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Budget 2012-2013: en avoir le coeur net

Monsieur le ministre Bachand, La semaine prochaine, vous déposerez votre budget du Québec 2012-2013. Pour nous, et pour tout le Québec, ce sera l'occasion d'être fixés sur la portée du travail de la ministre responsable de la lutte à la pauvreté, Julie Boulet. Dans votre document de consultations prébudgétaires 2012-2013, vous dites que le gouvernement doit poursuivre son action en ce qui a trait «à la réduction de la pauvreté, particulièrement chez les personnes vivant seules».
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Monsieur le ministre Bachand,

La semaine prochaine, vous déposerez votre budget du Québec 2012-2013. Pour nous, et pour tout le Québec, ce sera l'occasion d'être fixés sur la portée du travail de la ministre responsable de la lutte à la pauvreté, Julie Boulet.

Une question d'engagement

Dans votre document de consultations prébudgétaires 2012-2013, vous dites que le gouvernement doit poursuivre son action en ce qui a trait « à la réduction de la pauvreté, particulièrement chez les personnes vivant seules ». Nous sommes bien d'accord. Les personnes seules et les couples sans enfants sont les seuls ménages qui ont vu leur revenu disponible diminuer depuis 2004. Le gouvernement reconnaît même la précarité de leur situation depuis des années : les précédents ministres de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Michelle Courchesne et Sam Hamad, l'ont admis, tout comme l'actuelle ministre, Julie Boulet.

D'ailleurs, en vertu de la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale, cette dernière a déposé en avril 2011 un rapport concernant des cibles de revenu à atteindre, notamment un soutien financier minimal garantissant, dans un premier temps, 80 % de la mesure du panier de consommation (MPC), un indicateur de couverture des besoins de base. Elle reconnaît donc par écrit, et aussi devant ses collègues de l'Assemblée nationale, la pertinence d'un indicateur, elle identifie un premier seuil (80 %) à atteindre au plus tôt et un deuxième à rejoindre (100 %). C'est un engagement formel à améliorer les conditions de vie des plus pauvres.

Entre ministres

La ministre a pris cet engagement au lendemain de votre dernier budget. Ça fait donc près d'un an. Est-ce que la ministre vous en a parlé? Nous aimons à penser que oui, car c'est son travail. En effet, le travail de la ministre responsable de la lutte à la pauvreté consiste à orienter et à coordonner les actions du gouvernement - et celles de l'ensemble de la société québécoise - afin que le Québec rejoigne le peloton de tête des nations industrialisées où il y a le moins de pauvreté. Il consiste également, vous serez d'accord avec nous, à vous faire prendre conscience -- ainsi qu'à vos collègues ministres -- des priorités et des urgences en matière de lutte à la pauvreté. Bref, son travail consiste principalement à identifier les problèmes et à vous proposer des moyens pour les régler.

Mais vous a-t-elle dit que les personnes seules à l'aide sociale (peu importe qu'elles soient jugées « aptes » ou « inaptes » au travail) et les couples sans enfants n'atteignent pas le seuil minimal qu'elle a fixé? Vous a-t-elle indiqué que le revenu des plus pauvres au Québec correspond à seulement 50 % de la couverture des besoins de base, du minimum vital reconnu par tous, même par votre gouvernement? Vous a-t-elle dit que cette situation, comme l'a bien montré la Santé publique québécoise, représente une menace grave à leur santé? Vous a-t-elle parlé du fait que, sans enfants, les Québécois et Québécoises sont traités comme des citoyens et citoyennes de second ordre, privés de leurs droits? Que les coûts sociaux de la pauvreté sont immenses et que la tolérer est tout simplement illogique? Et, surtout, vous a-t-elle proposé des moyens pour mettre fin à ces injustices?

Savoir à quoi s'en tenir

Le 20 mars, nous en aurons le cœur net. En fait, tout le Québec saura à quoi s'en tenir, car il sera à même de constater si la ministre responsable de la lutte à la pauvreté a fait son travail. Un travail qui, s'il est bien fait, favoriserait une véritable solidarité sociale en plus de vous éviter bien des faux pas, ce dont vous avez plutôt besoin si l'on se fie aux réactions qu'ont générées vos derniers budgets chez une large partie de la population.

Robin Couture et Serge Petitclerc

Porte-parole, Collectif pour un Québec sans pauvreté*

* Actif depuis 1998, le Collectif pour un Québec sans pauvreté rassemble une pluralité d'acteurs sociaux pour avancer vers un Québec sans pauvreté, égalitaire et riche de tout son monde. Il travaille à faire de l'élimination de la pauvreté une priorité sociale et gouvernementale, au-delà de toute partisanerie.

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