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Il semble que la valeur des gens se dessine par «à qui je ressemble». L'Afrique et le Pakistan, c'est loin, mais pourrions-nous avoir au moins une pensée?
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Pâques 2016, Lahore au Pakistan : plus de 70 personnes, dont 40 enfants, meurent dans un attentat kamikaze. Il y a plus de 300 blessés. Ces victimes, chrétiennes comme nous tous, du moins ceux qui le sont. Ces morts n'auront droit qu'à des entrefilets page 32 et trois photos.

Pas de conférence de presse de premiers ministres, pas de drapeaux en berne, pas de «Nous sommes Pakistanais», pas de marche, pas de mouvements sociaux. Juste de l'indifférence.

J'imagine que, sortant à peine des attentats de Paris et Bruxelles, il est possible que nous ayons atteint notre quota de compassion et d'empathie.

Plus de 500 femmes africaines enlevées par des groupes terroristes, des villages entiers dévastés, des petites filles deviendront esclaves sexuelles, 86 enfants brulés par Boko Haram, les attentats de Beyrouth la même journée que ceux de Paris. Tout ça ne vaut pas une journée de nouvelles. Ils ont droit à quelques mots, servant à meubler les quelques minutes creuses d'antenne.

Pour nous, Nord-Américains et Européens, il semble que la valeur des gens se dessine par «à qui je ressemble» et non par «nous sommes tous des êtres humains».

L'Afrique et le Pakistan, c'est loin, mais nom de Dieu, pourrions-nous avoir au moins une pensée?

Désolé, je n'ai pas vu de différence entre les pleurs d'une mère à la vue de son enfant déchiqueté à Lahore et celle d'une mère pleurant le sien tout autant déchiqueté à Bruxelles. En fait, la différence est dans la vision que nous avons du monde. Cette vision déformée par les médias, nous confortant dans l'idée qu'à part un certain groupe social et ethnique, le monde est inintéressant, ou pire : sans valeur.

Nous avons un passé d'indifférence tout aussi cynique. Souvenez-vous du Rwanda, des images insoutenables de milliers d'enfants massacrés à la machette. Ça aussi, c'était loin et peu important. Il a fallu qu'un général tente de se suicider pour qu'on s'y intéresse.

Oui, ça me met en colère et j'aimerais que d'autres puissent aussi s'indigner. Regarder le sauvetage d'une biche sur Facebook et verser une larme, c'est attendrissant. Regarder mourir des enfants sans broncher, pire, ne pas les regarder, détourner la tête par égoïsme, ça devient criminel.

Nous pouvons toujours blâmer tous les terroristes de la Terre pour ces crimes contre l'humanité. Nous avons blâmé les nazis pour ces mêmes crimes. Mais nous, qui peut blâmer notre peu de compassion, notre inaction, notre aveuglement? Regarder des gens prendre des selfies lors d'événements pareils n'est pas de la compassion, c'est du voyeurisme. Ne pas s'offusquer contre tous les attentats, où qu'ils aient lieu, c'est donner un prix à un, et pas à l'autre. C'est croire que des citoyens de deuxième, même de troisième classe existent.

J'ai parfois la désagréable impression que nous vivons comme des petites souris dans un vivoir, des petites souris qui regardent le serpent repu en se disant : «Ouf, ce n'était pas moi cette fois».

Pourtant, un jour...

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