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Les jeunes ne semblent pas découragés par l’abondance de séries disponibles sur Internet

Il se produit beaucoup de séries, mais pour le spectateur au Québec, toutes ne sont pas accessibles.
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En plus des contenus exclusifs et du tarif d’abonnement accessible, les jeunes apprécient le côté pratique de Netflix.
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En plus des contenus exclusifs et du tarif d’abonnement accessible, les jeunes apprécient le côté pratique de Netflix.

Dans un article paru dans La Presse le 6 juillet dernier, Hugo Dumas expliquait que l'abondance de séries télévisées captivantes diffusées via les chaînes télévisées, le câble et les plateformes payantes de vidéo à la demande pourrait décourager les spectateurs. C'est un fait, l'offre de séries (et celles-ci ne sont pas seulement télévisées) progresse au Québec et surtout aux États-Unis où le nombre de séries originales, toutes plateformes et tous réseaux confondus, est passé de 210 en 2009 à 455 en 2016 selon une étude commandée par FX Networks Research. À cela, s'ajoutent les séries britanniques, australiennes, scandinaves ou encore françaises, dont la production est aussi en hausse, et qui sont de plus en plus accessibles au spectateur connecté. Et l'offre n'est pas près de se tarir, car à l'heure où les séries figurent parmi les divertissements les plus populaires, la concurrence s'accroît sous la pression des acteurs du Web qui misent sur la production de contenus originaux pour attirer les spectateurs.

Dans ce nouvel univers de consommation, il est impossible de tout voir et difficile de faire des choix. La profusion de l'offre constituerait d'ailleurs un défi pour les critiques qui développent différentes stratégies pour sélectionner les contenus à chroniquer, au-delà des productions dont il est difficile de ne pas parler (voir sur la question, le podcast de Benjamin Campion et sa chronique dans Libération, parties 1 et 2).

Le spectateur est-il découragé pour autant?

Pas nécessairement. Les résultats d'une recherche que nous menons au Québec depuis 2014, pour documenter les pratiques de visionnement connecté des jeunes de 12 à 25 ans, montrent que ceux-ci considèrent l'abondance de séries comme un plus. En ligne, mode de visionnement que les jeunes sont de plus en plus nombreux à privilégier , ils ont le sentiment d'accéder «à toutes les TV du monde». Dans les faits, comme l'explique Arthur,16 ans : «depuis (qu'il est) passé en ligne, (il s'est) tourné vers l'anglais, (et) regarde surtout des séries américaines».

Alors, comment expliquer ce constat que dressent critiques et diffuseurs concernant le désarroi du spectateur face au phénomène de la «peak TV», caractérisé par l'enchainement des nouveautés ? Les jeunes y échapperaient-ils ?

Il se produit beaucoup de séries, mais pour le spectateur au Québec, toutes ne sont pas accessibles.

Il se produit beaucoup de séries, mais pour le spectateur au Québec, toutes ne sont pas accessibles. Regarder de manière connectée offre la possibilité d'accéder à une plus grande diversité de séries, mais nécessite l'abonnement à une multitude de chaînes câblées et de plateformes payantes de vidéo à la demande, dont certaines sont très coûteuses tandis que d'autres ne sont pas offertes aux spectateurs canadiens.

La plupart de ces contenus sont certes disponibles via les sites de streaming illégaux, mais il faut chercher et surtout, ne pas se laisser décourager par les multiples fenêtres qui s'ouvrent, les renvois vers des sites douteux, la crainte de télécharger des virus. De plus, la qualité de l'image ou du son n'est pas toujours optimale, les sous-titres ne sont pas toujours offerts et plusieurs déclarent préférer utiliser des plateformes légales. Ceux qui piratent ne se sentent pas pour autant délinquants, surtout lorsqu'il s'agit de visionner la série dont tout le monde parle. Mais finalement, le recours aux plateformes de streaming illégal est en baisse au profit du service Netflix, comme l'indiquent nos données. Cette tendance n'est pas sans rappeler ce qui s'est passé avec les plateformes d'écoute de musique en continu telles Deezer ou Spotify : contenus, convivialité et offres d'abonnement accessibles ont attiré et fidélisé la clientèle.

En plus des contenus exclusifs et du tarif d'abonnement accessible, les jeunes apprécient le côté pratique de Netflix : «Comme j'ai accès à Netflix, j'ai plus de choix et moins de recherches à faire. Mais du coup je regarde surtout ce qui est sur Netflix, vu que c'est plus facile d'y accéder». Ils expliquent aussi que l'abonnement offre la possibilité de personnaliser sa pratique en créant son propre profil, en évaluant les contenus visionnés ou en se constituant une liste de contenus à visionner. L'enregistrement de l'endroit où l'on interrompt le visionnement constitue aussi une fonctionnalité très prisée parce qu'elle facilite le suivi de la progression dans une série (notamment si l'on regarde plusieurs séries en même temps) et qu'elle permet de s'arrêter où l'on veut sans tenir compte du cadre de l'épisode.

Sur ces plateformes, ils sont exposés à un nombre important et croissant de séries, mais pas de quoi être débordés par le nombre de séries qui les intéressent.

Les jeunes Québécois que nous avons rencontrés visionnaient ainsi principalement leurs séries via Netflix, les chaines TV et du câble, la formule Club Illico et le forfait Extra d'ICI Tou.tv. Sur ces plateformes, ils sont exposés à un nombre important et croissant de séries, mais pas de quoi être débordés par le nombre de séries qui les intéressent. Et lorsqu'il y a trop-plein, ils constituent des listes de contenus «à voir», afin d'avoir toujours une série sous la main. Je ne crois pas (mais ce serait à vérifier) que les spectateurs plus âgés soient plus submergés par l'offre de séries, et ce d'autant qu'ils appuient plus largement leur sélection sur les propositions des médias traditionnels, qui sont encore peu nombreux à tenir des rubriques spécialisées sur les séries (manque de moyens ? légitimité encore incomplète de cet objet culturel ?).

Il est ainsi possible que la problématique associée à l'abondance de séries soit vécue de façon plus marquée par les experts et certains «sériephiles» passionnés, qui suivent de près l'agenda des sorties des séries à travers le monde. L'abondance a toutefois de quoi décourager l'industrie télévisuelle qui fait face à la chute des audiences et des revenus publicitaires.

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