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Du miel dans les yeux et autres absurdités cosmétiques

Ainsi, certains vont jusqu'à vouloir se décolorer la pupille à l'aide de peroxyde d'hydrogène... On connaissait l'utilisation de l'eau oxygénée à des fins de décoloration des poils et duvets. Mais les yeux... Les candidats prêts à se lancer dans cette aventure ne se souviennent vraisemblablement pas de l'expression « tenir à quelque chose comme à la prunelle de ses yeux»
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Même si le nombre de gammes cosmétiques présentes sur le marché est considérable, on constate une certaine insatisfaction d'une fraction de la population qui a tendance à chercher des produits "efficaces", à tout prix, en détournant de leur usage des médicaments ou des dispositifs médicaux.

Certains consommateurs sont déçus par les cosmétiques. Ils sont donc à la recherche de recettes miracles. Ils veulent des résultats spectaculaires, résultats qui, bien que promis par le marketing des fabricants, ne sont pas toujours au rendez-vous. Dans une société où l'image que l'on donne de soi constitue la meilleure carte de visite, on peut comprendre cette frénésie qui pousse les uns et les autres à rechercher le meilleur produit anti-âge, le photo-protecteur le plus puissant...

La chose médicale conserve un crédit important aux yeux du public. Détourner un médicament ou un dispositif médical de son indication à des fins esthétiques, en suivant les conseils de tel ou tel inconnu rencontré sur la toile, est révélateur d'une société qui n'a plus foi en ses experts. On préférera mettre sa santé entre les mains d'un individu lambda plutôt que de faire confiance aux spécialistes du domaine.

Éclaircissement de la pupille des yeux à l'eau oxygénée, rajeunissement de la peau grâce à un médicament à base de rétinol ou grâce à un dispositif médical à base d'acide hyaluronique, photo-protection à l'aide de médicaments destinés à traiter les irritations cutanées et en particulier l'érythème fessier, lutte contre les cernes avec des préparations anti-hémorroïdaires... autant d'idées loufoques qui ne sont pas toutes sans risques pour la santé.

Ainsi, certains vont jusqu'à vouloir se décolorer la pupille à l'aide de peroxyde d'hydrogène... On connaissait l'utilisation de l'eau oxygénée à des fins de décoloration des poils et duvets. Mais les yeux... Les candidats prêts à se lancer dans cette aventure ne se souviennent vraisemblablement pas de l'expression « tenir à quelque chose comme à la prunelle de ses yeux». À des fins esthétiques, ils se lancent dans un protocole qui peut mettre en danger leur santé visuelle.

Le miel est également utilisé par certains, en lieu et place de l'eau oxygénée. Son côté naturel permet de rassurer ceux qui pourraient être réticents quant à l'utilisation d'un produit antiseptique et hémostatique pour lequel on note une contre-indication pour un usage ophtalmique.

Le miel est un mélange complexe comportant environ 200 molécules différentes. On y trouve majoritairement des sucres (fructose, glucose, maltose, saccharose...), de l'eau, mais également des traces d'acides organiques, d'acides aminés, de pigments (responsables de la couleur spécifique à tel ou tel miel), de vitamines, de minéraux, d'enzymes... Et de peroxyde d'hydrogène résultant de réactions biologiques faisant intervenir des oxydases (enzymes présentes dans certaines sécrétions de l'abeille).

Les catalases provenant du pollen des fleurs butinées sont responsables, quant à elles, du phénomène de libération d'oxygène.

À éviter dans vos yeux.

Les propriétés antibactériennes du miel sont dues à la présence du peroxyde d'hydrogène. Cette production de peroxyde d'hydrogène se fait d'autant mieux que le pH du milieu y est favorable. Une dilution du miel dans un solvant approprié (les larmes par exemple) permettant d'augmenter la valeur du pH de la solution est propice à une augmentation de la teneur en peroxyde d'hydrogène. Certaines blogueuses recommandent d'utiliser le miel le plus brut possible ce qui est à déconseiller dans la mesure où les produits destinés à être administrés au niveau de l'œil se doivent d'être stériles et isotoniques aux larmes pour une tolérance optimale.

