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Pour en finir avec Omar Khadr

Non, Khadr n'est pas un héros, pas même un combattant. Il est un produit de l'intolérance et du fanatisme.
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Le gouvernement du Canada aurait dû mettre ses culottes dès le départ et demander son extradition.
Todd Korol / Reuters
Le gouvernement du Canada aurait dû mettre ses culottes dès le départ et demander son extradition.

J'entends crier depuis quelques jours des gens partout au Canada, parce qu'un jeune homme «terroriste» vient d'être indemnisé par notre gouvernement. Pouvons-nous simplement regarder l'affaire avec plus de profondeur?

Nous parlons d'un garçon comme des milliers d'autres dans le monde, qui à dix ans, imaginez-vous, à dix ans, se fait envoyer en Afghanistan pour un entrainement ''dit'' terroriste, par un père convaincu de combattre un ennemi mortel. En fait, ce groupe ayant pour un temps été un allié secret contre les Russes et redevenu ennemi par le jeu des alliances du moment.

Je vais le répéter, Omar était un enfant de dix ans, pas un homme.

Je vais le répéter, Omar Khadr était un enfant de dix ans, pas un homme. Ce gamin a reçu une formation, je devrais dire un lavage de cerveau, tout comme tous les enfants-soldats que nous trouvons si tristes à voir dans des reportages ou dans des films. N'oublions pas que notre pays a signé la résolution internationale des enfants-soldats. Cette résolution nous dit que les enfants sont des enfants. Pourtant, pendant dix ans, le Canada en reniant sa parole a fait que nous en tant que nation, avons condamné un enfant aux pires tortures, ceci par un pays n'ayant pas voulu signer l'acte des enfants-soldats pas plus que sur les criminels de guerre.

Le père était un terroriste à nos yeux, mais un peu d'histoire: 1946, Jérusalem en Palestine, l'Irgoun groupe radical israélien, fait sauter le plus grand hôtel de la ville, Le King David ou meurent 91 personnes. Un de ses plus illustres membres deviendra le premier ministre d'Israël Menahem Begin. Un autre terroriste connu deviendra président de la Palestine, Yasser Arafat, un homme coupable de plusieurs attentats. Ici, je ne parlerai pas des despotes africains qui forment tout un tas d'enfants-soldats. Pourtant tous les pays ont fait ou font de bonnes affaires avec eux. Oui, Omar a appris à tuer, il y en a un autre, le petit Georges qui a dépensé mille milliards pour en arriver là où nous sommes. Un dénommé Nixon avait fait la même chose dans les années 70.

Si des envahisseurs à tort ou à raison attaquaient notre pays et qu'un de nos enfants de quinze ans se faisait prendre à se battre, quelle serait notre réaction?

La pire chose qui pouvait arriver à un enfant de quinze ans était de se faire prendre par des soldats américains en colère. Qu'il ait lancé une grenade? Possible, on appelle ça la guerre. On lui avait commandé de se battre au nom d'une idéologie. La même chose pour les GI, avec leur «In God we trust». Khadr avait 15 ans et la majorité des soldats dix huit. Qui blâmer? En accablant un garçon de 15 ans, nous ne faisons pas honneur à notre jugement. Si des envahisseurs à tort ou à raison attaquaient notre pays et qu'un de nos enfants de quinze ans se faisait prendre à se battre, quelle serait notre réaction?

Un enfant-soldat est en principe une victime. En Afghanistan, les garçons de moins de douze ans au transport de bombes et d'armes. Le gouvernement du Canada aurait dû mettre ses culottes dès le départ et demander son extradition. En laissant les mains libres aux tortionnaires, en cautionnant ces actes, nous et nos gouvernants, avons participé à cet avilissement. Ce gouvernement ne pouvait pas prétendre ne pas savoir.

Qui a maltraité Khadr? Nous tous. Notre inaction et notre insouciance.

Qui a maltraité Khadr? Nous tous. Notre inaction et notre insouciance. Souvenons-nous de la Shoah. À partir de 1941, les alliés savaient tout, pourtant personne ou peu de pays ont accélérés le mouvement pour accueillir les Juifs. En 1975 au Cambodge, le monde a regardé les bras croisés mourir près de 2 millions de personnes. Au Rwanda en 1994, un peu moins d'un million de personnes tuées, encore une fois ils ont eu droit à l'indifférence. Il y avait là des milliers d'enfants-soldats traités par la suite en enfants traumatisés. Pourquoi? Parce que c'est ce qu'ils sont.

Non, Khadr n'est pas un héros, pas même un combattant. Il est un produit de l'intolérance et du fanatisme. Un produit de la politique internationale au Moyen-Orient et que c'est loin. Sauf quand ça saute à Paris, New York ou à Londres.

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