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«Servir et protéger», dites-vous?

Nos jeunes policiers manquent de courage, de créativité, de combativité et d'orgueil. Ils se croient encore au cégep. Il n'y a plus de « personnes phares » pour les guider, ils acceptent la médiocrité sans sourciller.
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Cette semaine, dans le Journal de Montréal, le président de la Fraternité des policiers de la Ville de Montréal a fait une sortie en règle concernant l'état d'esprit de ses hommes. Le climat de travail serait pourri selon lui. La loi 15, qui à mon sens est injustifiée, et la loi donnant plus de pouvoir aux villes dans les négociations y sont pour quelque chose.

Selon le président de la Fraternité, près du tiers des répondants auraient songé à continuer une carrière ailleurs, 29 % ont songé à prendre une retraite plus rapidement depuis la loi 15, 46 % ne recommanderaient pas aux finissants de l'école de Police de venir à Montréal et 97 % ne font pas confiance au maire Coderre pour améliorer le climat de travail. Selon le sondage interne, 81 % croient que le contexte de travail est plus complexe qu'ailleurs. Mais est-ce tout?

Les policiers ont assez raison d'avoir certaines frustrations. Le travail est difficile, on vous demande d'être des travailleurs sociaux, de réaliser des arrestations parfois musclées et photographiées, de régler des cas épineux sans prendre parti, d'avoir des cibles à atteindre en matière de billets à donner, de ne surtout pas faire de profilage racial, d'être attentif aux désirs des citoyens, d'être fermes, mais gentiment, et surtout pour les jeunes, d'oublier qu'ils sont de la même génération que ceux qui les critiquent. Pire, ils ont des chefs indécis, à la limite peureux, des gestionnaires statisticiens visant la haute direction et peu enclins à supporter leurs hommes. Il est reconnu que la direction est nécessairement politique, car elle en dépend. La Fraternité ne peut compter sur ces anciens syndiqués pour les appuyer, ils sont désormais le bras du patronat.

Ceci dit, comment se fait-il que des policiers que l'on appelle ne fassent pas le travail pour lequel ils sont payés. Et les exemples sont nombreux... Quand un policier demande à un citoyen s'il a été regardé les points d'impact lors de tirs d'arme automatique. Quand un policier ayant le nom, l'adresse, la photo d'un suspect et que rien ne se passe. Quand des policiers ne croient pas nécessaire de prendre un rapport et que je doive leur faire comprendre de sauver leurs fesses, si quelqu'un se plaint de leur attitude. Quand des policiers se font demander d'enquêter sur une moto sans plaque et que des gens connus pour être des voleurs la font disparaitre la journée suivante. Quand des policiers reçoivent une information sur un suspect rôdant autour d'un parc (auto et plaque comprise) et que ceux-ci passent à côté, sans même enquêter, vous ne me vendrez pas la démotivation comme excuse.

Des citoyens connaissant mon passé de flic viennent régulièrement me raconter leurs mésaventures avec le SPVM. La population qui paye pour être protégée n'a pas à subir ces guerres syndicales patronales et gouvernementales.

Ce n'est pas d'hier que le SPVM se dégrade. En fait, ça remonte à 1995 et la démotivation a un nom : police de quartier. Je ne le répèterai jamais assez, nous avons dilué une force policière cohérente, écœuré les vieux pour qu'ils se tassent, dépersonnalisé les groupes, déconstruit les relations humaines entre les policiers ainsi qu'avec la population. Rien de mieux qu'un poste de police fermé à 19h pour améliorer les relations. Rien de mieux que les opérations par programmes (portes de voitures non verrouillées, barres jaunes, piétons aux feux de circulation, bicyclettes interdites, débarcadères du métro, trappes à billets) pour se connecter avec les citoyens qui nous entourent.

Il y a quelques semaines, j'ai rencontré un sergent faisant de la circulation sur un coin de rue. Un sergent faisant de la circulation? Oui, sa réponse... Les filles ne veulent pas en faire. Elles auraient fait une jaunisse à mon époque.

Les centres d'enquête sont devenus centres de « désenquête » et de fermetures de dossiers. Oui, les troupes sont démotivées, mais désolé, la démotivation n'est pas une excuse. Pendant des années, mes patrons ont tout fait pour me démotiver, il faut de la résilience et ça ne s'achète pas : il faut la développer.

Nos jeunes policiers manquent de courage, de créativité, de combativité et d'orgueil. Ils se croient encore au cégep. Il n'y a plus de « personnes phares » pour les guider, ils acceptent la médiocrité sans sourciller.

Monsieur Francoeur, c'est à vous de motiver vos troupes. Le respect vient à ceux qui se tiennent debout. Je n'ai rien contre le port des pantalons bigarrés, j'en ai contre l'attitude d'adolescents attardés encore en opposition que prennent parfois certains de vos membres.

« Servir et protéger », dites-vous?

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