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Les policiers québécois sont-ils «incompétents et violents»?

Je sais, on me dira que les policiers sont payés pour ce travail, mais soyons honnêtes: qui aurait aimé être là soir après soir durant le Printemps érable, à se faire baver, écœurer, bousculer et se faire dire de ne pas perdre patience? Je ne sais pas pour vous, mais pas moi!
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Un article du Journal de Montréal, publié le 23 novembre 2013, m'a fait tiquer. Il nous dépeint les policiers du Québec comme incompétents et trop violents. N'en déplaise à mon ami Stéphane Berthomet, ex-policier français et auteur d'un livre sur la question, je ne peux être totalement en accord avec lui.

L'auteur aurait étudié les manifestations du Printemps érable et en serait venu à cette conclusion : les policiers québécois sont «incompétents et violents». Ils emploieraient des «méthodes inefficaces» en faisant une «surutilisation de la violence» et manqueraient «d'imputabilité».

Je ne parlerai pas de l'affaire Victoriaville: je n'y étais pas et la S.Q. n'est pas l'entièreté de la police (mais ce n'était pas joli). Je parlerai donc de Montréal.

Dans la métropole, j'ai moi-même suivi à pied et à vélo, caméra à la main, plus d'une quinzaine de ces marches diurnes et nocturnes. Je me suis mêlé à la foule, j'ai marché avec elle jusqu'a 4h du matin. J'ai été à même d'étudier le comportement des deux entités s'affrontant sur le terrain.

Dans la grande majorité des cas, les policiers ont été exemplaires de patience et de retenue:

- J'ai vu des policiers se faire entourer de manifestants agressifs, tout en demeurant stoïques.

- J'ai vu des policiers demander poliment à des manifestants de ramasser des cônes qu'ils avaient lancés en direction de citoyens.

- J'ai vu des policiers en rangs, se faire insulter comme du poisson pourri.

- J'ai vu des policiers parlementer avec des jeunes manifestants, alors que ceux-ci se tenaient debout sur des murets de protection à l'entrée de la 740. Ces policiers s'inquiétaient, car les jeunes auraient pu faire une chute de plusieurs mètres.

- J'ai vu des policiers demander avec courtoisie de mettre fin à la manifestation vers les quatre heures du matin, coin Saint-Joseph et Saint-Denis.

- J'ai vu un inspecteur que je n'aime pas particulièrement, engager des discussions avec les meneurs des manifestants et ceci avec beaucoup de respect.

- J'ai aussi vu pierres et bouteilles, voler en direction des policiers.

Il y aura aussi la policière 728; deux autres frappant un homme plus âgé; une jeune policière jetée par terre, après une gaffe au poivre de Cayenne; un policier m'aborder en disant «Viens pas dans mon carré de sable!». Un autre me faire des gros yeux.

Des centaines de policiers, soir après soir, jour après jour, ont dû affronter tout ce qu'il y a de meilleur et de pire dans une foule. Qu'il y ait eu des débordements est presque inévitable. Nous parlons ici d'individus et non de groupe. Des policiers n'étant pas à leur place? Peut-être, possible. De là à qualifier la troupe d'incompétente et brutale, il y a une marge.

Regardons les manifestations en France, en Angleterre, en Allemagne, en Grèce. Je ne suis pas sur que ces policiers auraient fait mieux ici.

Les policiers ont des ordres qu'ils doivent respecter et nous, les citoyens, devons comprendre qu'il est de notre devoir en tant que manifestants ou non, de respecter ce qui nous entoure. Ceci comprend les gens qui ne pensent pas comme nous et les policiers qui protègent à la fois marcheurs, badauds, touristes, mécontents, conducteurs, propriétés.

Convenons ensemble que des deux côtés, il y a eu des excès. Que dire? Devons-nous traiter les manifestants d'incompétents et de brutaux. Le Printemps érable fut un moment d'exception, d'une durée exceptionnelle. Vous pouvez juger sévèrement un groupe d'hommes et de femmes qui soir après soir, ont balisé des marches pas toujours aussi pacifiques qu'on le dit.

«Quand des manifestants demandent aux policiers de partir et de les laisser faire ce qu'ils veulent, c'est ouvrir la porte à l'anarchie.»

On peut traiter des policiers d'incompétents lors de certaines situations où ils le sont. Mais encore une fois, il s'agit de cas d'espèce et non de généralités. Ils pourraient être mieux entrainés, sûrement. Souvent, les ordres ne venant pas, ils doivent se débrouiller. Alors, retournons les décideurs policiers à l'entrainement. À mon époque, l'officier était devant la troupe, pas au bunker télévisé à regarder la parade.

Je sais, on me dira que les policiers sont payés pour ce travail, mais soyons honnêtes: qui aurait aimé être là soir après soir, à se faire baver, écœurer, bousculer et se faire dire de ne pas perdre patience? Je ne sais pas pour vous, mais pas moi!

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