Autre tendance, rajeunir sa peau grâce à l'acide rétinoïque et à l'acide hyaluronique. La pommade Avibon (pommade à base de vitamine A ou rétinol) fut, un temps, utilisée afin de défier le temps. Son retrait du marché a plongé nombre de consommatrices dans la morosité. Notons que les préparations à base de vitamine A sont à manier avec précaution en cas de grossesse. De plus, il est bon de rappeler que l'effet anti-âge d'un cosmétique repose, dans la grande majorité des cas, sur un effet psychologique. C'est parce qu'elle est fort coûteuse que telle crème est forcément efficace! C'est en utilisant telle émulsion que vous ressemblerez à l'égérie de la marque ! Enfin, dernière remarque : il existe des formes plus glamour que la simple pommade du pharmacien.

L'acide hyaluronique, quant à lui, continue son petit bonhomme de chemin depuis les années 1930, date de sa découverte dans l'humeur vitrée de l'œil de bœuf. Dans les années 1980, l'effet cicatrisant de l'acide hyaluronique est étudié. Il a été montré que cette macromolécule est intéressante pour le traitement des brûlures. Par ailleurs, son caractère hygroscopique lui confère la capacité à retenir l'eau ; on parle de propriétés volumatrices mises à profit dans le traitement des pertes de volume du visage. L'acide hyaluronique est utilisé à ces fins en chirurgie esthétique.

Dans le domaine cosmétique, en revanche, les injections sont impossibles. Une application topique d'acide hyaluronique est proposée tout de même par de nombreuses gammes qui comptent sur la bonne réputation de cet ingrédient. Injection versus application locale, le combat est perdu d'avance ! Si un effet lissant (temporaire) peut être observé lors de l'utilisation d'un cosmétique, inutile d'en attendre plus.

Le dispositif médical Ialuset, «une crème proposée comme cicatrisant dans le traitement des plaies non infectées, suintantes ou surinfectées, aiguës ou chroniques, dont les ulcères de jambe» est détournée par certaines de son emploi premier. Pas forcément grave, mais notons toutefois que la formule de ce dispositif médical contient du lauryl sulfate de sodium, un tensioactif irritant qu'aucun cosmétologue n'aurait l'idée d'incorporer dans un produit non rincé.

De leur côté les amateurs de surf ont eu une drôle d'idée: se protéger la peau du soleil grâce à des préparations destinées au traitement de l'érythème fessier. Il s'agit d'un détournement de médicament: la pommade Oxyplastine est utilisée en dermatologie pour traiter les "irritations de la peau, notamment en cas d'érythème fessier du nourrisson". Elle contient de l'oxyde de zinc. Du coup, elle est promue au rang de produit de protection solaire sans avoir jamais fait preuve de son efficacité photo-protectrice. Rappelons que l'oxyde de zinc ne fait pas partie de la liste des filtres UV autorisés. Il n'est donc aucunement légitime dans ce type de produit. Utiliser de l'Oxyplastine à des fins de photo-protection s'avèrera dangereux, à long terme. On ne peut que conseiller l'usage d'un produit de protection solaire affichant un SPF de 50+.

Dernière lubie, des pommades anti-hémorroïdaires en guise de produits anti-cernes. Selon les médicaments concernés, on trouvera des principes actifs variés tels que des facteurs permettant de renforcer la paroi des vaisseaux, des corticoïdes (aux propriétés anti-inflammatoires), des anesthésiques locaux permettant de calmer la douleur. Si les extraits végétaux anti-oedémateux peuvent convenir pour une application cosmétique, il n'en va pas de même pour les deux autres catégories d'ingrédients qui ne peuvent être utilisés à la légère. Le détournement de ce type de médicaments est donc à proscrire.

En conclusion, remarquons que la méfiance envers les cosmétiques qui saisit une certaine fraction de la population -peur le plus souvent irraisonnée- ne doit pas la pousser à croire aveuglément en des conseils insensés avec des conséquences potentielles pour la santé. Blogueurs et blogueuses à l'origine de conseils plus farfelus les uns que les autres seraient bien inspirés de ne pas jouer aux apprentis-sorciers.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

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