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2016, une année difficile pour le système judiciaire au Québec

L'année qui vient de passer fut tout sauf tranquille pour notre système judiciaire. Il y aura eu les incroyables mises à la porte d'un tas d'accusés vedettes et un tas de remises de peine pour les autres, tout ça parce que la Cour suprême coupe dans les délais et que Québec coupe dans les budgets.
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L'année qui vient de passer fut tout sauf tranquille pour notre système judiciaire. Il y aura eu Val-D'Or et son enquête sur la Sûreté du Québec, qui deviendra Val-D'Or et sa nouvelle enquête... sur le racisme. Il y aura eu les incroyables mises à la porte d'un tas d'accusés vedettes et un tas de remises de peine pour les autres, tout ça parce que la Cour suprême coupe dans les délais et que Québec coupe dans les budgets.

Comment voulez-vous être pris au sérieux? Pour ceux qui ont manqué la nouvelle, un Hells vient de prendre sa retraite et retirera 10 000$ par mois. Nous, les contribuables, avons payé 45 M$ pour les procès avortés. Merci à tous ces chers ministres de la Justice, qui ont confortablement dormi au gaz.

Il y aura aussi les quelques scandales: les journalistes sous écoute par le SPVM, qui ne le dévoilera que pour avoir été pris la main dans le sac. Ceci conduira à de l'écoute par la SQ, puis par la GRC et le SCRS. Parlant d'écoute, le chef de la prestigieuse section «Boeufs carottes»*, se fait lui-même enregistrer par ses policiers lors d'une conversation pas très élégante. Il se fait même enquêter pour des mandats de perquisition disons pour le moins créatifs. Un autre cadre, Mario Guérin, se fait lui aussi enregistrer à son insu, en invoquant la chasse aux grandes langues jasant avec les journalistes. Puis, vient le tour du chef lui-même, avec ses billets de contraventions. On ne peut pas dire que la confiance règne au sein de cette police qui est «la meilleure au monde.»

On ne peut oublier les procès des ex-dirigeants de la SQ, ceux qui auraient probablement pris quelques dollars dans une certaine caisse occulte. Quand je dis quelques dollars, c'est un euphémisme. Cette petite caisse servait aux amis; il faut croire que l'exemple venait de plus haut.

Et là, en fin d'année, lors de la fusillade du 31 décembre dernier, on apprend que des policiers ont monté un dossier béton contre un dangereux individu membre d'un gang de rue et que la direction n'en a pas tenu compte. Ce même bonhomme tire quatre coups de feu en direction des policiers, avant d'être lui-même blessé. Ils auraient peut être dû donner des tickets à la place de faire de la police, les patrons auraient apprécié.

Par chance qu'à Montréal, en 2016, les meurtres sont à leur plus bas. Rassurez-vous, ça ne va pas durer. En laissant les portes des prisons grandes ouvertes, les ennemis naturels vont tout simplement continuer la guerre des territoires.

2017, semble-t-il, ne sera pas meilleure. Nous sommes le 4 janvier et un policier vedette de la SQ vient d'être suspendu pour avoir consulté illégalement le Centre des renseignements policiers du Québec**, ce qui se faisait régulièrement dans les années 90. Puis, on aura le même gouvernement, pire... un autre au fédéral ne sachant que faire de cette promesse de légalisation de la marijuana. Au SPVM, le même directeur aussi servile, protégeant ses amis. Une possible enquête sur des fuites, car ça, c'est important. Des changements dans les cours de justice... Oui, on ajoute des portillons sécurisés, car ça, c'est important. Quelques procès se terminant en queue de poisson et quelques $$ pour fermer des gueules, ça aussi, c'est important... L'image.

C'est bien qu'il y ait 19-2 et District 31, ça nous fait rêver.

*Bœuf carotte: Nom que donnent les corps policiers français à la section discipline. Ici, nous les appelons les valises. Pour la plupart, ce sont des policiers de 9 à 5 les fins de semaine, en congé et qui, pour la plupart, n'avaient pas beaucoup d'amis avant et encore moins après.

** CRPQ: Les policiers le consultent pour connaitre les dossiers criminels, les disparitions, les fugues, les plaques d'immatriculation. Jusque dans les années 2000, il était toléré que des policiers puissent consulter cette base de données et donnent certaines informations à des enquêteurs privés.

Cette pratique est courante dans plusieurs états aux États-Unis. Il en coûte environ 50$ aux détectives privés. Ceux-ci peuvent même consulter l'enquête faite par les enquêteurs de police.

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Patrick Lagacé (La Presse)

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