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Maintenant, les gangs peuvent sans même se déplacer, solliciter les jeunes filles à faire, ce qu'elles ne feraient ordinairement pas et papa, maman ne peuvent être partout et tout surveiller.
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Depuis quelques semaines, Facebook et autres médias sociaux diffusent un tas de photos de jeunes filles, qui ont décidé de fuguer de centres d'accueil ou de la maison.

Commençons par dire, que si la jeune personne qu'elle est est dans un centre d'accueil, c'est qu'au départ, ça ne va pas bien à la maison.

Un centre d'accueil n'est pas un garage ou le mécanicien fixe le cerveau et vous appelle pour reprendre l'ado en crise ou en refus d'autorité. Vous pouvez être sûr que ça ira encore plus mal, avant que ça aille mieux. De là les fugues. Quand une mère pourfend les autorités, la police, les services sociaux, on a à penser que si elle a des difficultés avec un ou une jeune, au centre d'accueil un moniteur en à quatre ou cinq à maitriser.

Ceci dit, le phénomène des fugues n'est pas nouveau. Dans les années 80/90, mon ami Marty Croitoru policier spécial de Shawbridge, venait au moins une fois par semaine avec une demande d'aide. Nous allions cueillir plus d'une centaine de jeunes fugueurs et fugueuses par années, oui, car beaucoup fuguent avec d'autres fugueurs et souvent ils doivent vivre par des moyens illégaux. Le vol, la danse dans les clubs, la prostitution, la fraude.

Plusieurs deviennent des proies faciles pour les gangs de rues. D'autres plus chanceux sont ramenés chez les parents, ou dans les centres de détentions pour jeunes.

Marty et moi écumions les stations de métro, les arcades, la «Main», les motels de la rue St Jacques et partout où nous avions de l'information. Pas besoin de section spécialisée, deux gars assez fous pour affronter des ti-culs de gangs de rue, profitants de filles devenues vulnérables.

Notre nom était tagué un peu partout sur les murs de la détention de Shawbridge, c'était à l'époque où un policier enquêteur pouvait décider de prendre de l'initiative.

Quelques exemples typiques: arrêter le départ d'un train en gare à Dorval pour y arracher deux jeunes de leur siège. Ils allaient disparaitre dans l'Ouest canadien. Une jeune fille de treize ans, enceinte, ramassée à Buffalo en pleine prostitution. Cinq fugueuses devant faire la pute, sans pouvoir sortir des chambres de l'hôtel, sur St Laurent et Ste Catherine. Nous avions même fait un arrangement avec quelques skinheads, ils nous ramassaient des filles en fugue et nous allions les chercher, moyennant quelques dollars et un peu de brassage, pour mousser leur réputation. Nous avions aussi nos entrées avec les filles de la «Main», qui peut être mieux informée qu'une fille de la rue?

Les fugues existent depuis que les jeunes existent. Il en est de même pour la prostitution et les gangs. Ce qu'il y a de nouveau, ce sont les moyens de communication, ces nouvelles chaines de plus en plus tentaculaires. Maintenant, les gangs peuvent sans même se déplacer, solliciter les jeunes filles à faire, ce qu'elles ne feraient ordinairement pas et papa, maman ne peuvent être partout et tout surveiller. Ce qui devient troublant, c'est l'âge de plus en plus bas des jeunes filles désertant la maison ou pensionnaires des foyers d'accueil.

Les policiers travaillent en réaction, c'est normal, ils sont ceux qui tentent de retrouver les fugueurs. Ils auront beau cibler les stations de métro, ni les fugueurs, ni les membres de gangs, sont assez bêtes pour ne pas voir l'uniforme. Et, ce n'est pas quelques opérations ponctuelles, qui vont changer tout ça. Ce qu'il faut: des policiers en civil et des enquêteurs prêts à passer des heures de soir à arpenter les rues et les métros, se faire connaitre des jeunes, tout savoir et tout voir. Je sais que nos enquêteurs ont perdu ce réflexe, en fait ils ne l'ont pas acquis. Il est vrai que de travailler de 9 à 5, on se fonctionnarise.

Peut-être comme le disaient mes anciens patrons: t'es un loner! Et que c'est pour cela que j'avais du succès. Une chose que j'ai remarquée dans mes 30 ans de flicaille. Plus tu es nombreux sur une affaire, moins tu as de responsabilités individuelles.

Les fugueurs ne vont pas arrêter de fuguer, faut juste trouver un moyen d'intervenir efficacement, ça, c'est l'affaire de tout le monde et même des parents.

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