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Le mémorial et l'observatoire, deux façons d'appréhender le 11 septembre à New York

Dans six mois, on commémorera le 15e anniversaire des attentats du 11 septembre... Je suis retourné à Ground Zero, histoire de prendre la mesure du temps qui a passé depuis ces événements qui ont changé le cours de l'histoire.
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Le temps file. Dans six mois, on commémorera le 15e anniversaire des attentats du 11 septembre. Lors d'une visite récente à New York, je suis retourné à Ground Zero, histoire de prendre la mesure du temps qui a passé depuis ces événements qui ont changé le cours de l'histoire.

Là où autrefois les tours jumelles du World Trade Center affichaient leur symbole de puissance, se trouvent désormais deux rendez-vous incontournables de Manhattan: le 9-11 Memorial et son musée et le One World Observatory au sommet du One World Trade Center.

Ces deux lieux proposent aux visiteurs des façons très différentes de réagir à ce souvenir qui nous habite tous à différents degrés.

Le 9-11 Memorial

Le mémorial c'est le devoir de mémoire alors que l'observatoire tient de l'exercice de résilience.

Contrairement à ce que j'ai fait, je vous suggère de commencer votre visite par le mémorial. Vaut mieux commencer par le plus costaud, car le contenu de son musée se révèle aussi dense que remuant.

Pour avoir accès à cette exposition permanente en hommage aux victimes du 11 septembre, on doit d'abord longer les deux immenses bassins qui ont été aménagés dans l'empreinte des tours détruites. Dans le marbre noir qui ceint ces plans d'eau, on peut lire les noms des 2 983 personnes mortes dans les attentats du 11 septembre et l'explosion du 26 février 1993.

L'installation, intitulée Reflecting Absence, a été conçue par Michael Arad et Peter Walker, gagnants d'un concours d'architecture qui a attiré près de 5 000 propositions de 63 pays.

Sous cette esplanade inaugurée en septembre 2011, on compte sept étages souterrains qui accueillent entres autres la nouvelle gare du World Trade Center construite au coût de 4 milliards de dollars (deux fois plus que prévu) et les immenses salles d'exposition du musée du 11 septembre ouvertes au public depuis mai 2014.

On accède au musée par un pavillon conçu par la firme norvégienne Snohetta. Les murs de verre permettent d'admirer la nouvelle tour du World Trade Center alors qu'on s'engouffre sous terre pour ce rendez-vous avec l'histoire de cette journée et de ce lieu.

Les concepteurs du parcours n'ont pas fait de choix dans ce qu'ils voulaient raconter. Ils ont décidé d'aborder tous les aspects.

L'histoire de la construction des tours jumelles, la description des attaques, l'organisation des secours, l'horreur de l'effondrement, les noms de tous ceux qui ont péri et des objets qui leur ont appartenus, le récit de l'immense mouvement de sympathie que la tragédie a suscité à New York et à travers le monde, la couverture journalistique, la tâche colossale qu'a représentée le nettoyage du site, les conséquences géopolitiques, le procès des terroristes et même comment ces événements ont inspiré certains artistes. Vraiment, tout y est.

Dans ce grand buffet, j'ai été touché par le côté human. On ne peut rester insensible aux milliers d'objets personnels et fragments de décombres exposés le long du parcours.

Ça commence par une simple photo prise à 8h30, cliché d'une journée flambant neuve qui s'annonçait magnifique. Ce ciel de septembre était si bleu qu'on ne pouvait prévoir un moment si sombre.

Ensuite, sur des écrans, on voit des New-Yorkais, têtes levées, qui observent, catastrophés, les tours qui fument. En toile de fond, une piste sonore nous fait entendre des citoyens ordinaires qui expliquent comment ils ont appris la nouvelle. Belle façon d'inclure le visiteur, car après tout, le 11 septembre a laissé une histoire à raconter à chacun de nous.

J'étais à New York ce jour-là. J'ai des souvenirs précis, souvent reliés à ce que j'ai entendu ce jour-là, comme le bruit assourdissant des sirènes, le cliquetis de l'effondrement ou le silence qui s'en est suivi. J'ai revécu tout ça dans une des salles du musée où on refait le fil des événements minute par minute à grand renfort de photos, d'extraits vidéo, de croquis et, vous avez deviné, d'extraits sonores.

