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Parler et ne rien dire

Encore une fois, après les attentats de Paris, une terrible fusillade éclate aux Etats-Unis. La télévision s'anime, la grosse machine médiatique servira à s'auto alimenter en surenchères de nouvelles, explications, décorticages et opinions de pseudo-experts.
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Encore une fois, après les attentats de Paris, une terrible fusillade éclate aux Etats-Unis. La télévision s'anime, la grosse machine médiatique servira à s'auto alimenter en surenchères de nouvelles, explications, décorticages et opinions de pseudo-experts. Tout ceci, devant un tableau repassant en boucle des images de moins en moins horrifiantes, car trop vues.

Nous voyons défiler un lot d'experts ayant des titres d'ex-officiers supérieurs, des psychologues experts en crises, parfois, quelques hommes de terrain commentant des faits, des images et des paroles de journalistes. Par chance, ils sont souvent sauvés par un court bulletin, une petite information qui relance la machine. Alors ils peuvent reprendre le laïus, en incorporant l'information nouvelle, régulièrement redondante et souvent inutile.

Tout ça pour faire du temps d'antenne. Le but n'est pas que ce soit bon, mais de meubler entre les flashs de nouvelles. Dire qu'un AK47 est une arme d'assaut dangereuse, dire que les hommes du SWAT ont abattu des suspects et qu'ils étaient préparés, dire que les gens sont stressés et qu'ils en resteront marqués. Si on ne l'a pas compris, c'est qu'il y a un problème avec notre perception des choses.

Alors, il reste à meubler et laisser courir la trotteuse. Les stations de télé ont une liste d'expert en tout. Pas besoin d'être bon, mais d'appellation contrôlée. Quelques-uns sont très bons, d'anciens hommes de terrain, des gens possédant une certaine expertise et expérience. Par contre, plusieurs et je ne suis pas le seul à le remarquer, n'ont strictement rien à dire. Alors ils répondent de façon à ne pas être mis en boite, expriment avec beaucoup d'aplomb, des banalités insipides. Cette façon de faire n'est pas nouvelle, nous la voyons de plus en plus et partout. Ne pas appeler un chat, un chat, devient la norme.

Mis à part le pauvre journaliste sur le terrain, qui se doit de trouver l'info à donner, le reste de toute cette belle présentation, n'est qu'attente. Entre temps, trouvons les experts, faisons-les dire pratiquement n'importe quoi, pourvu que ça se tienne. La pauvre commentatrice doit trouver une question qui fera faire du temps d'antenne, comme celle-ci: comment pensez-vous que les policiers du groupe se sentent lors d'un assaut? Comment se préparent-ils? Que répondre? On fait quand même un long trois minutes avec le sujet et pendant ce temps, on prépare une nouvelle question tout aussi insipide pour le prochain intervenant.

À qui la faute? Nous avons accepté que des cartels médiatiques se divisent des chaines de nouvelles en continu. Ces chaines, il faut les nourrir. Alors comme dans un buffet, on nous sert des plats qui deviennent rapidement du réchauffé, servis par des experts en babillages, qui comprennent qu'ils n'auront rien à dire de spectaculaire. Ils seront bien mis, car il faut paraitre crédibles. Pour le reste, le bon peuple n'aura qu'à écouter d'une oreille inattentive, en attendant un développement de l'affaire en cours. Une nouvelle donnant quelques heures d'antenne fait maintenant deux jours. C'est l'essence même de la nouvelle façon de vendre l'information. Étourdir l'auditeur par un flot continu, le gaver à en vomir. Alors, soyons rassurés, les pseudo-experts de ce monde, auront encore du travail pour longtemps.

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