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Les chiffres, les témoignages, les évaluations de terrain, les uns après les autres, convergent vers le même constat. Les réformes ne fonctionnent pas, du moins, pas comme elles le devraient.
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J'ai l'impression d'avoir écrit cent fois la même chose. Je repasse mon propre fil Facebook des derniers mois, et je retrouve périodiquement les mêmes mots utilisés pour exprimer ma frustration, une certaine récurrence thématique.

Il y a environ trois semaines, Dr Barrette s'est adressé à une foule de professionnels de la santé et d'experts internationaux, réunis à Montréal pour la rencontre régionale du World Health Summit, organisée par l'Alliance M8 dont fait partie l'Université de Montréal. Son discours, écrit au rythme de ses paroles un peu à l'improviste, était centré sur l'efficacité et le rendement économiques des systèmes de santé. Il s'autofélicitait pour son leadership exemplaire, démontrant une très grande satisfaction de lui-même.

Dans les dernières minutes de son intervention, il a choisi de parler directement à la relève présente dans la salle. La fin de mes études médicales approchant, j'ai décidé de prendre ses mots de façon personnelle. Il m'a ainsi dit que le futur m'appartenait. J'étais bien contente de le savoir. Mon malaise s'est multiplié par contre quand il a martelé que je devais lui faire confiance, parce qu'il lui seul avait l'expérience nécessaire pour prendre des décisions. Qu'en tant que jeune, j'étais trop dans l'idéal pour avoir une opinion réfléchie sur des sujets de société ou sur ma future profession. Insultant, en effet.

Ce n'est pas la première fois que j'assiste à des commentaires désobligeants de sa part sur ses futurs collègues. Il y a environ deux ans, il est venu à l'Université pour y présenter un de ses projets de loi. Devant une salle pleine, il a rétorqué à une finissante qu'elle ne savait pas penser pour elle-même et qu'elle ne faisait que répéter ce que ses patrons à l'hôpital lui avaient dit. Toute une belle reconnaissance des capacités intellectuelles à une jeune femme qui élabore quotidiennement des programmes de soins complexes pour des patients hospitalisés.

J'ai de plus en plus de misère à accepter qu'on tolère et qu'on normalise une attitude de la sorte sur la place publique et dans notre arène politique, un espace qui se veut noble et respectueux. Je suis toujours prête à débattre d'idées, et à me faire contredire. C'est dans les discussions animées qu'on y ressort avec des idées plus riches et de nouvelles solutions. Il y a toutefois un minium de décorum à y avoir, et de considération pour autre que soi-même.

L'ouragan Barrette et son autorité dictatoriale, ses manœuvres passées en vitesse grand V, son ingérence dans le quotidien des professionnels, ça pèsent lourd sur un système qui est déjà tiraillé de partout. Les gens sont épuisés. Épuisés qu'on essaye de leur faire croire que les « solutions » du haut ministère fonctionnent. Épuisés qu'on ne leur accorde pratiquement pas de place réelle dans les discussions. Épuisés qu'on ne les écoute que d'une sourde oreille. Épuisés de devoir se plier à de nouveaux changements quand le précédent n'a même pas été évalué pleinement. Épuisés de se faire dire qu'ils sont toujours dans le tort, pas assez performants, pas assez bons.

Les chiffres, les témoignages, les évaluations de terrain, les uns après les autres, convergent vers le même constat. Les réformes ne fonctionnent pas, du moins, pas comme elles le devraient. Il ne sert à rien de forcer quand la machine n'est pas prête.

Les réformes ne fonctionnent pas, du moins, pas comme elles le devraient. Il ne sert à rien de forcer quand la machine n'est pas prête.

Ce que Dr Barrette accomplit présentement est l'aboutissement d'années de lobby à titre de président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ). Il a réussi à faire croire que la préoccupation principale des médecins était leur salaire. Il a réussi à instaurer une peur généralisée que les médecins quittent la province en courant si on ne leur donnait pas leur bonbon. Il a réussi à jouer sur ce qu'il y a de plus précieux entre un médecin et son patient : le lien de confiance, noyau de la relation thérapeutique. C'est incroyable et assez impressionnant quand on y pense. Mais tout faux en réalité. La Fédération aujourd'hui est dans une situation telle qu'elle a dû engager des renforts pour porter le ministre en justice. Plus encore, si on croyait réellement à la santé des Québécoises et Québécois, on ne couperait pas le budget de la santé publique de 30%. C'est peu dire.

Le programme proposé par le Parti Québécois est un peu le reflet de tout ça. Une partie trouve racine dans les messages répétés et partagés massivement par Dr Barrette avant qu'il ait carte blanche à titre de ministre de la Santé et de services sociaux. Une autre partie tente de proposer des solutions concrètes et réfléchies pour répondre à la crise actuelle et pour nourrir un changement positif, réel et durable dans notre système de santé, axé sur la prévention et la promotion. Ces propositions ne feront probablement pas l'unanimité, mais quand on a joué sur autant de variables en si peu de temps, il devient plus difficile d'y voir clair. Au moins, le programme a le mérite d'ouvrir la porte à la discussion, et de vouloir redorer de fierté notre miracle de système public.

Cette proposition principale sera votée par ses membres lors du Congrès national du Parti Québécois en septembre prochain. Elle sera la ligne du parti pour les prochaines élections. D'ici là, les membres ont une véritable opportunité d'y donner leur opinion, notamment via les instances régionales. Et quant à la place des jeunes, le comité national des jeunes s'est doté d'un sous-comité sur la santé et le bien-être afin de pouvoir développer des propositions complémentaires, et d'ainsi redonner à notre système public de santé et à ses nombreux travailleurs la considération et les ressources nécessaires à leur saine évolution.

C'est du beau positif. Et ça nous dit qu'il existe une autre avenue possible en 2018. Celle d'un nouveau gouvernement, fort de ses citoyens, et surtout, réfléchi et à l'écoute. J'ai grand espoir qu'on saura faire mieux. D'ici là, jeunes et moins jeunes, je vous invite à vous joindre à notre discussion, et à élaborer notre Québec en santé.

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