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STREB: des kamikazes à Juste pour rire

Ils s'élancent dans le vide, jouent à éviter de se faire arracher la tête par une poutre de 200 livres qui tournoie, foncent dans une paroi vitrée à toute vitesse, défient la gravité sur une plateforme qui tourne à toute allure.
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Ils s'élancent dans le vide, jouent à éviter de se faire arracher la tête par une poutre de 200 livres qui tournoie, foncent dans une paroi vitrée à toute vitesse, défient la gravité sur une plateforme qui tourne à toute allure.

Les artistes qui travaillent pour Elizabeth Streb sont des kamikazes. Il y a quelque chose du phénomène Jackass dans ce que la chorégraphe leur demande de faire. Les demi-mesures ce n'est pas tellement le genre de cette femme qui cite le funambule Philippe Petit, les frères Wright ou le cascadeur Evel Knievel, des hommes qui se sont arrachés à l'attraction terrestre pour se moquer de la peur et de la mort. À 65 ans, sa démarche artistique consiste à faire voler ses artistes, leur faire défier la gravité et, pourquoi pas, voir comment le corps réagit à la vitesse et aux chocs. On pourrait la qualifier de jusqu'au-boutiste, mais il y a, à l'évidence, un calcul des risques. N'empêche, le spectateur en sera quitte pour quelques sueurs froides. On est souvent mal à la vue des démonstrations conçues par Mme Streb. C'est le cas du numéro avec la poutre qui tourne comme une faucheuse et que les danseurs doivent éviter dans des positions qui les mettent en état de vulnérabilité.

À d'autres moments, il y a une sorte de bonhommie qu'on croirait empruntée au monde de la lutte. Vous savez cette manière qu'ont les lutteurs de se projeter dans les airs pour s'écraser lourdement au sol en rebondissant? Dans le spectacle Forces, c'est presqu'une manie.

Pour ce qui est de la forme, Elizabeth Streb aime bien, là aussi, bousculer l'ordre établi. Les numéros sont exécutés dans une atmosphère de cirque. Pas les cirques d'aujourd'hui, ceux de sa jeunesse, genre Barnum and Bailey avec maître de piste qui annonce haut et fort les numéros et commande les applaudissements à la foule. À la différence que le sien dispose d'une boîte à rythmes pour accentuer le bruit des corps qui s'affaissent ou pour rendre encore plus menaçants les accessoires de scène.

Autre particularité, Elizabeth Streb se met en vedette. Comme s'il s'agissait d'un documentaire, on la voit sur écran géant nous expliquer, en anglais, le pourquoi et le comment de sa démarche.

Forces est un spectacle unique en son genre qui laisse parfois perplexe, mais jamais indifférent. Pas tout à fait danse, ni tout à fait cirque, on n'est pas surpris que ce soit Juste pour rire qui amène cet OVNI à Montréal pour la première fois.

Ce festival a souvent eu ce genre d'audace. Sous la bannière ZOOFEST, ça aurait été encore plus une évidence.

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Avril 2018

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