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Vendredi dernier, la ministre Agnès Maltais a dévoilé, une «importante stratégie gouvernementale de mobilisation». Recentrer les efforts vers les groupes moins représentés sur le plan de l'emploi et accroître les compétences de la main-d'œuvre québécoise font consensus. Cependant, l'idée de repenser la solidarité afin de briser le «cycle de la pauvreté» pose problème. Ce discours finit en effet par faire reposer la responsabilité de la pauvreté sur les parents.
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PC

Lettre à Madame Agnès Maltais, ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, du Travail et responsable de la Condition féminine

Vendredi dernier, vous avez dévoilé Tous pour l'emploi, une «importante stratégie gouvernementale de mobilisation ». Recentrer les efforts vers les groupes moins représentés sur le plan de l'emploi et accroître les compétences de la main-d'œuvre québécoise font consensus. Cependant, l'idée de repenser la solidarité afin de briser le «cycle de la pauvreté» pose problème.

Le «cycle de la pauvreté» réfère à une trappe qui se refermerait comme par magie sur les familles pauvres pendant plusieurs générations. Même les statistiques semblent prouver ce curieux phénomène : trois jeunes de moins de 21 ans sur quatre à l'aide sociale proviennent d'une famille également prestataire. Face à cela, la solidarité «nouvelle» doit se traduire, selon vous, par une intervention précoce et soutenue auprès des jeunes demandeurs de l'aide sociale.

Ce discours, repris ad nauseam, sans distance critique, finit par faire reposer la responsabilité de la pauvreté sur les parents. Il est culpabilisant et n'offre rien pour améliorer les conditions de vie de ces derniers. De plus, il fait fi des principaux facteurs qui influencent la pauvreté, soit la croissance économique, la création d'emplois, les transferts gouvernementaux et les inégalités. En fin de compte, l'ensemble de cette stratégie risque d'avoir très peu d'impact sur ces facteurs.

En réalité, il est possible de se demander en quoi cette stratégie constitue vraiment une mesure de lutte à la pauvreté, car, sur ce plan, elle risque d'être plutôt inefficace. Au cours des dernières années, ce sont les mesures de soutien au revenu, comme celles accordées aux familles monoparentales, qui ont eu le plus d'impact sur la réduction de la pauvreté. Votre gouvernement, votre ministère et vous-même le savez. Or, près de 750 000 personnes ne couvrent pas leurs besoins au Québec et, avec cette annonce, celles-ci entendent encore: «Merci de bien vouloir patienter». Ce n'est pas seulement la patience des plus pauvres que vous usez, mais aussi leur santé et, au final, leur vie. La déception est vive.

Robin Couture

Porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté*

* Actif depuis 1998, le Collectif pour un Québec sans pauvreté rassemble une pluralité d'acteurs sociaux pour avancer vers un Québec sans pauvreté, égalitaire et riche de tout son monde. Il travaille à faire de l'élimination de la pauvreté une priorité sociale et gouvernementale, au-delà de toute partisanerie.

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