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La FTQ est-elle dirigée par des cowboys?

Les syndicats doivent se tenir bien en selle pour rester sur leur monture durant le rodéo des médias et de la Commission Charbonneau. Toute l'information qu'on nous donne en pâture nous présente un spectacle peu glorieux.
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Les syndicats doivent se tenir bien en selle pour rester sur leur monture durant le rodéo des médias et de la Commission Charbonneau. Toute l'information qu'on nous donne en pâture nous présente un spectacle peu glorieux. La magouille de syndicats et l'accointance avec le crime organisé parfument l'atmosphère médiatique depuis quelques mois déjà. En écoutant les enregistrements des conversations téléphoniques entre les uns et les autres, on arrive peu, ou pas à imaginer le triste bas niveau des ragots venant de la bouche même de hauts dirigeants. Leurs silences, leurs dénis et les accusations en pleine commission rappellent étrangement le défilé des mafieux qui les ont précédés. Et dire que ces cowboys dirigent et gèrent une des plus grandes entreprises du Québec: les Syndicats Inc. Les lassos virevoltent pour attraper la prise, mettre la main sur ce qu'est le fonds de solidarité de la FTQ, une monture de 10 $ milliards de dollars.

Et c'est là que le bât blesse.

En 1960, j'avais 20 ans. Déjà durant mon adolescence, j'ai assisté aux balbutiements du syndicalisme, aux grandes batailles qu'il a livrées et aux dérapages qui ont laissé des cicatrices. Malgré tout, les syndicats ont gagné leurs lettres de noblesse en ayant des heures de gloire durant leur apprentissage parfois houleux. Même grâce à une lorgnette, on était loin d'imaginer que 50 ans plus tard, les revenus de tous les syndicats pourraient atteindre le milliard de dollars. Une étude de 2005 les appréciait déjà autour de 800 000$, les livres étant bien cadenassés dans un coffre-fort. On était loin d'imaginer que ces marginaux de l'époque acquerraient une puissance presque outrancière dans la société, et dirigeraient à leur profit une entreprise capitaliste subventionnée par le gouvernement: le Fonds. Au sommet de multiples gratte-ciels.

Quand elle atteint une telle envergure, toute entreprise doit prioriser sa pérennité et les discussions autour de la table du Conseil ne concernent plus les problèmes syndicaux de la base, mais la suite financière et la survie du syndicat. Soit l'augmentation de ses revenus nécessaires. On a vu comment le Fonds de solidarité est devenu leur préoccupation de tous les instants. Tout comme le financement d'entreprises qui frappent à leur porte. Est-ce là la fonction d'un syndicat? D'autant plus que l'obésité de l'entreprise exige une compétence d'administrateurs professionnels et non de syndicalistes de carrière, souvent élus à la suite de manigances électorales. Ceux que j'appelle les cowboys de l'administration. Profitant de salaires loin de ceux des ouvriers, sans compter une culture de dépenses personnelles inconsidérées et fantaisistes.

Et ces propos visent autant la CSN qui a aussi eu, entre autres, le cadeau d'un Fonds à crédit d'impôt, la FondAction CSN. Quelle belle source de revenus pour un syndicat. Un jouet. Une machine à argent. Capitaliste, imaginez! Qui encore une fois distrait le mouvement de ses vrais objectifs. Des syndicalistes de carrière qui deviennent des financiers et des banquiers, sans en avoir la compétence, et que j'appelle les cowboys. Ils se tiennent étrangement cois pendant la tenue de la Commission Charbonneau. Eux aussi sont dans le financement d'entreprises.

Il serait normal de favoriser une distanciation entre les Fonds et les syndicats et de laisser à ces derniers une mission exclusivement syndicale. Les éloignant de toutes les tentations de collusions.

Le Fonds de solidarité a fait, et fait la convoitise des syndicats, des investisseurs et des mafieux. Il est évident qu'au fil des ans des accointances amicales se sont tissées avec des clients fréquents comme, par exemple, un Tony Accurso.

Je ne comprends pas que certains cowboys, avec le soutien de mafieux, puissent être restés si longtemps au milieu du corral à califourchon sur leurs deux montures, le syndicat et le Fonds.

Pauvres syndiqués qui paient de lourdes cotisations pour financer ces cowboys dont ils n'ont aucune raison d'être fiers.

D'autres billets de Claude Bérubé en visitant son blogue Leptitvieux.com

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Avril 2018

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