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Hydro-Québec, le gouvernement libéral, ou comment prendre les Québécois pour des valises (pleines de de cash)...

Comprenez-moi bien: je n'ai absolument rien contre l'énergie éolienne. Par contre, je serai toujours en désaccord avec le fait de payer pour payer, sans poser de questions. Et je vais donc poser certaines questions.
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Un énorme merci au journaliste économique de La Presse, Francis Vailles, pour les deux textes suivants: Surplus d'électricité: une facture de 7,9 milliards et Comment jeter 500 millions à la poubelle...) Avec ce qu'il qualifie lui-même de « travail de moine », M. Vailles, en collaboration avec un consultant en énergie et un professeur des HEC (des gens qu'on peut difficilement qualifier de « gauchistes »), a tenté de trouver une réponse à la question suivante : combien le Québec perd-il avec les gigantesques surplus d'énergie dont Hydro-Québec est légalement obligé d'assumer les coûts?

Et bien, la réponse est d'autant plus saisissante que scandaleuse. Depuis le milieu des années 2000, cela a coûté aux contribuables environ 4 milliards de dollars, et d'ici 2021, la facture totale sera de 7,9 milliards!! On parle ici de chiffres astronomiques en pleine période d'austérité et de morosité économique, alors qu'on demande à tous les secteurs de la société civile de serrer la ceinture pour faire «leur juste part». Annuellement, les calculs de Francis Vailles démontrent qu'il nous en coûte entre 680 millions et 1,2 milliard par an pour éponger ces surplus, alors que notre déficit global annuel est de 3,1 milliards. De là à dire qu'on pourrait réduire presque du tiers notre déficit annuel en n'achetant pas à gros prix cette énergie déficitaire, il n'y a qu'un pas à franchir...

Mais voilà, il s'agit de l'énergie éolienne, une énergie qui lave plus blanc que blanc, défendue bec et ongle par les groupes environnementalistes et autres défenseurs de l'environnement. Toujours selon M. Vailles, Hydro-Québec paie 9,55 cents par Kwh pour cette énergie, tandis qu'il lui en coûte 2,82 cents par Kwh pour l'énergie hydroélectrique, une énergie elle aussi assez propre mais qui a le démérite majeur de modifier les écosystèmes et de transformer des régions entières. Mais à partir du moment où elles sont déjà construites, ces centrales hydroélectriques...

Comprenez-moi bien : je n'ai absolument rien contre l'énergie éolienne, qui a non seulement moins d'effets sur les environnements que les barrages hydroélectriques mais aussi le mérite de créer de nombreux emplois en région (je reviens tout juste d'un « road trip » en Gaspésie, où les éoliennes se comptent par centaines et sont visibles à des kilomètres à la ronde). Par contre, je serai toujours en désaccord avec le fait de payer pour payer, sans poser de questions. Et je vais donc poser certaines questions :

1) Est-ce que le gouvernement peut éponger ses pertes en exportant les surplus?

M. Vailles répond directement à cette question en mentionnant que le prix d'achat est inférieur au prix coûtant. De plus, avec la tendance mondiale à se diriger vers l'autosuffisance énergétique (pour des raisons évidentes, notamment la souveraineté énergétique des États), les prévisions à moyen et long terme à ce sujet sont pessimistes.

Donc, les exportations ne règleront pas le cas des surplus, qu'Hydro devra toujours payer à leur plein prix.

2) Est-ce que cet argent sera redistribué dans les institutions québécoises (écoles, hôpitaux, etc.) ou bien par des allègements fiscaux?

L'auteur répond aussi à cette question, en mentionnant bien clairement qu'Hydro-Québec refile la totalité de la facture aux contribuables, qu'ils soient des particuliers ou des entreprises. Et vous aurez compris, en voyant à chaque année Hydro-Québec demander des hausses beaucoup plus fortes que l'inflation (environ 2% annuellement pour l'inflation, hausses demandées en moyenne de 3% et plus), que cette affirmation ne peut qu'être véridique.

3) Alors, à qui cela profite?

M. Vailles a encore la gentillesse de répondre à cette question, même si vous aviez déjà fort probablement arrêté votre opinion là-dessus. Aux promoteurs de l'énergie éolienne et de biomasse, évidemment! Sans avoir de problème à payer un juste prix pour un juste produit, je digère mal de payer un prix énorme pour une énergie dont nous n'avons pas besoin...

4) On ne peut pas refaire le passé, mais ne serait-il pas temps de mettre un frein aux projets d'énergie coûteux dans cette période où les Québécois ont désespérément besoin de fonds pour juguler le déficit?

Cette question, c'est celle que pose M. Vailles en guise de conclusion. Puisqu'il a répondu à toutes les autres, je tâcherai d'être sympathique et de répondre à la sienne. La réponse est indubitablement «Oui». Même si le but de relancer les projets de mini-centrales hydroélectriques et d'éoliennes est de stimuler l'économie par la création d'emplois, ce qui est techniquement louable, il s'agit encore et toujours d'une vision à court terme, chose dont le Parti libéral du Québec semble un adepte invétéré. En stimulant rapidement l'économie, ils créeront des emplois pour un temps, mais qui s'estomperont à la fin de la construction parce que le personnel nécessaire à l'opération est très réduit. Par contre, ils augmenteront le nombre de Kw/h en surplus, surplus qui comme nous l'avons vu plus haut sont beaucoup plus chers. Et la nouvelle facture s'ajoutera à l'ancienne, qui encore et toujours, sera refilée aux consommateurs.

Mais cela nous posera (encore!) une question : jusqu'à quel point peut-on augmenter la facture énergétique des consommateurs sans a) risquer de voir de plus en plus de ménages se retrouver en défaut de paiement et b) faire diminuer la capacité d'achat du consommateur, ce qui à nouveau se répercutera sur la santé économique du Québec? Je vous laisse le soin de vous faire une tête à ce sujet...

Bref, la morale de cette histoire pas charmante du tout, c'est qu'encore une fois, tout ce que le gouvernement prend comme décision lamentable nous retombe en pleine face, toujours en pigeant dans nos poches que nos dirigeants semblent voir comme des puits sans fond. Il est nécessaire de couper dans la santé, dans les programmes sociaux et dans l'éducation, mais forçons encore et toujours Hydro à être la vache à lait du gouvernement, à acheter de l'énergie inutile et à vendre à perte notre électricité aux États-Unis. Ce n'est pas grave, les consommateurs épongeront les déficits!!

Si j'étais machiavélique et que je voyais des complots partout, j'aurais tendance à penser que tout ça fait partie d'une stratégie très compliquée pour convaincre la population de la nécessité de vendre Hydro-Québec. Jamais, vous m'entendez? Vous nous avez assez fait chier avec vos hausses incessantes des tarifs, vos barrages construits n'importe où, vos éoliennes innombrables dont nous n'avions à peine besoin de la moitié et vos PDG qui se foutent éhontément de nos gueules pour qu'on vende Hydro, en tout ou en partie, à qui que ce soit. C'est un legs que nous ferons à l'ensemble des générations futures, en espérant qu'il soit moins empoisonné lorsque leur tour viendra...

Une phrase résume ce fiasco abyssal qu'est devenu Hydro-Québec: une (phénoménale!!!) mauvaise gestion, un rendement tiré toujours plus par le haut par des gouvernements en manque de tout, et un sentiment d'impunité total vis-à-vis de la population, qui n'a pas d'autre choix que d'accepter de se faire déculotter (je me garde ici une petite gêne) par ce monopole d'État que nous devons pourtant absolument conserver...

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Avril 2018

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