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Une aide porteuse d'espoir

Une tente divisée en deux. Voilà ce qui tient lieu de domicile pour Um Yasmine et ses cinq enfants.
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Une tente divisée en deux. Voilà ce qui tient lieu de domicile à Um Yasmine et ses cinq enfants. Il y a trois ans, tandis que les corps des victimes de la guerre s'empilaient autour de sa ville bien-aimée de Homs, cette veuve syrienne a pris la fuite et trouvé refuge sur un vaste champ de poussière au Liban. Aujourd'hui, un drap pend au milieu de la tente qu'elle partage avec une autre famille de réfugiés. Um Yasmine est si lasse de cette vie de fortune. Tout ce qu'elle désire, c'est rentrer chez elle.

J'ai rencontré Um Yasmine ainsi qu'une douzaine d'autres réfugiés syriens pendant mon passage dans les zones de conflit de la région et dans les pays voisins. Ces gens me font part des pertes douloureuses qu'ils ont connues : des enfants qui meurent de maladies traitables, des conjoints touchés par des tirs croisés, des parents âgés incapables de quitter leur pays natal. Le chagrin et la nostalgie sont omniprésents. Un autre constat terrible s'impose dans ces lieux : tandis que l'aide humanitaire peut aider certaines personnes à survivre au conflit syrien, elle ne constitue pas une solution. La source du problème se trouve toujours en Syrie, où la guerre continue de semer la désolation et d'accabler des millions d'êtres humains.

Naturellement, les groupes humanitaires, les gouvernements et les citoyens peuvent apporter une aide tangible aux millions d'habitants qui luttent toujours pour leur survie dans les quartiers assiégés de la Syrie. L'aide humanitaire peut aussi se porter au secours des réfugiés syriens contraints de fuir vers d'autres villes et camps surpeuplés de la région. D'autres migrants reçoivent de l'aide pendant leur dangereux périple sur les eaux turbulentes et le long de routes encombrées à travers l'Europe. Enfin, certains bénéficient de soutien tandis qu'ils se réinstallent dans des pays comme le Canada. Voilà l'effet domino de la guerre.

L'aide humanitaire n'est toutefois pas la seule intervention requise. En effet, les gens souhaitent la paix en Syrie. Cela ne fait aucun doute. Je l'ai entendu dire à maintes reprises pendant mon séjour au Liban, l'un des lieux qui peinent à accueillir un afflux de familles désespérées comme celle d'Um Yasmine.

À ce jour, plus d'un million de réfugiés sont arrivés au Liban. Quand on pense que la population totale de ce pays n'est que de quatre millions d'habitants, on comprend rapidement que les ressources sont mises à rude épreuve.

Les organismes humanitaires font de leur mieux pour aider les réfugiés, mais les fonds dont ils disposent ne suffisent tout simplement pas à la demande. Au Liban, le riz, le sucre et l'huile doivent être rationnés. Certaines familles, comme celle d'Um Yasmine, doivent payer un loyer pour ériger sur des terres privées des tentes faites de bâches, de blocs de béton et de vieux panneaux de plastique. Les familles peuvent obtenir un appui financier auprès de certains groupes d'aide et, à l'occasion, trouver du travail agricole dans la région. Entre temps, les enfants qui vivent dans des camps de fortune se promènent dans des sandales de caoutchouc poussiéreuses, parmi les poules et les chèvres qui picorent et fouillent pour trouver de la nourriture. Il n'y a pas d'école dans les environs. Le fait que de nombreux réfugiés n'aient pas les moyens d'obtenir des soins médicaux est tout aussi préoccupant.

La situation au Liban est sombre, mais on y entrevoit des lueurs d'espoir. Ainsi, j'ai vu une école pour environ 400 enfants syriens, de 6 à 16 ans, où enseignent d'autres réfugiés, comme Sahar, ancien banquier de Homs. Bon nombre des élèves sont des orphelins. Entassés sur des bancs dans une salle de classe ensoleillée, les enfants apprenaient le principe mis à l'honneur ce mois-ci : «s'aimer les uns les autres». Le principe du mois précédent était celui de «donner».

J'ai observé de mes propres yeux que l'aide pouvait faire renaître l'espoir. Les enseignants m'ont quand même souligné qu'il faudrait offrir un soutien psychologique à ces enfants.

Au Liban, j'ai rendu visite aux médecins d'une clinique mobile de la Croix-Rouge qui se déplaçait dans les environs de Tripoli et d'Akkar pour offrir des traitements aux familles de réfugiés. Je me suis aussi rendu dans un grand centre hospitalier où les réfugiés peuvent recevoir des soins à coût modique financés par l'aide humanitaire. J'ai vu un centre communautaire rempli de femmes qui participaient à une séance d'information sur le cancer du sein et un impressionnant service d'ambulance et d'urgence médicale qui intervient pendant les tempêtes de neige et autres catastrophes.

Je ne peux que saluer les efforts humanitaires déployés au Liban. Mais sous un ciel gris où se découpent des montagnes toujours couvertes de neige, Um Yasmine m'a confié qu'elle n'avait jamais imaginé devoir passer trois ans à cet endroit. La vie à Homs lui manque. Homs a déjà été un centre industriel, agricole et universitaire prospère. Une ville d'excellents restaurants, de musées et de joueurs étoiles de soccer. La ville de Nejhem tombe aujourd'hui en ruine. Des milliers de personnes y ont trouvé la mort. La ville qu'elle a connue n'existe plus. Pourtant, elle désire toujours y retourner.

L'aide humanitaire ne peut régler la source de toute cette souffrance. Elle ne peut qu'offrir une assistance temporaire à des millions de personnes comme Um Yasmine et sa famille, jusqu'à ce que le monde décide que ça suffit et que l'on trouve une solution politique au conflit syrien. Dans l'intervalle, il faut continuer d'offrir aux réfugiés de l'aide qui, pour l'instant, apporte un peu d'espoir.

Cet article s'inscrit dans une série de billets que Conrad Sauvé publiera au cours de son voyage en Syrie, au Liban et en Turquie. Voici le lien vers son premier billet.

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