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Mélanie Joly, ou l'art de jouer à la députée

Mélanie Joly jouit d'une notoriété considérable. Le style de campagne qu'elle a menée et sa proximité des hautes instances du PLC, notamment de son chef Justin Trudeau, me paraissent amplement suffisants - quoi qu'en pensent certains observateurs - pour affirmer qu'elle part à égalité avec son adversaire Maria Mourani.
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Je ne connais pas Mélanie Joly personnellement. Ses admirateurs chantent abondamment ses louanges dans des termes dithyrambiques. Ceux qui ne peuvent la blairer sont tout aussi passionnés à son endroit. Mélanie Joly dérange, elle dont les ambitions, politiques ou autres, ne laissent personne indifférent.

Je n'ai pas été tendre à l'endroit de madame Joly lors de la campagne électorale municipale de 2013. Encore moins avec la façon bien « réseaux sociaux » avec laquelle son chœur d'admirateurs (et de « suiveux » dans plusieurs cas) réagissait à chaque fois qu'un commentaire le moindrement critique était émis. Je n'ai pas aimé sa campagne, ou celle de ses candidats dans Verdun, bien que je reconnaisse que celle-ci ait privé Denis Coderre d'une victoire dans mon arrondissement. En 2013, je croyais que cette inconnue devenue vedette en quelques semaines ne possédait ni les connaissances ni l'expérience pour occuper un poste aussi crucial que celui de Maire de Montréal, surtout pas dans « l'après Tremblay ». Je l'ai dit et écrit. Cela m'a valu de solides inimitiés dans son entourage et sur les réseaux sociaux.

Cela dit, je salue aujourd'hui sa courte victoire obtenue à l'arraché au troisième tour à l'investiture libérale dans Ahuntsic-Cartierville. Je salue surtout son ardeur au travail, la qualité de celui-ci et son immense énergie. J'ignore si la direction nationale du PLC est intervenue et comment, le cas échéant, dans cette victoire. Ses adversaires l'ont laissé entendre. Madame Joly a nié, comme il se devait.

Chose certaine, le chef libéral souhaitait ardemment son élection. Aidée ou pas, elle doit cette victoire à son acharnement, à son dynamisme et à son absolue certitude d'être la meilleure. Elle la doit également au style de campagne qu'elle a menée.

Jouer au député

Capitalisant sur sa notoriété et une presse dans l'ensemble sympathique, Mélanie Joly a choisi de mener sa campagne comme si elle était députée ou, à tout le moins, la candidate officielle de son parti. Elle n'a pas raté une occasion de rappeler ou de faire rappeler par d'autres son amitié avec Justin Trudeau, qu'elle avait organisé sa campagne au leadership de 2013, qu'elle disposait d'entrées non seulement au PLC, mais un peu partout dans les administrations publiques et l'entreprise privée. Plus et mieux encore, madame Joly s'est astreinte au porte-à-porte systématique, aux visites dans les résidences de personnes âgées, aux réceptions de ceci ou de cela, à la participation à la vie communautaire de son immense circonscription électorale. Comme une vraie députée.

Cette activité intense, un véritable tourbillon à l'occasion, lui aura permis de bien connaître les électeurs d'Ahuntsic-Cartierville et de se faire connaître de ceux, assez peu nombreux, j'imagine, qui ignoraient son existence. Sa présence sur les réseaux sociaux, tout autant remarquée que celle de 2013 et son site web (assez quelconque) se sont avérés les instruments utiles que son organisation attendait. Et que dire de sa présence dans les journaux locaux, sinon qu'elle visait, là encore, à incarner le rôle de député, en attente sans doute, mais député quand même.

Sans parler des centaines de photos qui ont attesté depuis février dernier de l'intensité de ses activités. Mélanie au resto, chez son boulanger, à une fête quelconque. Mélanie à une partie de balle-molle ou de soccer, mettant une rondelle en jeu, visitant les hôpitaux et les cliniques médicales, le dernier commerce de la rue Fleury. Mélanie partageant la vedette avec Justin Trudeau, Denis Coderre ou autres politiciens de tout rang. Mélanie avec le petit monde, les sans-grades, les plus démunis. Mélanie était partout. Son photographe aussi, avec son attachée de presse qui ne manquait aucune occasion de le faire savoir et de le publier.

Bref, un travail remarquable fait avec, sans aucun doute, des moyens financiers bien au-dessus de ceux de ses adversaires. On connait l'habileté de madame Joly dans la collecte de fonds.

Le plus dur à venir

Madame Joly jouit d'une notoriété considérable. Le style de campagne qu'elle a menée jusqu'à maintenant et sa proximité des hautes instances du PLC, notamment de son chef Justin Trudeau, me paraissent amplement suffisants - quoi qu'en pensent certains observateurs - pour affirmer qu'elle part à égalité avec son adversaire néodémocrate Maria Mourani.

Le plus dur reste à venir : d'abord, rallier les partisans déçus de ses adversaires, ensuite vaincre la députée sortante, encore solide malgré un changement d'allégeance surprenant l'an dernier.

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