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Lettre ouverte à Richard Martineau

Hey Richard, on va se parler entre nous, dans le blanc des yeux. Premièrement, j'aimerais te remercier de me remettre à ma place.
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Hey Richard, on va se parler entre nous, dans le blanc des yeux.

Premièrement, j'aimerais te remercier de me remettre à ma place. Ça faisait un moment qu'un homme ne m'avait pas critiqué sur mon identité de femme. Je me sentais un peu perdue. Par chance, je suis tombée sur ton article Les filles c'est nono. Il y a beaucoup de choses que j'ai comprises grâce à tes mots, permets-moi de t'en faire part.

Je comprends que toutes les décisions que nous prenons par rapport à notre physique sont directement dictées par les hommes. C'est bien ça? Nous entreprenons des augmentations mammaires et autres chirurgies plastiques pour plaire à votre regard? Je comprends maintenant. Une chance que toi, un homme élevé dans une société patriarcale, tu m'expliques les subtilités de la pression sociale qui nous poussent à répondre à certains critères de beauté souvent inatteignables.

Ça te fait rire que nous lisons des articles et magazines et que nous nous torturions pour trouver une manière de répondre à ces critères? C'est vrai que c'est drôle. Ce qui est vraiment hilarant aussi, c'est que durant toute notre croissance de fillette à femme, nous nous sommes constamment fait parler de notre apparence physique, tandis que les garçons se faisaient plutôt parler de leur comportement et de leurs accomplissements. Peut-être que grandir dans cet environnement nous a rentré dans la tête à coup de marteau qu'être belle est le plus important pour une femme... Mais peut-être aussi que nous sommes tout simplement niaiseuses et que nous souhaitons vous plaire à tout prix.

Je comprends que certaines d'entre nous portent un «habit de ski-doo» et que nous le faisons seulement parce que notre mari nous force. Je comprends que tu es gentil et que dans le fond tu ne fais que t'inquiéter pour notre confort personnel les jours de grandes chaleurs. Je vais prendre ta parole comme du cash, comme on dit, et ne pas tenter de comprendre un autre point de vue sur la question comme peut-être... celui de femmes qui portent cet habit.

Je comprends aussi que les femmes vivant de la violence conjugale sont des connes. Dans le fond, c'est presque de notre faute si on nous tabasse ou si on nous agresse, c'est ça? Que quitter une relation d'abus est vraiment facile et que nous sommes faibles de ne pas pouvoir le faire? Ce n'est donc pas la manipulation psychologique et/ou le manque de ressources les fautifs, ça serait notre propre stupidité. Sans oublier qu'il est beau et célèbre, c'est tout ce qui nous importe dans le fond.

Je comprends aussi que tu es père et que tes filles, qui ont grandi et qui continueront de grandir dans cette société, ressentiront la pression constante à laquelle nous faisons toutes face chaque jour. Parce que, comme toutes les femmes, elles se feront critiquer parce qu'elles sont trop grosses, trop minces, pas assez belles. Aussi, parce qu'elles ont de trop gros seins ou de trop petits, ou même parce qu'un jour elles feront peut-être le choix d'entreprendre une augmentation mammaire. Mais surtout parce que des hommes se donneront le droit d'avoir une opinion sur leurs corps.

Je comprends essentiellement que tu nous trouves connes, mais c'est en jugeant notre apparence que tu te permets de juger notre intelligence. J'ai longtemps pensé que mon intelligence et mon apparence physique n'avaient pas d'incidence l'une sur l'autre, tu m'as fait comprendre que c'était faux.

Une chance que tu étais là, aujourd'hui, pour me rappeler que nous, les femmes, ne sommes pas fortes, touchantes, têtues, aimantes, jalouses, intelligentes, curieuses, confiantes, désorganisées, dévouées, insolentes, heureuses, naïves, autoritaires, mystérieuses, rebelles, compréhensives, compétentes. Un peu comme les hommes dans le fonds.

Non. Nous ne sommes que «nounounes».

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