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Tout ce cirque médiatique autour de ce non-événement nous rappelle à quel point ceux qui ne se sentent pas concernés par la chose doivent subir cet immense Grand-Guignol qu'est la monarchie britannique. Une institution digne des plus grandes productions hollywoodiennes avec ses chars, ses chevaux d'apparat et ses soldats de plomb qui sert à quoi au juste, sinon à célébrer la domination d'un clan dont les membres n'ont aucune autre qualité particulière que d'être nés sous une bonne étoile.
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Les descendants des orangistes canadiens, les habituels colonisés du tape-à-l'œil et autres adeptes de la clique des clones d'Elvis Gratton, Stephen Harper et au moins un ancien cynique ne se contiennent plus: Kate Middleton, la femme du prince William, a accouché d'un bébé royal.

Oui mesdames, messieurs, un vrai bébé, un garçon à part ça (ça a plus de valeur dans la monarchie), avec des bras pis toute. Comme des milliards de femmes l'ont fait avant elle sans flash ni flafla. Des femmes qui, bien sûr, n'appartenaient pas à une quelconque aristocratie.

Que la duchesse de Cambridge mette un enfant au monde est bien évidemment une heureuse nouvelle. Mais tout ce cirque médiatique autour de ce non-événement nous rappelle aussi à quel point ceux qui ne se sentent pas concernés par la chose doivent subir cet immense Grand-Guignol qu'est la monarchie britannique. Une institution digne des plus grandes productions hollywoodiennes avec ses chars, ses chevaux d'apparat et ses soldats de plomb qui sert à quoi au juste, sinon à célébrer la domination d'un clan dont les membres n'ont, comme Paris Hilton aux États-Unis, aucune autre qualité particulière que d'être nés sous une bonne étoile.

Pouvoir symbolique ?

«Il ne s'agit que d'un pouvoir symbolique qui n'a plus aucune emprise sur les cours des décisions politiques», diront avec une certaine condescendance les observateurs amusés par la chose en regardant ceux qui s'indignent de cette opulente mascarade.

Pourtant, grâce à une mise en scène finement entretenue entre le prestige et la proximité de membres devenus des figures médiatiques au même titre que les starlettes à gogo, ce pouvoir dit «symbolique» entretient le consensus erroné selon lequel une élite au pouvoir immanent, qu'il soit monarchiste ou financier, est mieux placée pour diriger le destin de la Cité que ne saurait l'être les représentants du peuple eux-mêmes.

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La monarchie cautionne aussi, à la façon d'un conte de Walt Disney, la reproduction des inégalités et le luxe tapageur dépourvu de toute conscience morale.

Que certaines œuvres de charité soient mises en place par cette organisation ne fait que participer, en leur procurant un verni d'humanisme et encore plus de visibilité médiatique, au phénomène de vedettisation des membres de la famille royale.

C'est au nom de la monarchie que le premier ministre Stephen Harper a fait retirer deux tableaux du maître québécois Alfred Pellan du foyer du ministère des Affaires étrangères, pour les remplacer par des portraits d'Élizabeth II, une dizaine de jours avant la visite du duc et de la duchesse de Cambridge en 2011.

Une décision néocoloniale des plus insultante qui en dit long sur la flagornerie des conservateurs et sur le pouvoir soi-disant «symbolique» de la monarchie.

Que des sujets britanniques célèbrent la gloire d'un passé colonialiste, qui au fond ne servait que les intérêts des élites, ne m'étonne guère. Mais que des personnes nées au Québec s'extasient devant cette institution qui représente le mépris incarné par l'odieux rapport Durham, la conquête par les armes, notre asservissement collectif et notre minable statut de sujets de la couronne britannique, dont les membres sont les descendants de grands dictateurs européens, me dépasse complètement.

C'est vrai qu'au pays du «Je me souviens», on ne se souvient de rien du tout.

Mais au fond, tous ces rois du hot-dog, ces reines de la poutine et ces princes de la décoration qui nous entourent ne démontrent-ils pas que les Québécois possèdent un vieux fond monarchiste?

Pour ma part, entre la reine d'Angleterre et celle de la poutine, je préférerai toujours la seconde. Au moins, sa camelote a bon goût.

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