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Les virus parasitaires

Toutes les moyennes et grandes villes ont ce même système, les virus parasitaires. Ils sont habillés en gris ou en noir, ont de petites voitures qui clignotent. Ils frappent sans arrêt, du matin à la nuit, sans discernement ni intelligence. Le règlement, c'est le règlement.
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Toutes les moyennes et grandes villes ont ce même système, les virus parasitaires. Ils sont habillés en gris ou en noir, ont de petites voitures qui clignotent. Ces virus laissent leur cerveau à la maison, ils n'en ont pas besoin. Ils frappent sans arrêt, du matin à la nuit, sans discernement ni intelligence. Le règlement, c'est le règlement. Ça donne des contraventions contestées, qui vont à la poubelle. L'idée est que 80 % des citoyens n'iront pas les contester et ils remplissent les quotas. Oui, ces fameux quotas, nous en sommes là.

Vous me direz qu'on a besoin d'ordre, sinon ce serait le bordel. Oui, de l'ordre, pas du harcèlement, pas du remplissage de coffres. Donner 40 billets à des citoyens, quand on sait que ça va faire crier et se défendre par « c'est le règlement », et que par la suite, la ville annule le tout, bonjour l'intelligence.

Dans les années 60 et 70 à Montréal, la police avait le monopole des billets de stationnement. La Ville trouvait que ça ne rapportait pas beaucoup. Les flics de l'époque, sauf ceux de la circulation, préféraient attraper des voleurs, ils croyaient bêtement que c'était leur travail. Alors naquirent les affreux « bonshommes verts ». La Ville allait enfin renflouer ses coffres.

À partir de ce jour, tout citoyen délinquant allait devoir débourser pour ses fautes et, dans sa grande sagesse, la Ville adopta des enseignes contradictoires et incompréhensibles, des vignettes de stationnement, des lignes jaunes pour réduire un peu plus les espaces, des stationnements réservés aux corps diplomatiques, à la police, aux véhicules d'urgence, aux handicapés et j'en passe. Les parcomètres furent changés tout autant que les tarifs ; et les virus furent libérés.

Puis, dans les années 2000, la nouvelle police, celle qui s'est rapprochée du citoyen, fut frappée à son tour par ce virus. La « quotatite » venait d'apparaître. Ce virus parasitaire fait maintenant partie de notre quotidien, peu importe si un citoyen doit attendre plus de trois heures lors d'un appel - oui, c'est arrivé à une amie, pas plus tard qu'il y a trois semaines. Le quota de billets est fait et le commandant est heureux.

Juste ce dimanche dernier, sur une petite rue peu passante, à huit heures du matin, un affreux citoyen a laissé son véhicule du mauvais côté de la rue. Ce terrible crime lui aura coûté 52 $. La jeune policière faisait juste son travail. Les officiers seront contents d'elle. Tout comme pour l'autre, à la même heure, mais en semaine, à l'affût caché contre un mur sur la rue Prince-Arthur pour attraper des cyclistes délinquants allant au travail. La faute ? Traverser un endroit totalement désert, sans descendre de la bicyclette. Quel beau geste de rapprochement.

Les affreux bonshommes sont payés pour rapporter des dollars dans les coffres, c'est leur travail. Ce n'est ni prestigieux ni valorisant, mais tout comme les virus, ils ne font pas dans la dentelle et ne sont pas là pour protéger ou renseigner le public. Ils verbalisent, un point c'est tout. Cette façon de faire n'est pas surprenante, ils sont payés pour ça. Mais pourquoi donc poussons-nous maintenant les policiers à faire la même chose ? À moins que certains aient choisi la facilité ?

Je me souviens quand j'étais sergent de belles engueulades avec mon lieutenant. Je soutenais que mes hommes avaient un devoir de protéger et assainir le secteur, pas de donner des billets. Déjà à l'époque se dessinait une certaine vision de ce que la police est aujourd'hui devenue. Des verbalisateurs sans jugement ni compassion. Bon, mettons-y un bémol, il y a encore des flics qui résistent, mais ils ne sont pas bien vus.

La question que je me pose est celle-ci : pourquoi demander le cégep, prendre les plus futés de la classe et les entraîner à Nicolet, pour finir par donner des billets comme les affreux « bonshommes gris ? »

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