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Un an après la COP21: le choix de polluer

Le gouvernement du Canada, l'un des plus enthousiastes lors de la COP21, est aussi l'un des plus prompts à changer de chemise. Justin Trudeau vient d'autoriser deux projets de pipeline dans l'Ouest canadien, permettant de transporter 1 million de barils de pétrole par jour, une hausse d'environ 30%.
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Il y a un an, à Paris, se tenait la grande conférence des Nations unies sur le climat (COP21). Le traité qui en a résulté a soulevé beaucoup d'espoir : enfin les États reconnaissaient l'importance et la gravité des changements climatiques. Un an plus tard, cependant, il semble que les prophètes de malheur avaient raison. Le Traité de Paris, malgré sa rapide ratification, n'arrivera pas à entraîner les mesures urgentes et radicales qui permettraient de s'attaquer de front à ce problème.

Plusieurs avaient alors dénoncé la nature non contraignante de l'accord. Certes, l'idée de réduire le réchauffement climatique à 1,5 C⁰ est encourageante. Mais sans moyens concrets pour y arriver, cet objectif ressemble à un vœu pieux.

Ce que l'on peut aisément vérifier sur notre continent. Le gouvernement du Canada, l'un des plus enthousiastes lors de la COP21, est aussi l'un des plus prompts à changer de chemise. Justin Trudeau vient d'autoriser deux projets de pipeline dans l'Ouest canadien, permettant de transporter 1 million de barils de pétrole par jour, une hausse d'environ 30%. Rappelons qu'il s'agit là essentiellement d'exporter le pétrole des sables bitumineux, dont l'exploitation est l'une des plus consommatrices d'énergie et des plus nocives pour l'environnement.

En véritable cancre de la lutte contre les changements climatiques, quoi qu'il en dise, le gouvernement Trudeau semble obsédé par le libre-échange. Il veut ratifier au plus vite l'accord entre le Canada et l'Union européenne, en court-circuitant la démarche parlementaire pour l'adopter. Il rêve d'une entente avec la Chine et demeure l'un des rares défenseurs d'un accord pourfendu de toute part, le Partenariat transpacifique.

Ces accords favorisent pourtant le transport illimité de marchandises - parfois pour des économies de bouts de chandelle - et la consommation massive d'hydrocarbures. Ils donnent aux entreprises la possibilité d'attaquer en tribunal d'arbitrage des réglementations pour protéger l'environnement.

Aux États-Unis, l'élection de Donald Trump donne des frissons dans le dos. Le nouveau président soutient l'extractivisme avec un enthousiasme qui ramène le sourire aux exploitants de gaz et de pétrole. Il a promis de relancer le projet d'oléoduc Keystone XL, de soutenir les hydrocarbures de schiste, de se lancer sans contraintes l'exploitation des énergies fossiles. Leur accès ainsi facilité permettra de maintenir les coûts bas, à cause de la générosité de l'offre, et rendra par conséquent les énergies renouvelables beaucoup moins attrayantes.

On nous rassure en prétendant que l'exploitation du charbon est en chute libre. Tellement que Donald Trump, qui a promis de la relancer, devra se résigner à ne rien faire, tant les cours de cette ressource se sont effondrés, devant la concurrence implacable du gaz et du pétrole. Le gouvernement de Justin Trudeau nous a même offert un marché qui cherche à justifier son penchant pour le pétrole : il y aura des oléoducs, certes, mais pour nous consoler, la production de charbon sera stoppée d'ici 2030.

Ces choix laissent surtout entendre que c'est encore une fois le marché, l'offre et la demande, qui dicteront les orientations à prendre en ce qui concerne l'environnement. Et que les gouvernements n'utiliseront pas leur pouvoir de réglementer et de sévir.

Les intérêts à court terme l'emportent entièrement, même si dans la balance, ces décisions coûteront beaucoup plus cher, parce que les dégâts qui en résulteront nécessiteront d'onéreuses réparations. Devant de telles décisions, l'Accord de Paris ressemble à un chiffon qui n'a jamais inquiété personne.

Rappelons que le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a dit qu'il faut laisser dans le sol la moitié des réserves en énergie fossile - surtout les plus polluantes. Nous observons maintenant les lourdes conséquences de l'accord non contraignant signé à Paris, qui nous met dans la position d'un professeur sans autorité devant une classe agitée, qui n'en fait qu'à sa tête et qui n'apprend rien.

Dans un film qui le met en vedette, An Inconvenient Truth, l'ex-vice-président étatsunien Al Gore place ses spectateurs devant le dilemme suivant : d'un côté nous nous retrouvons devant de superbes lingots d'or en grande quantité; de l'autre, il y a la planète tout entière. Que faut-il choisir?

Nous avons besoin d'une planète pour profiter des lingots, nous dit Gore. C'est donc vers elle qu'il faut se tourner, de toute évidence. Mais actuellement, contre toute logique, on semble préférer l'or. Les conséquences de cette cupidité, de cette absence de vision pour l'avenir, sont terrifiantes.

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