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L'Ukraine à trois semaines de 2015

On le voit, l'Ukraine, et l'UE dans une moindre mesure, se débattent au milieu de vents contraires et de pressions diverses qui risquent bien, au final, de ne pas leur permettre de profiter des fêtes de Noël, qu'elles soient orthodoxes ou non, pour apaiser la situation.
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Alors que le nouveau gouvernement ukrainien prend ses marques, le Vice-Président américain Joe Biden déclarait lors d'un événement à l'Institut national démocratique à Washington le 9 Décembre, que les ukrainiens ont gagné une chance de modifier fondamentalement leur pays pour le mieux.

Dans cette même intervention, Joe Biden a déclaré que l'Ukraine était une "kleptocratie", précisant que "si certains pensent que c'est offensant, c'est une réalité. Les ukrainiens ont fait de grands progrès, mais il y a encore des obstacles majeurs".

Le vice-président a également déclaré que le président russe Vladimir utilisait ce système "kleptocratique et l'oligarchique» comme « outils de coercition internationale."

Dans cette intervention Joe Biden fait aussi plus qu'un appel du pied à l'union Européenne, insistant sur son rôle à tenir sans quoi les morts du Maïdan auraient perdu la vie en vain. Il est assez troublant d'entendre ses déclarations et de se souvenir également que le fils de Joe Biden, R.Hunter Biden, a intégré le conseil d'administration de la société ukrainienne d'exploitation de gaz "Burisma Holdings" le 13 mai 2014. La "Burisma Holdings" est une compagnie assez discrète, enregistrée à Chypre depuis la Révolution Orange qui aurait acquis nombre de sociétés gazières ukrainiennes. Selon l'"Anticorruption Action Center" et Burisma Holdings appartiendrait depuis 2011 à Ihor Kolomoïsky.

Aussi, encore une fois, on voit bien que les enjeux économiques, d'influence et financiers agitent tout autant la crise ukrainienne que les questions humaines, démocratiques et territoriales.

On comprend alors mieux encore la difficulté relative aux sanctions dont l'Union Européenne menace la Russie.

Car si ces sanctions compliquent la vision économique de la Russie, celle-ci est en train de réorienter son économie, et il y a fort à parier que la baisse du prix du baril est un enjeu plus important que les sanctions de l'Union Européenne, bien que, là encore, la Russie se soit préparée à encaisser une chute allant jusqu'à 60 dollars par baril.

Pour l'UE, et surtout pour ces entreprises, se sont de larges parts de marchés qui s'évaporent, même si beaucoup travaillent à contourner les sanctions mises en place notamment via des lieux de rencontre et de signature de contrats plus disposés à ne pas être curieux, parmi lesquels la ville de Prague, habituée à jouer ce genre de rôle de longue date. D'ailleurs L'UE assouplit les sanctions contre filiales européennes de banques russes enregistrées en Europe.

Quant à l'Ukraine, sa dette publique au 31 Octobre était 72.99 billions de dollars, la Commission européenne du 3 Décembre attribuait de 500 millions d'euros d'aide à l'Ukraine. En outre, le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, a déclaré que l'UE préparait un troisième programme d'assistance financière pour l'Ukraine. De son côté, le Fonds monétaire international sera à Kiev pour travailler sur ces sujets du 9 au 18 Décembre alors que l'inflation dépasse 21 pour cent sur le territoire ukrainien.

Énergétiquement afin de limiter sa dépendance à la Russie, l'Ukraine a augmenté les importations de gaz en provenance d'Europe (6.1% de plus en Novembre qu'en Octobre). Mais ceux qui voyaient là un moyen d'affaiblir la Russie en furent pour leur frais en constatant que celle-ci augmentait l'approvisionnement en gaz de la Turquie -via l'Ukraine-. Dans le même temps, la tête de Gazprom Alexeï Miller a déclaré que le rôle de l'Ukraine en tant que pays de transit pour les livraisons de gaz vers l'Europe sera réduit à zéro lorsque la Russie utilisera le gazoduc Nord Stream et le gazoduc offshore dans la mer Noire en Turquie (actuellement au stade de la conception). Concrètement, le déficit de la société énergétique d'État Naftohaz Ukrayiny est de 6,8 milliards de dollars selon la déclaration d'Arseni Iatseniouk le 3 Décembre.

Sur le volet humain, le QG des opérations anti-terroristes annonçait au début du mois la mort de 8 000 pro-russes depuis le début des ATO, et les conflits perdurent dans l'est avec un pic notable début décembre aux alentours de l'aéroport de Donetsk. Et alors que des négociations visant à minima une trêve durable se déroulent le 9 décembre, Human Rights Watch accuse les militaires ukrainiens d'avoir utilisé des bombes à fragmentation dans leurs assauts, sans prise en compte des civils présents sur le théâtre des opérations.

En parallèle le Président Russe, Vladimir Poutine déclarait suite à sa rencontre avec son homologue français François Hollande le 6 Décembre, que la Russie a soutenu l'intégrité territoriale de l'Ukraine

De son côté l'UE par la voix de Donald Tusk annonce la tenue du sommet UE-Ukraine le 17 décembre prochain à Kiev et un second début de 2015. Monsieur Tusk souhaite clairement insister, dans son travail de nouveau chef Conseil européen, sur la protection des frontières et l'assistance aux pays voisins de l'UE, et ce alors même que la Pologne commence à délivrer des visa touristique d'une validité de 2 ans aux ukrainiens qui en font la demande.

On peut cependant se demander si les estimations du ministère des affaires étrangères ukrainiennes ne sont pas un peu optimistes quand il annonce qu'à partir de Septembre-Octobre 2015, les Ukrainiens seraient en mesure de voyager dans l'UE sans visa...

De même, le nouveau contrat annoncé le 5 décembre dernier entre la société ukrainienne Ukrinmash, (qui fait partie de la société de défense d'État Ukroboronprom) et la société française Thales Groupe, visant à fournir des équipements high-tech aux forces armées ukrainiennes ne suffiront sans doute pas à redorer l'image ternie de la France dans le domaine du commerce de l'armement suite aux atermoiements concernant la vente des Mistral.

On le voit, l'Ukraine, et l'UE dans une moindre mesure, se débattent au milieu de vents contraires et de pressions diverses qui risquent bien, au final, de ne pas leur permettre de profiter des fêtes de Noël, qu'elles soient orthodoxes ou non, pour apaiser la situation. En serons-nous livrer à ne pouvoir qu'espérer au mieux un glacis de la situation par faute d'accord et de dénominateur commun?

VOIR AUSSI

Le 21 novembre 2013, le volte-face de Kiev

Chronologie de la crise en Ukraine

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