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Montréal mérite un ministre, cela va de soi. Un ministre fort, expérimenté. Dommage pour les candidats élus pour la première fois le 7 avril dernier, leur CV, aussi impressionnant soit-il, ne suffit pas. Le premier ministre devra choisir parmi les vétérans. Ils sont nombreux, mais pas tous qualifiés pour cet emploi bien particulier.
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Pendant que les Québécois sortaient leur vélo, se recueillaient, se bourraient de chocolat ou se reposaient, tout simplement, en fin de semaine, leur premier ministre élu, ayant enfin rencontré la chef du gouvernement sortant, s'attelait à l'une des responsabilités les plus difficiles, sinon la plus difficile, de sa tâche : former son conseil des ministres. Du coup, au fond d'elles-mêmes, 69 personnes espéraient en être, la moitié avec plus ou moins de raison, une petite trentaine avec réalisme. Une vingtaine, 25 tout au plus verront leur rêve se concrétiser mercredi. Toutes auront trouvé la dernière semaine terriblement longue, voir angoissante.

Je sais de quoi je parle! Ce ne sont ni les journalistes, ni les commentateurs de tout acabit, ni les éditorialistes qui nomment les ministres. Le premier ministre nomme les ministres, personne d'autre. Pour les raisons évoquées dans un billet antérieur (Daniel Johnson à la barre), Robert Bourassa ne m'a jamais nommé ministre après la victoire libérale de 1985. Les journaux, la radio et la télé: oui, oh que oui, y compris les éditorialistes qui clamaient leur surprise le lendemain de l'annonce de la composition du cabinet. Avis donc à ceux qui pourraient fonder quelques espoirs sur les spéculations des commentateurs, y compris celles qui suivent!

Montréal mérite un ministre, cela va de soi. Un ministre fort, expérimenté. Dommage pour les candidats élus pour la première fois le 7 avril dernier, leur CV, aussi impressionnant et bien rempli soit-il, ne suffit pas. Voilà qui élimine à mon avis pas mal de monde et pas les derniers venus. On pense notamment au trio d'économistes, évidemment promis aux dossiers des finances, du développement économique, de la technologie, Leitao, Coiteux, Daoust; on imagine mal Helène David face au Maire Coderre, elle qu'on destine probablement à l'Éducation, sans doute avec François Brais ou encore François Ouimet, qui attend une fonction ministérielle depuis si longtemps. David Heurtel, malgré un CV fort impressionnant et un bon début de carrière politique, n'a pas encore assez d'expérience pour le gigantisme de la tâche.

Le premier ministre devra donc choisir parmi les vétérans. Ils sont nombreux, mais pas tous qualifiés pour cet emploi bien particulier et, disons-le, fort difficile, qui demande doigté et sens politique hors pair. Procédons par élimination. Christine St-Pierre, qui a fait deux bons mandats à la culture, n'est pas suffisamment consensuelle pour l'emploi. Elle n'a ni le leadership ni le charisme qu'il faut. La campagne électorale férocement partisane qu'elle vient de mener l'élimine pour cette fonction délicate entre toutes où la taille des égos le dispute souvent à la complexité des enjeux.

Jacques Chagnon retournera sur le fauteuil de la présidence de l'Assemblée, où il excelle, est apprécié et, dont il savoure encore tous les aspects. Robert Poeti sera sans doute à la Sécurité publique ou ailleurs. De toute façon, son profil ne le prépare pas à ce poste.

Que dire de Jean-Marc Fournier, ce premier d'entre les premiers, sinon qu'il serait le choix logique compte tenu de sa vaste expérience, de son sens politique exceptionnel et de sa personnalité engageante. Il a déjà donné. De plus, il est destiné à plus et mieux, c'est-à-dire, au Conseil du Trésor, ce poste névralgique à partir duquel il pourra le mieux aider son premier ministre.

Pierre Arcand fut un bon ministre. Discret, effacé, efficace, il a été un excellent joueur d'équipe et continuera de l'être. Voici une qualité précieuse et rare, malgré tout ce qu'on dit, en politique. Cette discrétion joue cependant en sa défaveur quand vient le temps de penser au ministre responsable de la Métropole, paradis des forts en voix.

J'en viens donc à madame Lise Thériault, la coriace députée d'Anjou-Louis-Riel. J'aurais pu commencer par elle, plutôt que terminer avec elle puisqu'elle constitue mon premier choix. Pas parce que j'ai éliminé tous les autres. Simplement parce qu'elle me parait, à ce moment-ci, remplir toutes les conditions et posséder toutes les qualités requises pour remplir efficacement cette fonction. Mieux, pour être une excellente ministre de la Métropole.

Députée depuis 2002, ministre dès 2005, son passage au ministère du Travail de 2010 à 2012 fut remarqué et remarquable. On dit d'elle, entre autres compliments, qu'elle a «mâté» la FTQ en matière de placement des travailleurs. Madame Thériault sait ce qu'elle veut et prend les moyens pour l'obtenir. Elle sait négocier et s'est révélée habile stratège. Près du peuple, elle traduit souvent ce qu'il pense en action concrète. Idéal quand on agit au niveau municipal, près des gens.

Au moment où Montréal découvre son «new sheriff in town», à l'heure où une loi fondatrice est plus que jamais nécessaire pour lui donner les pouvoirs exclusifs dont elle a besoin pour son développement, à l'instant où il lui faut renégocier de toute urgence les régimes de retraite de ses employés et faire confirmer les pouvoirs de son inspecteur général, le poumon et le moteur du Québec doivent pouvoir compter sur un ministre fort au sein du gouvernement Couillard. Madame Thériault est cette personne.

PS: Si d'aventure, le chef du Gouvernement optait pour la ceinture et les bretelles en nommant un ministre de la Métropole et un ministre responsable de la région de Montréal, une espèce de CMM sauce provinciale, je me permets de lui suggérer l'excellent Pierre Moreau.

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