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Un flic normal aura à gérer plus d'un millier d'actes de violence au cours de sa carrière. Il verra des dizaines de cadavres de toutes sortes, suicides, meurtres, maladies, accidents.
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Finalement, qui veut ce job?
heliopix via Getty Images
Finalement, qui veut ce job?

Une vie de flic a toujours été et restera une vie hors normes. Une vie de stress constant, une vie de rencontres mortelles, une vie côtoyant parfois le meilleur, mais surtout le pire de l'homme.

Un flic normal aura à gérer plus d'un millier d'actes de violence au cours de sa carrière. Il verra des dizaines de cadavres de toutes sortes, suicides, meurtres, maladies, accidents. Parfois, des cadavres gonflés par des mois d'abandon, d'autres sans tête, il verra des enfants sans vie, des scènes atroces qui lui colleront à la peau jusqu'à sa mort. Il aura à affronter des malades mentaux et des drogués complètement disjonctés. Il se fera pointer une arme à feu ou un couteau à quelques reprises dans ses trente ans de travail. On s'en servira pour mater des manifestations, recevoir des briques, bouteilles et tout ce qui peut servir de projectile. Il se fera régulièrement insulter: cochon, chien, poulet, toute la ferme y passera et maintenant, il faut ajouter chienne, truie, salope et pute au vocabulaire de la rue. Il aura à s'accommoder d'une vie sur des quarts de travail, sur des fins de semaine de travail, sur des Noëls ou jours de l'an assis dans une voiture de flic. Ils auront une moyenne de vie de 59,7 ans. C'est pratiquement du masochisme.

Le flic ne devra pas être impoli, devra garder la tête froide, rapidement prendre une décision pouvant l'amener devant la cour ou la déontologie.

Le flic ne devra pas être impoli, devra garder la tête froide, rapidement prendre une décision pouvant l'amener devant la cour ou la déontologie. Il sera exemplaire en tout. Car le flic est ce que la société considère comme un mal nécessaire. Il est pour une majorité de citoyens, le chien de garde de l'état. Il est l'empêcheur de tourner en rond. Celui qui nous interdit certains comportements, celui qui sévit en donnant des contraventions où fait des arrestations.

Pourtant, à toutes les fois que quelqu'un me dit « Ils sont formés pour ça», je réponds que personne n'est formé à la vie, pourtant tout le monde vit. On dira aussi qu'avec le salaire qu'ils font, ils devraient être professionnels. Que d'autres faisant moins d'argent ont les mêmes vies. Possible, mais peu probable.

Vous prenez des post-adolescents sortant du CÉGEP, en technique policière vous leur donnez un cours d'environ 15 semaines* et ils sont maintenant des flics. Formés? Vous voulez rire. Combien de tous les travailleurs ayant reçu une formation, se sentent prêts à accomplir la tâche pour laquelle ils ont étés formés!

Un flic devient un bon flic au bout d'au moins sept années de service, c'est le temps de maturation d'un post-ado et la somme de toutes les expériences accumulées.

Être formé, c'est de travailler sur le terrain avec un mentor, c'est de faire quelques erreurs, c'est d'aller vomir les premières fois que tu ramasses un cadavre décomposé, c'est d'hésiter parfois même si ta vie en dépend. Un flic devient un bon flic au bout d'au moins sept années de service, c'est le temps de maturation d'un post-ado et la somme de toutes les expériences accumulées. C'est comme ça dans toutes les sphères de notre société.

La plupart des travailleurs sont formés pour leur travail, pourtant quelques fois, on ne le dirait pas. On demande beaucoup plus des flics, ils sont plus visibles, ils sont plus en demande. Tout le monde regarde et juge: Moi j'aurais fait ça comme ça... Il n'aurait pas dû faire ça comme ça, il a été mal poli.

Ouais, ils sont payés pour ça! Une chance qu'il y a toujours des gens assez stupides ou bêtement motivés, pour s'engager dans un job qui bouffe presque toutes leurs énergies, qui leur font recevoir toutes ces énergies négatives. Qui lentement mais sûrement les rend cyniques et souvent déprimés. Si vous donniez le choix de partir à 25 ans de service, la majorité des flics déguerpiraient tant ils sont usés, autant par le public que par les guerres internes et la misère qu'ils ont côtoyée.

Le post-traumatique c'est bon pour les soldats, les victimes de crimes sanglants. À mon époque, 80% des vieux flics buvaient leurs émotions. Pas surprenant que 70% des mariages de flics finissent dans le caniveau.

Il y a ceux qui ne sont pas à la bonne place, plus ou moins 5 à 7%, ils ont malheureusement été choisis. C'est comme ça dans tous les corps de métier, l'erreur est malheureusement humaine.

Finalement, qui veut ce job?

Selon la Loi sur la police (RLRQ, chapitre P-13.1, r.4), l'École nationale de police du Québec a l'exclusivité de la formation initiale du personnel policier permettant d'accéder à la pratique de patrouille-gendarmerie.

Le programme de formation initiale en patrouille-gendarmerie a pour objectif de préparer l'aspirant policier à intervenir adéquatement et efficacement dans le contexte des opérations policières.

La durée de ce programme est d'un minimum de 450 heures, réparties sur 15 semaines.

Les candidats inscrits résident obligatoirement sur le campus pendant toute la durée du programme. L'internat permet un meilleur encadrement éducatif et favorise le développement du sens des responsabilités, du leadership et de l'esprit d'équipe.

Avril 2018

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