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Monsieur Coiteux, si les policiers portent des pantalons de bouffon, c'est qu'ils n'ont pas d'autres moyens de pression. Vous le savez et ils le savent.
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Il y a maintenant près de deux ans, que les policiers portent les habits de bouffon tandis que les négociations stagnent. qu'avec Québec et les villes. On ne peut pas dire que dans ce cas, le patronat tente de régler rapidement le conflit. Dernièrement, le ministre Coiteux laissait entendre que si les policiers retrouvaient l'uniforme, ils auraient son oreille attentive. Donc, de par cette déclaration, il vient d'exposer la stratégie de son gouvernement : « Soyez bons citoyens, laissez-vous tondre et rentrez dans le rang ». Faut être un peu bébête pour y croire.

Monsieur Coiteux, si les policiers portent des pantalons de bouffon, c'est qu'ils n'ont pas d'autres moyens de pression. Vous le savez et ils le savent. Ils ne peuvent donner moins de billets, ils seront ramassés en cour par les villes. Les policiers ne peuvent débrayer, ils n'en ont pas le droit. S'ils suivent les directives à la lettre : « Ne pas rouler plus que la limite permise, s'immobiliser aux feux de circulation » alors que la vie d'une personne en dépend, ils seront blâmés; et avec raison. Que leur reste-t-il? Rien ou peu de choses... Des pantalons de bouffon.

Richard Martineau peut bien déchirer sa chemise, il n'a pas l'idée de ce que peut être la désobéissance civile. Il était trop jeune en octobre 1969, lors de la grève des policiers de Montréal.

Les dernières grèves que j'ai vécues ressemblaient à celle-ci. Quelques marches, des cris, des habits de bouffons, les enquêteurs en jeans... Et? Deux ou trois ans plus tard, mine de rien, les villes négociaient, car elles avaient économisé assez pour en donner un peu. Vous savez, ces augmentations de 1 % la première année, 1,5 % la deuxième, 1,5 % la troisième en vous vendant ça comme 4 %. Le patronat utilise cette stratégie depuis les années 80. Au SPVM, quand vient le temps des doubles négociations salaire/fond de pension, la partie patronale laisse entendre qu'elle aimerait gérer ce fonds. Quand on voit comment elle gère le reste, ce n'est guère rassurant *.

Lorsque les policiers pouvaient faire un semblant de grève, les « services essentiels » exigeaient plus de policiers au travail que ce que la ville offrait à ses citoyens en temps normal.

Le litige ne porte plus sur des augmentations de salaire, mais sur des diminutions de fonds de pension. Il porte aussi sur cette loi qui donne aux villes le droit de régler les négociations unilatéralement. Pour ceux qui travaillent pour des compagnies privées, les salaires ne se négocient pas toujours dans l'harmonie, mais en général, lors d'une grève, la compagnie souffre du manque à gagner tout autant que ses employés.

Je ne suis pas pour les pantalons de bouffon, mais je les accepte. Sans ce timide moyen de pression, il ne reste que la soumission.

Je sais, les policiers font de bons salaires, ils ont de bons fonds de retraite, de bonnes conditions de travail. Faut-il alors casser du sucre sur leur dos, car ils ont plus que plusieurs salariés? À ce compte-là, frappons les médecins, les pharmaciens, les dentistes, les avocats à 350 $ de l'heure, les hauts fonctionnaires et pourquoi pas tous ceux ce qui font plus de 75 000 $ par année. On appelle ça niveler. Pourtant, personne ne s'étonne des salaires donnés aux banquiers. Ni de ces ex-députés, ministres, premiers ministres, à qui le gouvernement donne des postes d'enquête, de conciliateurs, de médiateurs, de facilitateurs; des centaines de milliers de dollars pour un mois ou deux de travail.

En 1917, en Russie, Lénine a décidé que tous auraient le même salaire. Et comment cela s'est terminé?

Tout ça pour dire que ceux d'en bas veulent la justice sociale et ceux d'en haut la paix sociale. La société s'était dotée de mécanismes régissant les conflits et qui fonctionnaient assez bien. En changeant unilatéralement les paramètres, cette société gouvernementale a ouvert une boite de Pandore. Il fallait trouver des coupables pour nos malheurs. À Montréal, il ya 59 élus de trop comparé à Toronto, un tout petit 6 millions par année. Il y a aussi les contrats aux amis et les magouilles en millions de dollars. Sans parler de la mauvaise gestion des fonds de pension, qui force à trouver un bouc émissaire, un groupe n'ayant que peu de moyens de pression à sa disposition et qui, de par ses fonctions, n'a pas l'appui des citoyens.

Je ne suis pas pour les pantalons de bouffon, mais je les accepte. Sans ce timide moyen de pression, il ne reste que la soumission.

* À partir de la fin des années 70, la Communauté urbaine de Montréal a adopté cette façon de faire. Donc la rétroactivité se paye de la même façon. Des économes de plusieurs millions de dollars. Dans le cas des fonds de pension, la Fraternité des policiers gère le fonds et fait régulièrement des surplus. Ceux-ci ont permis à la ville un congé de paiement de cinq ans.

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Mai 2017

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