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Si vous dénoncez, un minimum de courage s'impose. Tenez-vous debout et regardez les gens que vous accusez dans les yeux.
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Comme les réseaux sociaux acceptent les noms fictifs, pourquoi s'en priver?
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Comme les réseaux sociaux acceptent les noms fictifs, pourquoi s'en priver?

Depuis quelque temps déjà, on voit apparaître des accusations dans les médias, par des anonymes. Cette semaine, c'était au tour de huit comédiens de s'indigner contre des policiers voleurs de jobs. Je n'en ai pas contre la dénonciation, mais contre, l'anonymat de ses gens. Si vous dénoncez, un minimum de courage s'impose. Tenez-vous debout et regardez les gens que vous accusez dans les yeux. Vous vous sentez lésés, dites-le haut et fort. Comme j'ai déjà répondu à un ex-confrère, qui ne pouvait mettre un jean, alors que j'en mettais un, et qui s'en plaignait aux autres. «Où tu meurs debout, où tu vis à genoux». La personne visée a le droit de savoir de qui vient l'accusation. Sinon, ça reste du domaine du racontar, des échos de quartier et du ragot. Dans le temps, nous appelions ça de la médisance ou de la calomnie, c'était des péchés dans les années 60. Aujourd'hui, ça devient des nouvelles sur les réseaux sociaux.

La dénonciation est un acte grave. En Europe pendant la guerre, des gens ont été fusillés par la faute de dénonciateurs anonymes. Maintenant ici, on ne va pas fusiller, mais détruire une réputation est finalement tout aussi cruel et criminel.

Quand je vois dans les reportages télévisés, des dos et capuchons, des quarts ou demi-visages, des voix changées. Et, souvent pour parler de trucs pas très intéressants, comme: «oui nous sommes des voisins et il y avait du va-et-vient. On se doutait...» Promis, personne ne va savoir que vous étiez le voisin de gauche où de droite.

Puis le commentateur termine en disant «l'homme fut blessé au haut du corps». Peut-on être plus anonyme que ça? Peut-être... Un jour viendra où le commentateur dira: «L'être humain fut touché».

Pour moi, ces façons de faire relèvent de la pleutrerie. La peur de quoi, perdre son job? Perdre des amis, peur des représailles? Vous croyez que personne ne le saura? Juste pour ces comédiens délateurs, par l'entremise de la radio, la population savait le même soir qu'ils étaient anglophones. Quel secret!

Désolé, mais l'anonymat ne sert à rien d'autre qu'à déblatérer.

Jeudi matin le 8 février, dans le Journal de Montréal. «La moitié des enquêteurs de la S.Q. de l'UPAC veulent partir». Alors, pourquoi ne pas faire une sortie en règle? Nous les enquêteurs de l'UPAC, sommes prêts à partir à cause du climat qui y règne. Et tous les enquêteurs frustrés de cet état de fait, dans un seul bloc, dénoncent à visage découvert. Je l'ai fait à une certaine époque, face à mon département et aussi face à ma fraternité.

Ce n'est pas seulement là, lisez les médias sociaux. Les plus virulents des vilipendeurs, sont la plupart du temps, ceux avec des noms de plume. Comme si avec un nom fictif, les mots blessants ne venaient pas directement de l'auteur. Serions devenus collectivement un tantinet peureux?

Sans l'anonymat, il serait possible d'échanger et converser avec respect, où se payer une bonne engueulade, tout en sachant à qui nous avons à faire. Mais comme les réseaux sociaux acceptent les noms fictifs, pourquoi s'en priver?

L'anonymat est un vrai cancer, signé: quelqu'un qui vous veut du bien.

Avril 2018

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