Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

L'Inde, entre le charme et l'horreur

L'Inde a toujours fasciné les voyageurs, les Beatniks, les Hippies et les sociologues.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Un sous-continent à lui seul, la République de l'Inde, méga État de 1,3 milliard d'âmes dont plus du tiers sont âgées de moins de 25 ans, est le deuxième État le plus peuplé du monde, et il y a fort à parier qu'à ce rythme, il dépassera la Chine en ce qui concerne sa population d'ici quelques décennies. Son économie, qui se diversifie de plus en plus depuis l'apparition de pôles technologiques importants comme celui de Bangalore, est l'une des plus florissantes du globe et a tiré le pays vers la ligne à franchir pour devenir un pays industrialisé. Puissance nucléaire, forte d'une armée importante, l'Inde est un État en pleine ascension, et qui assurément prendra la place qui lui revient sous peu dans les nations les plus fortes de la planète.

Culturellement parlant, l'Inde a toujours fasciné les voyageurs, les Beatniks, les Hippies et les sociologues. Encore aujourd'hui, lorsque vient le temps des vacances, j'entends régulièrement des ami(e)s parler de leur désir de visiter ce pays intriguant, ou de leur expérience passée en sol indien. De son système de castes ultra-rigide aux vaches sacrées, en passant par l'histoire du Taj Mahal, de Gandhi et du livre sacré du Mahâbhârata, l'Inde est un pays qui attire ceux en quête du dépaysement le plus total, dans une mer de couleurs et de gens. Son Histoire est riche, de l'antique civilisation du fleuve Indus à Alexandre Le Grand (qui, rappelons-nous, s'est arrêté au territoire indien à cause de la fatigue de ses soldats et des éléphants de guerre), pour revenir à l'époque coloniale britannique, l'indépendance, et cette guerre larvée qui couve toujours avec le Pakistan.

L'Inde a tous les atouts nécessaires à une entrée fracassante au sommet de la hiérarchie ultime des nations : une population innombrable, des ressources intéressantes sur un territoire important, des élites éduquées, une économie diversifiée en pleine croissance, des mégalopoles surpeuplées, une armée et une puissance de feu respectées. Mais pour plusieurs raisons, l'Inde est aussi une aberration, un terreau fertile aux idées dignes du Moyen-Âge qui freinent et continueront assurément de freiner son irrésistible ascension : les conflits religieux, la pauvreté endémique, mais surtout, le traitement réservé aux femmes. Et je me permets, cette fois, de taper sans réserve sur ce dernier point...

29 mai 2014 : Deux étudiantes, âgées respectivement de 14 et 15 ans, sont retrouvées pendues à un arbre dans une municipalité de l'État de l'Uttar Pradesh, au nord de l'Inde. Le rapport médical confirme qu'elles se sont suicidées après avoir été violées en réunion, selon les autorités, par cinq hommes. Interrogé sur cette affaire, un haut responsable de l'Uttar Pradesh déclare : « Ces incidents ne surviennent pas délibérément. Ils surviennent par accident. » Il a depuis affirmé que ses propos avaient été déformés par les médias. Le ministre de l'Intérieur indien a de son côté déclaré que les viols étaient « (...) parfois condamnables, parfois non. »

Retour plus en arrière, le 16 décembre 2012 : Une étudiante de 23 ans est traînée, battue et violée à l'arrière d'un autobus par 6 hommes, dont l'un d'entre eux utilise une barre de fer rouillée pour... je vous épargne les détails. Le chauffeur était l'un des 6 hommes. Après avoir perpétré cet acte sordide, ils l'ont lancée hors du bus et laissée pour morte. Mais elle a survécu et a pu raconter son histoire. Cette saga infernale est à la source des protestations contre le traitement réservé aux femmes, les agresseurs ont été condamnés à la peine de mort (sauf le plus jeune, mineur au moment des faits, condamné lui à 3 ans de prison.)

Plusieurs autres exemples tout aussi scandaleux existent, comme le viol d'une femme, encore en réunion, mais cette fois sur ordre du Conseil des Anciens, qui s'opposait à sa liaison avec un homme de confession musulmane. Mais ce qu'il faut retenir ici, malgré le caractère horrible de ce que j'avance, c'est que les femmes, dans certaines régions de l'Inde, semblent avoir moins d'importance et de droits que les vaches ! Violer une femme en Inde, ça semble être un peu comme boire un verre de trop au volant : c'est considéré comme « pas cool » et c'est illégal, mais beaucoup de gens semblent s'y adonner sans trop de problèmes. C'est parfois un crime, parfois non, selon les autorités...

Au cas où il y aurait une incompréhension sur le fond de cet article, je rectifie tout de suite : violer, ce n'est pas seulement abuser de la faiblesse d'un individu pour épancher un désir temporaire, c'est prendre une partie de cette personne et la lancer aux ordures. Dans une grande majorité des cas, les victimes ne s'en remettent jamais, et gardent des séquelles toute leur vie durant. Sans parler du fait que dans plusieurs pays, les victimes sont souvent considérées comme responsables de ce qui leur est arrivé, et donc rejetées par leur propre sang! C'est non seulement ignoble, lâche et pathétique, c'est une invitation à se faire casser la gueule en prison, sur la rue, etc. par des gens pour qui la morale a encore un sens en ce bas monde. Mais pour les responsables de l'Uttar Pradesh, ça semble bien peu préoccupant, si l'on se fie à ceci : « Interrogé par une journaliste la semaine passée sur le nombre de viols dans l'Uttar Pradesh, le chef de l'exécutif de l'État Akhilesh Yadav a répondu: «Vous n'avez pas été violée n'est-ce pas? C'est exact? Très bien. Merci».

Les femmes composent plus de 50% de la population mondiale, et accessoirement il faut croire, sont les génitrices des futures générations. Leur apport dans les sociétés modernes est inestimable. Tant que les femmes pourront impunément y être tuées, violées, martyrisées et bafouées, L'Inde restera un État retardé, arriéré et dysfonctionnel, prisonnier d'une dichotomie plus que malsaine entre le charme et l'horreur...

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

'A blue sunset'

Look: India

Retrouvez les articles du HuffPost sur notre page Facebook.
Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.