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Deux élections partielles se dérouleront dans le contexte de la publication du rapport de la Commission Charbonneau et obligeront Philippe Couillard à choisir le moindre de deux maux.
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Nos partis politiques fédéraux s'échangent la première place des sondages dans une campagne qui hésite à indiquer un possible vainqueur. Intervenant pour appuyer Justin Trudeau, monsieur Jean Chrétien nous rappelle, à sa façon colorée et peu nuancée, le rôle glorieux du Canada en matière de diplomatie. Monsieur Mulcair s'engage à dépenser des milliards de dollars en santé, un domaine qui relève de la juridiction des provinces. Monsieur Harper nous rabâche les mêmes platitudes sur les dangers qui nous guettent en matière de sécurité nationale. Monsieur Duceppe poursuit sa route, de façon courageuse et obstinée, vers nulle part.

Pendant ce temps, le chef du gouvernement québécois Philippe Couillard, doit commencer à songer à la date d'une élection partielle rendue nécessaire par la démission récente de deux de ses députés.

La pire des hypothèses

Ainsi, madame Marguerite Blais, qui s'est avérée une ministre honorable et une très bonne députée, et monsieur Gilles Ouimet, dont on se rappellera davantage le rôle de bâtonnier que la carrière politique, ne peuvent envisager de siéger plus longuement sur les banquettes arrière gouvernementales. Je les comprends, pour avoir vécu la même chose il y a trente ans, sans toutefois démissionner en milieu de mandat. Occuper un poste de député d'arrière-ban dans un gouvernement constitue la pire des hypothèses dans notre régime parlementaire. Il n'y a, en effet, de place réellement intéressante et de rôle vraiment important en politique que pour un ministre [1].

Ces départs obligent le premier ministre à déclencher des élections partielles dans les 6 mois, c'est-à-dire au plus tard à la mi-mars 2016. Je ne doute pas qu'il aurait souhaité éviter de se retrouver dans pareille situation, mais aussi, et surtout, de devoir décider la date de l'appel aux électeurs des comtés de Saint-Henri-Sainte-Anne et de Fabre.

Avant ou après, telle est la question

En effet, quelle qu'en soit la date, cette élection se déroulera dans le contexte de la publication du rapport de la Commission Charbonneau. Et obligera monsieur Couillard à choisir le moindre de deux maux.

En novembre, une élection partielle, déclenchée immédiatement après l'élection fédérale du 19 octobre, se ferait dans le contexte de la publication imminente des conclusions des célèbres commissaires. Les partis d'opposition ne se priveraient pas de souligner la turpitude du gouvernement désireux de profiter de ses derniers moments de quiétude avant le déclenchement d'une tempête dont il ne contrôle ni la fureur, ni la direction. Ils l'accuseraient de lâcheté et de duplicité en clamant haut et fort que le chef du gouvernement tente d'éviter l'opprobre populaire qu'ils jugent méritée. De leur côté, les troupes libérales répliqueraient sans doute qu'il faut attendre le rapport avant de conclure et d'en discuter le contenu encore inconnu. Elles ne manqueraient pas, non plus, de rappeler qu'une allégation ne constitue pas une preuve, et encore moins un jugement. Air connu des deux côtés.

Organisées entre janvier et mars 2016, les partielles se tiendraient essentiellement sur les conclusions de la Commission d'enquête. On se ferait fort de décortiquer chaque phrase, chaque nuance (pour peu que les commissaires en apportent davantage dans leur rapport qu'au cours des auditions), chaque mot, pour leur faire dire plus ou moins que ce que les commissaires ont voulu exprimer dans ce qui deviendra, à n'en pas douter, le best-seller de 2016. Imaginer que le gouvernement pourra éviter ce calvaire dénote une singulière absence de réalisme. Penser qu'il pourra imposer le thème de son choix, particulièrement dans le contexte des compressions budgétaires qu'il prône depuis sa victoire d'avril 2014, c'est manquer de sens politique.

Dans l'après-Charbonneau, les partis d'opposition, les groupes sociaux de toute importance et la rue décideront, durant de longs mois, des thèmes du débat politique.

Dans un cas comme dans l'autre, je ne crois pas aujourd'hui que le parti gouvernemental subisse la défaite. Après tout, il a été reporté au pouvoir moins de 18 mois après qu'on l'en ait chassé, les deux comtés à l'enjeu possèdent des traditions libérales fortes et les députés démissionnaires y ont laissé des majorités de près de 10 000 voix.

Le moindre mal

«De deux maux, il faut choisir le moindre», dit un proverbe du XIIIe siècle. Si je devais prendre cette décision, j'opterais pour une élection au mois de novembre, déclenchée dans les jours qui suivront le scrutin fédéral. Désagréable, celle-ci le serait très certainement. Par anticipation. Tenue au printemps, elle serait pénible, voire insupportable et nettement plus risquée.

Laissant monsieur Couillard et ses stratèges y réfléchir, je retourne à cette campagne fédérale qui n'en finit plus. Après six semaines, on tente toujours, sans succès, de départager les belligérants. Chose certaine, aujourd'hui comme la semaine dernière, nous nous magasinons un ménage à trois.

[1] Claude Trudel, De la crise d'octobre au printemps érable, 1960-2012, Québec Amérique, 2015, chapitre 25.

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