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Quand votre docteur vous ordonne de changer de vie

C'était en 2013. J'occupais trois emplois simultanément et ma vie ne se résumait qu'à trois choses: le travail, le travail et le travail.
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C'était en 2013. J'occupais trois emplois simultanément et ma vie ne se résumait qu'à trois choses: le travail, le travail et le travail. Dans cette société où tout doit être optimisé, j'étais un bon élève. J'avais réussi à construire un horaire où les quarts de travail se succédaient sept jours sur sept, à raison de douze heures par jour. Tant pis si je soupais à 23h00 et si la rigidité de mon emploi du temps ne permettait aucun interlude, je m'étais donné comme objectif d'amasser le plus de fric possible, afin d'assurer ma sécurité financière.

D'un point de vue extérieur, ce qui pouvait paraître le plus curieux était la nature disparate de tous mes emplois. Entre recherchiste à la télévision, professeur de conduite de motocyclettes et vendeur à la SAQ, je concède que la cohérence de mon plan de carrière était discutable. Ce qui était moins discutable, par contre, était l'état dans lequel je me suis retrouvé après plusieurs mois à travailler à un rythme effréné et en ayant comme seul indicateur mon compte bancaire. Toutes les tâches que je devais entreprendre commencèrent à m'irriter. Mon humeur devint maussade et je perdis le goût de rire.

- Monsieur l'instructeur, dois-je vérifier mes angles morts pendant un changement de voie?

- D'après toi?

En lisant ces lignes, vous anticipez sûrement la suite. Vous devinez que je vais vous parler de l'épuisement professionnel. C'est ce qui est magique lorsqu'on possède du recul face à une situation. On est plus en mesure d'identifier un problème et de prendre des décisions éclairées pour le résoudre. L'ennui est que quand nous faisons partie du problème, cet exercice devient ardu. C'est donc sans réellement comprendre ce qui m'arrivait que je suis allé consulter mon médecin de famille, il y a maintenant trois ans.

Puisque j'étais en bonne santé physique, mon médecin était surpris de me voir. C'est peut-être à cause de cette surprise qu'il consacra une heure de son temps pour m'écouter parler de ma routine professionnelle et du sentiment d'oppression qui m'habitait. Quand j'eus terminé, il me laissa le choix entre deux traitements. La première option consistait à me prescrire des antidépresseurs. Ce choix avait l'avantage de ne pas modifier tout le travail d'optimisation que j'avais entrepris et il me permettait donc de poursuivre mes ambitions financières «paisiblement». Cette solution avait cependant comme désavantage de ne s'attaquer qu'aux symptômes qui m'avaient poussé jusqu'à lui. Puisque je n'aime pas maquiller mes problèmes, j'ai donc refusé... sans connaître quelle était la seconde option.

Après que j'eus décliné la première proposition, mon docteur me regarda droit dans les yeux. Il prit une prescription et se mit à inscrire plusieurs éléments sur celle-ci. Ses inscriptions étaient ponctuées de moments de réflexion et de concentration. Peut-être doutait-il de la posologie? Non. Lorsqu'il eut terminé, il me remit sa prescription. On pouvait y lire : «vivre le moment présent, choisir en profondeur, avoir des moments de détente sans culpabilité et avoir des loisirs non planifiés». Cette ordonnance était accompagnée d'une interdiction formelle de travailler sept jours sur sept. Je devais également le revoir dans un mois afin de lui faire part des changements que j'allais entreprendre.

En sortant de la clinique, j'ai immédiatement réalisé deux choses. La première était que j'avais bien fait de demander de l'aide. Le second constat était que, bien que je travaillais très fort, ma vie professionnelle était loin d'être réussie. Il ne faisait pas de doute que je devais apporter des modifications et que j'avais besoin de mentors pour me guider.

Quoi faire pour améliorer ma vie professionnelle? Que font les gens qui réussissent professionnellement? Que puis-je apprendre d'eux? Ces questions fusaient dans ma tête et c'est avec la ferme intention de trouver des réponses que j'ai décidé d'aller interviewer des personnes que j'admirais. Avec beaucoup de persévérance et sans être connu publiquement, j'ai eu le privilège de rencontrer : Pierre Lavoie, Jimmy Sévigny, Heidi Levasseur, Guy Nantel, Chantal Lacroix, Dominique Piché, Isabelle Hudon, Mario Tessier, Mitch Garber, Pierre Bruneau, Alexandre Taillefer, Christiane Germain et Frédéric Dion. Toutes ces personnes ont accepté de me rencontrer et de répondre à mes questions parfois assez franches et directes sur leur parcours professionnel. Encore aujourd'hui, je leur suis énormément reconnaissant pour le temps qu'elles m'ont accordé.

Ces rencontres, humaines et riches en confidences, m'ont permis de faire le point sur ma situation. Elles m'ont également donné les outils nécessaires pour réaliser mes nouveaux objectifs professionnels. D'ailleurs, cette initiative a donné lieu à mon premier livre Rendez-vous avec le succès, publié en 2015, dans lequel je dévoile l'histoire derrière la réussite de ces mentors, afin d'inspirer les lecteurs à réaliser leurs rêves en fonction de leurs véritables aspirations. On dit que quand vous êtes au bon endroit, l'univers conspire à la réalisation de vos rêves. Lorsque Chantal Lacroix elle-même s'est proposée pour éditer mon livre, j'ai sérieusement commencé à y croire. Encore aujourd'hui, je me pince lorsque j'y pense!

Comme vous pouvez le constater, cette prescription a changé ma vie. Celle-ci m'a permis de réaliser des projets qui correspondaient réellement à mes valeurs et de délaisser des emplois qui ne comblaient pas mes désirs professionnels. Elle m'a fait prendre conscience des motivations qui conditionnaient mes choix et a en quelque sorte légitimé la démarche que j'ai entreprise. Après tout, j'avais le droit de réorienter ma vie, car j'avais une prescription m'autorisant à le faire! Vous comprenez?

Aujourd'hui, dans mes conférences, j'utilise l'expérience négative que j'ai vécue - et qui m'a presque poussé à l'épuisement professionnel - pour motiver les autres et pour éviter qu'ils se retrouvent dans une situation similaire. Et vous, si votre médecin vous ordonnait de passer à l'action pour changer votre vie, quel aspect décideriez-vous d'améliorer?

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