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Il était une fois...des hommes politiques

Il faudrait vraiment que les classes populaires votant pour ces hommes comprennent qu'il n'est pas possible de revenir en arrière, vers ce « bon vieux temps » qui n'en était pas un pour tant d'autres. Que la réelle possibilité, c'est d'améliorer le monde de demain, de tenter de le rêver, pas d'être nostalgique envers un passé perdu. Mais ça, c'est une autre histoire...
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Il était une fois, dans un pays si près de chez vous, un homme, devenu médecin, devenu premier Ministre. Cet homme, une fois élu, décida, de pair avec ses pairs, que les dépenses étaient devenues hors de contrôle, que la dette nous attendait à la porte comme le huissier, et qu'il fallait y remédier en coupant partout, surtout dans les programmes et subventions jugées frivoles.

Bref, sur tout ce qui touchait le pauvre monde, ceux qui ne votent pas, qui n'ont pas le temps de se plaindre parce qu'ils n'en ont décidément pas le temps. Et on a coupé, on a bien coupé, tout en disant qu'on ne coupait pas, qu'on « assainissait », qu'on palliait aux erreurs du parti au pouvoir avant eux, depuis cette « récente » décennie des années 90, et qu'on était champion de l'économie. Et on a tant coupé que finalement, non seulement on a maintenant des surplus, ce qu'on n'avait pas avant semble-t-il (toujours un trou quelque part, qu'on disait), mais ces surplus atteindraient...2,1 milliards de dollars. Et maintenant, on parle de...réinvestir. En éducation, en santé, bref, partout où on avait coupé pour justement juguler cette hausse morbide des dépenses qui nous étranglait. Ou de baisses d'impôts, possiblement. Parce qu'une famille ayant perdu 1200$ à causes des coupes serait bien contente de voir ses impôts diminuer de 100$ pour se payer un repas au Saint-Hubert...

Il était une fois un homme, devenu médecin, devenu spécialiste, devenu chef des médecins spécialistes, pour finir ministre de la Santé. Cet homme, qui avant n'avait de cesse que de protéger des portefeuilles déjà bien garnis, une fois élu, décida de s'attaquer au « vrai problème » qui gangrénait le système de santé au Québec : La trop grande liberté d'action des conseils d'administration des CSSS, et le trop grande importance attachée à la prévention au lieu du médical. Une réorganisation sans précédent, contre vents et marées, et puis voilà, le problème est résolu. Les CA? À la botte du ministre. Les CLSC? Vidés de la plupart de leurs travailleurs qualifiés au profit des GMF. La Direction de la santé publique? Ce sont des gauchistes, peu importe ce qu'ils disent. Et cet homme a fait tout cela de façon magistrale, en envoyant paître tous ceux qui le critiquaient, que le chef c'était lui, qu'il était la seule et unique lumière pour le réseau. À la moindre critique, en mode bouledogue se lançait-il à l'assaut de cette courageuse personne ayant osé en remontrer à lui, le Roi de l'arène, qui ne souffre pas la contestation. Et même lorsque ses mots semblaient irréels, de simples excuses publiques du bout des lèvres ont suffi à lui conserver son trône...

Il était une fois, un homme, devenu homme d'affaires, devenu acteur, devenu tout-puissant candidat du Parti républicain, contre la logique-même, contre le Parti lui-même, pour finalement devenir le 45e président des États-Unis d'Amérique. Un homme, ayant bâti sa campagne pour mettre dehors les démocrates corrompus à la botte de Wall Street ayant osés donner une assurance universelle au commun des Américains, empiétant ainsi sur le sacro-saint principe du « travailles pour tes trucs sinon t'es juste une larve » caché derrière le Rêve américain. Cet homme, ne reculant devant rien pour devenir le numéro un, insulta tout le monde : Les Afro-Américains, les Mexicains, les immigrants, les minorités, les femmes, les intellectuels, puisque sa base représente une frange de l'électorat américain sous-scolarisée, sous-employée, victime de la fin de l'âge d'or de l'industrialisation, et que cette base, vivant dans des conditions précaires, se sent menacée par tout ce qu'elle ne comprend pas, voyant des menaces là où il n'y a que des changements. Niant les réalités mondiales, les changements climatiques et les avancées sociales, cet homme devenu président de la première puissance mondiale s'est hissé au sommet à travers une des campagnes les plus exécrables de l'Histoire, et les pages de cette saga qui reste à écrire s'annoncent sombres au possible...

Il était une fois un homme, devenu avocat, devenu maire, devenu président des Philippines. Cet homme, candidat populaire pour avoir réglé pacifiquement des conflits locaux, surnommé « The Punisher » comme celui de Marvel par le magazine Time pour sa politique de tolérance zéro envers les criminels, aurait participé à la mise sur pied d'escadrons de la mort, qui traquaient les criminels, revendeurs de drogues et autres truands pour les expédier six pieds sous terre du temps où il était maire. Depuis son élection, les exécutions sommaires de revendeurs de drogues se sont multipliées (les estimations se chiffrent à environ 3700). Ne reculant devant aucun sacrifice, il a traité publiquement le pape François et Barack Obama de « fils de putes » et comparé sa campagne d'extermination des narcotrafiquants à l'extermination des Juifs par les Nazis. Dans sa sagesse, il se dit inspiré de l'ex-dictateur ougandais Amin Dada, responsable de la mort de 300 000 personnes, et se considère lui-même comme un dictateur.

Il était une fois des hommes (parce que oui, ce sont presque toujours des hommes, exceptions faites de Marine Le Pen en France et des prêtresses populistes du Tea Party aux États-Unis), pour qui le pouvoir justifie le mensonge, la désinformation, voire d'autres actions plus radicales. Des hommes pour qui ce monde qui change trop vite, laissant derrière des millions d'oubliés pauvres, déçus, fâchés, sous-scolarisés et n'attendant pas grand-chose du monde politique et de ses palais dorés, est une voie royale vers le pouvoir. Des hommes qui excitent ces laissés-pour-compte en leur faisant miroiter des changements, voire moins de changements, des emplois, moins d'immigrants, un retour vers ce « bon vieux temps » qui n'existe plus que dans les contes du Midwest, des Pays-d'en-haut ou d'Émile Zola, pour surfer sur un mécontentement populaire qui les mènera jusqu'au bout. Des hommes pour qui la fin justifie les moyens, pour qui tout est bon à dire pour en arriver à leurs fins, que ce soit raciste, misogyne, dégueulasse ou simplement faux. Des hommes qui n'ont pas peur d'écraser leurs rivaux à coups d'arguments simplistes au possible mais frappant l'imaginaire. Des hommes qui, semble-t-il, deviennent de plus en plus la norme dans la politique mondiale.

Il faudrait vraiment que les classes populaires votant pour ces hommes comprennent qu'il n'est pas possible de revenir en arrière, vers ce « bon vieux temps » qui n'en était pas un pour tant d'autres. Que la réelle possibilité, c'est d'améliorer le monde de demain, de tenter de le rêver, pas d'être nostalgique envers un passé perdu. Mais ça, c'est une autre histoire...

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