L'exposition recrée aussi avec beaucoup d'acuité la peine qui flottait sur New York dans les jours qui ont suivi les attentats. On a mis un grand soin à recréer ces petits autels qui se sont improvisés dans tous les parcs de la ville avec ses avis de disparition, ses messages de paix, ses fleurs et ses lampions.

Dans la partie qui raconte le nettoyage du site, on est sidéré par l'ampleur de la tâche et par la manière dont la matière s'est transformée sous l'impact de la chaleur ou du poids des gravats.

Tout n'a pas été pulvérisé ce jour-là. Les héroïques ouvriers affectés au déblaiement ont rescapé des pièces qui ressemblent à des trophées. Impressionnant de voir ces poutres tordues, cette partie de l'antenne qui se trouvait sur la tour nord, ce camion de pompier amputé de sa cabine.

Dans toutes ces archives exposées, j'ai cherché la trace de l'événement Le Québec à New York qui devait commencer le 13 septembre 2001 au pied des tours jumelles. Dans une vidéo montrant la grande échelle de la caserne 3 ensevelie sous les décombres, je crois avoir reconnu une partie de la banderole www.quebecnewyork.com installée sur le North Bridge, pont piétonnier reliant le World Trade Center et le World Financial Center qui a cédé sous l'impact. Mais je n'en suis pas sûr.

Autre moment fort de la visite, le lieu où chaque personne morte dans les attentats du World Trade Center en 2001 et en 1993 a droit à son moment de gloire. Photo, notice biographique et témoignage d'un proche, on a tout mis en place pour que ces victimes innocentes ne soient pas oubliées.

La visite du mémorial peut facilement durer deux heures. C'est un travail bien fait, méticuleux, respectueux. Du reste, j'ai eu des réserves sur la lecture très américaine des tenants et aboutissants de ces événements. Dans un lieu pareil, il fallait bien s'attendre à ce que le patriotisme soit exacerbé. Aussi, je demeure dubitatif par rapport à l'attaque du Pentagone.

L'Observatoire du One World Trade Center

L'expérience que propose l'Observatoire du One World Trade Center est d'un tout autre registre. J'ai parlé d'un exercice de résilience, l'idée de cette visite étant de voir en avant, loin en avant. Ce que permet le fait de se retrouver à 1 250 pieds d'altitude (381 mètres).

Dès qu'on monte dans l'ascenseur, le manège commence. En moins d'une minute, on rejoint le 102e étage. Durant ce tour de fusée, on projette sur les murs de la cage d'ascenseur une représentation virtuelle de la transformation de New York. De la plaine des années 1 500 à la forêt de gratte-ciels d'aujourd'hui.

Lorsque les portes s'ouvrent, on ne nous offre pas tout de suite la vue spectaculaire. Un court film réalisé par l'équipe de la compagnie québécoise Réalisations, célèbre la vie vibrante de New York. Sur un mur texturé, on projette des images de ses habitants, ses édifices iconiques, son métro, ses taxis jaunes et son skyline. C'est alors que l'écran se lève et laisse apparaître la vraie vue. À peu de chose près, la même que celle que nous offrait l'ancien observatoire du World Trade Center.

À nos pieds, la statue de la Liberté, minuscule. Les ponts jetés sur l'Hudson et l'East River. Au loin, l'Empire State Building qui monte toujours fièrement la garde. Encore plus loin Central Park, le poumon de la ville.

On ne peut s'empêcher de remarquer que le 11 septembre 2001 n'a pas freiné le développement. Plusieurs tours ont poussé et poussent encore.

L'observatoire se veut vraiment une vitrine. Des guides expliquent aux visiteurs autant l'histoire de la ville, que ce qu'il y à voir, à visiter ou à manger une fois retourné sur le plancher des vaches.

Bien de son temps, le One World Observatory offre aussi en location un IPad pour expliquer aux touristes ce qu'ils voient à la ronde. Le français fait partie des versions offertes.

Si vous voulez étirer la visite, le OWO vous offre de le faire au café, au bar ou au restaurant qui a même son vin maison, le ONE, produit par le vignoble Shinn Estate à Mattituck dans l'État de New-York. Rendu là, on peut faire un toast à la résilience des New-Yorkais.

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