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Cédrika, une enquête qui a mal commencé

Quand un enfant de 8 ans disparait, présumer qu'il fait une fugue est une grossière erreur.
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Selon ce que l'on sait, dans les premières heures de l'enquête, les policiers de Trois-Rivières ont présumé qu'une petite fille de huit ans avait fait une fugue. Il faut comprendre qu'à partir de cette vision des choses, l'enquête se fait de façon différente. Les policiers ne vont pas mettre tous les moyens à leur disposition, pour retracer une possible petite fugueuse. Mon ancien professeur d'enquête, le capitaine Gimkas aurait dit: Si vous assumez au lieu de vous questionner, vous allez tout droit vers l'erreur. Posez les questions, écoutez les réponses, reprenez votre idée, retournez-la, explorez toutes les avenues... Mais faites vite.

Oubliez les 48 premières heures. Ce sont les premières minutes, d'une enquête qui décident souvent des résultats à venir. Je suis persuadé, que les policiers de l'époque se disent aujourd'hui: Nous aurions dû penser autrement et faire autrement. Bien sûr, ils n'ont pas l'expérience des plus grands corps policiers et même dans certains grands corps de police, il arrive que des enquêteurs oublient certaines règles essentielles de l'enquête.

Quand après 48 heures d'enquête, tu passes de force le bébé à la SQ, tu viens de retarder d'autant l'enquête en cours. Pire, dans ce cas d'espèce, c'est la SQ qui s'invite dans le dossier tassant du même coup les enquêteurs dans le dossier. Pendant ce temps, un kidnappeur a le temps nécessaire pour effacer les preuves.

Petite histoire de routine.

1977.

Centre-ville de Montréal:

Un enfant de 9 ans n'est pas rentré de l'école. Il est 17h. La mère appelle les policiers. 17h45. Menée par le lieutenant de relève, une équipe d'une trentaine de policiers du secteur commence les recherches. 19h, la photo du gamin est diffusée sur toutes les chaînes de télé.

Des policiers sont spécialement au téléphone pour valider toutes les informations. Ce même soir, je fais sortir un gérant de caisse populaire pour vérifier une plaque qui n'est pas encore au CRPQ (centre de renseignement plaques du Québec). Les policiers travaillent sans arrêt jusqu'au matin. Finalement, le petit se pointe avec une dame qui n'étant pas amie de la mère, a omis de l'aviser que le mioche dormait chez elle avec son fils. C'est au matin en regardant le journal qu'elle a réalisé l'erreur. Bête, je sais. Mais tous les efforts y étaient. Les premières minutes de l'affaire avaient donné le ton. Il faut aussi avoir les moyens et le personnel nécessaire, ce qui n'est pas toujours le cas. Quand un enfant de 8 ans disparait, présumer qu'il fait une fugue est une grossière erreur. Je me disais toujours: Et si c'était mon enfant?

Je ne vais pas accabler de reproches les policiers de Trois-Rivières, ils le feront bien eux-mêmes. Je suis persuadé que depuis, ils traitent tous les cas de disparition avec beaucoup plus de vision globale. Il faut parfois un grand malheur pour changer les mentalités.

Pour Cédrika, il est possible que ça n'ait rien changé. Il est fort probable aussi que le meurtrier serait maintenant derrière les barreaux. Chose certaine, on aurait pu dire: Tout a été tenté, tout a été fait.

Maintenant il nous reste à espérer que l'enquête aboutisse et qu'elle apporte un certain apaisement.

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