positif des augmentations du salaire minimum. Les bas salariés comblent des besoins primaires avec chacune de ces augmentations. Il s'agit de montants injectés dans l'économie locale et régionale qui ne disparaitront pas dans des REER ou des paradis fiscaux étrangers.

Parlant des termes du débat, je dois dire que j'ai été rassuré par l'intervention du premier ministre Philippe Couillard qui a récemment exprimé sa préférence pour un débat public plutôt que pour une fin de non-recevoir. En effet, n'en déplaise aux associations patronales, ce débat est sain et nécessaire.

La FTQ souhaite contribuer à ce que ce débat porte à la fois sur l'augmentation à échelonner sur les prochaines années et sur la formule utilisée par le gouvernement du Québec pour calculer ces augmentations. À cet égard, il serait sain que le gouvernement lui-même fasse connaitre au public de quelle manière est utilisée cette formule. Quelle est la part de « science » dans son utilisation? Quelle est la part d'approximation politique que chaque gouvernement est libre d'utiliser?

À nos yeux, même si le concept initial derrière cette formule est sensé (rattacher l'augmentation du salaire minimum à celle du salaire industriel médian), nous n'avons d'autre choix que de juger l'arbre à ses fruits. Or, le résultat concret de cette formule est la stagnation ou le lent déclin du salaire minimum.

Rappelons que le salaire minimum de 2016 équivaut à celui de la fin des années 1970 (en dollars constants). N'eût été le rattrapage mentionné plus haut, son niveau serait aujourd'hui inférieur à ce qui se pratiquait il y a 40 ans! Une application mécanique de la formule creuse, donc l'écart entre les salariés en capacité de négocier leurs conditions de travail (en grande partie des syndiqués) et ceux, sans rapport de force véritable, se trouvant au bas de l'échelle.

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Mai 2017

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