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Célébrer nos héros plutôt que les dénigrer

Comment est-ce possible de dénigrer des héros comme Jacques Parizeau ou Lucien Bouchard? Aussitôt que ces grands cerveaux québécois expriment une opinion étoffée par l'expérience, ils sont nombreux à grimper sur les tréteaux pour les inviter à réintégrer leur tanière et à se taire. Eux, qui ont laissé leurs empreintes indélébiles sur le Québec.Ne sommes-nous pas capables d'honorer des héros autres que les joueurs de hockey et les humoristes?
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Comment est-ce possible de dénigrer des héros comme Jacques Parizeau ou Lucien Bouchard?

Aussitôt que ces grands cerveaux québécois expriment une opinion étoffée par l'expérience, ils sont nombreux à grimper sur les tréteaux pour les inviter à réintégrer leur tanière et à se taire. Eux, qui ont laissé leurs empreintes indélébiles sur le Québec. À tous les grands tournants de notre histoire, on les a retrouvés bataillant pour notre avenir. Ne sommes-nous pas capables d'honorer des héros autres que les joueurs de hockey et les humoristes? Il suffit de se rappeler récemment la harangue de l'un pour la gratuité solaire et l'exhortation de l'autre pour notre enrichissement. Des propos qui ont titillé l'opinion populaire et surtout incité à la réflexion.

On n'atteint pas les hautes fonctions sans les mériter. Il n'y a pas un seul chef digne de ce nom qui ne saurait être soutenu par des partisans. L'autorité est toujours conférée par des disciples, des membres ou un peuple qui soutiennent le chef et respectent ses diktats. Hitler n'aurait jamais atteint sa puissance sans l'appui indéfectible d'un large consensus. C'est pourquoi durant toute ma longue vie j'ai toujours respecté les chefs et leur autorité même si je divergeais d'idées et de principes. Le respect ne signifie pas l'appui, mais la reconnaissance d'un leadership, acquis par des années de postulat.

Pour réussir à devenir un chef à qui on a conféré une autorité, il ne faut pas être stupide et dénué de tout jugement, mais doté d'une intelligence supérieure. Pourtant un courant d'opinion sur la première prémisse est toujours propagé ad nauseam hors de tout doute par leurs adversaires. Faut-il croire que Georges W. Busch devint le chef d'une nation de 300 millions par sa stupidité et son manque de jugement? Voilà une opinion très réductrice à l'égard de sa majorité de partisans.

Même si je ne partage pas les vues du cardinal Ouellett, je dois reconnaitre l'être doué qu'il est, qui est devenu une autorité au sein d'une grande institution religieuse planétaire. Ce n'est pas l'effet du hasard et de la manigance. Je lui voue le plus grand respect. Sans jamais avoir été un disciple fidèle de Pierre Elliot-Trudeau, je reconnaitrai devant tous qu'il fut un grand Canadien doué. Nous avons hélas tendance à diminuer l'aura de nos chefs ou ceux qui l'ont été. Nous avons le respect fragile et écorché.

Pourtant le respect est une valeur digne d'une grande nation, et d'individus capables d'honorer la valeur humaine et de reconnaitre l'apport de nos grands cerveaux à nos sociétés. Même Jean Charest, Jean Chrétien, Brian Mulroney, damnés par plusieurs, sont tous dignes d'une déférence. Et dites-moi pourquoi les ex-chefs du Parti québécois sont-ils devenus des pestiférés auprès de ceux qui les ont adulés? Ne mentionnons que les Landry, Bouchard et Parizeau, baptisés les célèbres belles mères alors que la sagesse de la maturité jaillissait de leurs propos.

Le billet de Claude Bérubé se poursuit après la galerie

La grande histoire s'est toujours enorgueillie de ses grands sages. On a toujours valorisé l'expérience qu'une longue vie apporte aux vieux. Dans bien des civilisations, on les a comparés à une bibliothèque. Leur rappel du passé est la source d'un savoir et non un radotage passéiste.

Quand Jacques Parizeau a clamé qu'il favorisait la gratuité scolaire, mais avec les contraintes inhérentes, il y a eu les applaudissements de la part des tenants de cette option et des hurlements de la part de ceux qui s'y opposent. Combien l'ont écouté et ont tenté de comprendre son raisonnement au-delà de la manchette? Quand il s'exprime, je l'écoute et je réfléchis. Cet homme sait de quoi il parle. Il était là dans les coulisses du pouvoir à l'époque du rapport Parent. Nous lui devons aussi la mise en place de bien des mécanismes économiques qui encore aujourd'hui assure notre prospérité.

Cet homme ne radote pas, il parle, nourri par une expérience accumulée, des réalisations nombreuses et par un savoir à nul autre pareil. Le privilège d'être vieux! Ne doit-on pas honorer sa sagesse issue d'une longue vie féconde? Merci monsieur Parizeau, de participer au débat, ne serait-ce que pour faire réfléchir.

Le billet de Claude Bérubé se poursuit après la galerie

Le président Bill Clinton disait lors d'un colloque sur la pauvreté que l'argent enfoui dans la guerre en Irak aurait suffi à régler le problème de la pauvreté dans cette partie du monde et aurait éliminé la guerre elle-même. Voilà des paroles de justice issues d'un sage, fort, mature. Seule son expérience du pouvoir, de son savoir, peut lui permettre d'émettre une telle opinion issue de l'histoire. Nos anciens devraient appartenir à un club sélect de sages. Nous devons célébrer nos anciens, nos héros, et les écouter.

Comme le sujet est d'actualité, vous qui lisez ce texte avez certes des nuances à apporter ou une divergence. Pourquoi ne pas laisser un commentaire? Nous serons plusieurs à vous lire.

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