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«Je fais surtout comme je peux»

On élève nos enfants comme on peut, avec nos outils, nos doutes, nos connaissances, nos histoires, nos manques.
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«Tu fais comme tu veux».

On l'a tous entendu cette phrase des dizaines de fois, souvent au mauvais moment et généralement glissée froidement après une montagne de conseils redondants dont nous nous serions bien passés.

Et bien, la parentalité ce n'est pas aussi simple et le «fais comme tu veux» en fait est un «je fais comme je peux»; la nuance est immense et primordiale.

On se trouve trop souvent confronté à notre «vouloir» qui se heurte au quotidien, bien trop rabat-joie pour laisser sa place à l'entrain du «je veux».

On élève nos enfants comme on peut, avec nos outils, nos doutes, nos connaissances, nos histoires, nos manques. Elle est là, la complexité et la source de toute la dimension. En théorie nous sommes tous excellents, nos fantasmes et nos idéaux deviennent réalité. Mais dans la pratique, tant de facteurs entrent en cause, nous bombardent, nous accablent, sans parfois nous laisser l'espace de redéfinir et d'apprivoiser le «je veux» qui glisse, s'immisce vers le «je peux».

C'est une des parts de la parentalité qui est la plus douloureuse, observer le parent qu'on est, qui est dissocié du parent qu'on veut être, mais encore plus celui qu'on croyait qu'on serait avant d'avoir des enfants. Trois sphères distinctes qu'il est dur de faire cohabiter malgré toute notre volonté. Mais le réel est parfois cruel avec les rêves.

Plutôt que de se battre à perdre notre énergie pour essayer de devenir le parent qu'on rêverait d'être, pourquoi ne pas faire la paix avec celui qu'on est...

Alors, la prochaine fois qu'on nous dira «tu fais ce que tu veux hein» osons ajouter qu'on «on fait du mieux que l'on peut». Dans l'instant, avec le bagage et les moyens du bord...

Le cheminement est long et plutôt que de se battre à perdre notre énergie pour essayer de devenir le parent qu'on rêverait d'être, pourquoi ne pas faire la paix avec celui qu'on est et lui donner l'indulgence, la bienveillance dont il a tant besoin. Car c'est ce parent-là qui court chaque jour, qui ne dort pas assez, qui gère des crises, qui prend des coups, qui est blessé et déstabilisé. C'est ce parent dont il faut prendre soin pas celui qui reste immaculé sur son piédestal dans le fin fond de l'absolu.

Apprendre à s'aimer, c'est pouvoir déployer pour s'améliorer, c'est trouver les outils dont on a besoin, c'est grandir et utiliser l'énergie à la bonne place.

Le parent des rêves est un leurre. Donnons plutôt notre considération au parent qui traverse les étapes, c'est à lui qu'il faut faire une caresse et souffler des bons mots, c'est celui-là qui a tout le mérite pas celui qui n'a pas changé, celui qui n'a pas compris comme avoir des enfants transforme de manière considérable nos manières d'être.

Le parent du quotidien est le seul parent que connaîtront nos enfants. Nous avons la possibilité de l'investir pleinement pour faire de lui celui qui nous rend complet et solide. Un être imparfait, mais conscient et ancré, un être valable et aimable. Un parent plein de bonne volonté, motivé par le désir de bien faire et s'améliorer, mais trop souvent montré du doigt de ne pas encore être aussi fort que ce qu'il prédisait.

Découvrez d'autres textes de Chloé Boehme sur son site web chloeboehme.com ainsi que sur sa page Facebook.

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