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Le 20 avril 1945, c'est le 56e anniversaire d'Adolf Hitler. Depuis le 16 janvier, devant l'imminence de l'offensive des Soviétiques sur Berlin, celui-ci s'est enfermé dans son bunker avec l'intention bien arrêtée de ne plus en sortir.
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Le 20 avril 1945, c'est le 56e anniversaire du Führer. Depuis le 16 janvier, devant l'imminence de l'offensive des Soviétiques sur Berlin, celui-ci s'est enfermé dans le Führerbunker avec l'intention bien arrêtée de ne plus en sortir. Enterré à douze mètres sous terre dans les jardins de la Chancellerie, avec un plafond de béton épais de quatre mètres, le vaste complexe compte une vingtaine de pièces exiguës. La salle de conférences, qui est la plus grande, ne mesure que 14 mètres carrés et il faut littéralement s'y entasser autour de la table des cartes. Partout les murs de béton sont nus et nues aussi les ampoules qui pendent aux plafonds. Sommairement meublés, les «appartements» personnels de Hitler et de Eva Braun qui a voulu le rejoindre sont tout aussi inconfortables. Des moteurs diesel renouvellent péniblement l'air, de plus en plus imprégné de mauvaises odeurs. Il faut rationner l'eau.

L'aspect physique du Führer est à l'avenant. Le bras droit paralysé depuis l'attentat du 20 juillet 1944, les mains tremblantes, le visage boursouflé, les yeux injectés de sang, il se traîne, cassé en deux, de son cabinet de travail à la salle de conférences d'où il continue à vouloir conduire la guerre, déplaçant sur les cartes des divisions qui ont cessé d'exister. Se berce-t-il encore d'espoirs insensés ou sait-il, au fond, que la guerre est perdue? Perdue peut-être, mais pas finie. Le Führer a résolu de se battre jusqu'au dernier Allemand. Il ne sort de son hébétude que pour piquer des crises de colère à l'écoute des rapports de situation ou pour accueillir des visiteurs, de plus en plus rares. En ce jour d'anniversaire, ils sont plus nombreux car les hauts dignitaires ont tenu à venir affirmer leur fidélité mais ils sont plutôt venus faire leurs adieux. L'après-midi, le Führer a fait l'une de ses toutes dernières apparitions dans les jardins de la Chancellerie, bouleversés par les cratères d'obus, pour décorer quelques jeunes volontaires, des gamins, qui se sont distingués dans les premiers combats autour de Berlin. Le soir, Eva Braun a tenu à donner une fête dans un salon abandonné de la Chancellerie. On a bu du champagne tiède et on a dansé aux sons d'un vieux gramophone qui n'avait qu'un disque: «Des roses rouge sang te parlent de bonheur»...

Le 26 avril, tandis que Berlin est totalement encerclé, un petit avion Fieseler Storch, piloté par l'as féminin Hanna Reitsch (1,54 m de nazisme à l'état pur) a réussi à atterrir pour conduire à Hitler le général von Greim appelé à remplacer à la tête de la Luftwaffe Göring, accusé de haute trahison. Reitsch a tenté inutilement de persuader le Führer de fuir Berlin. En vain aussi, elle a tenté de sauver les six enfants en bas âge des Goebbels qui viennent d'emménager avec leur mère dans le bunker. Leurs parents sont résolus à les faire mourir avec eux. Celui que les enfants Goebbels appellent «Oncle Hitler» s'est laissé fléchir mais pas les parents.

La bataille de Berlin est perdue d'avance. Le général Weidling à qui le Führer a ordonné de défendre la ville «jusqu'au dernier homme» ne dispose que de 45 000 soldats et autant de jeunesses hitlériennes et de membres du Volkssturm (les derniers hommes valides) pour s'opposer à la ruée de 20 armées fortes chacune de 8 à 10 divisions: 2,5 millions d'hommes, 42 000 canons, 6000 chars... L'obsession de Hitler est de ne pas tomber vivant aux mains des Soviétiques, ni même de leur laisser son cadavre. Le 29 avril, après qu'on a déniché péniblement un conseiller municipal de Berlin, Adolf Hitler et Eva Braun se marient enfin, au cours d'une brève cérémonie civile. Goebbels et Bormann, le tout puissant secrétaire du dictateur du IIIe Reich, sont leurs témoins.

Hitler a rédigé quelques jours avant deux testaments, un politique et un personnel. Dans le premier, il prédit une renaissance du national-socialisme et persiste dans son accusation contre la «juiverie internationale». Le 30 avril est un lundi. Au petit matin, Eva Braun a gravi les degrés du Führerbunker «pour voir une dernière fois le soleil» puis elle s'est enfermée avec Hitler. Tout le monde attend et boit sec. Du Vorbunker, situé au niveau supérieur, on entend vociférer les gardes SS, ivres.

Vers 15h30, Eva Braun se suicide avec une ampoule de cyanure. Hitler, obsédé par la crainte de se rater, se tire une balle de pistolet dans la tempe tout en écrasant entre ses dents une ampoule de cyanure. Les cadavres sont aussitôt transportés dans les jardins, sous les tirs de l'artillerie soviétique. Placés dans un trou d'obus, ils sont arrosés d'une dizaine de bidons d'essence. Une torche est lancée qui provoque une formidable déflagration suivie d'une immense flamme bientôt accompagnée de torrents de fumée noire. Du haut de l'escalier du bunker, on fait le salut hitlérien. Ainsi s'achève, dans un décor de fin du monde, le Reich qui devait durer mille ans.

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