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Que contiennent vraiment vos cosmétiques? Et vos médicaments?

Actuellement, les cosmétiques font l'objet de nombreuses attaques. Leur composition est passée au peigne fin. Allergènes, irritants... sont pointés du doigt. Pour y voir plus clair, il est bon de faire quelques rappels.
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Actuellement, les cosmétiques font l'objet de nombreuses attaques. Leur composition est passée au peigne fin. Allergènes, irritants... sont pointés du doigt. L'analyse approfondie des compositions ne vise, toutefois, que les seuls cosmétiques: les médicaments dits topiques (c'est-à-dire ceux administrés sur la surface du corps, peau ou muqueuses) échappant à la psychose ambiante. Pour y voir plus clair, il est bon de faire quelques rappels et d'établir quelques comparaisons.

Les emballages, source d'informations pratiques

C'est la Directive 93/35/CEE du Conseil du 14 juin 1993 modifiant, pour la sixième fois, la Directive 76/768/CEE qui porte l'obligation de faire figurer sur l'emballage des produits cosmétiques la liste complète des ingrédients entrant dans leur composition.

Ces ingrédients sont présentés par ordre décroissant de pourcentage d'incorporation. Les compositions parfumantes et aromatiques sont mentionnées respectivement par les mots parfum et aroma. Les ingrédients en concentration inférieure à 1 % peuvent, quant à eux, être mentionnés dans un ordre quelconque, après ceux dont la concentration est supérieure à 1 %.

Le beurre de karité est un ingrédient commun des cosmétiques.YouTube

En regardant la place des ingrédients dans cette fameuse liste, on peut vérifier si l'argumentaire marketing est vrai. Dans le cas d'un cosmétique présenté comme étant enrichi en beurre karité, par exemple, il paraît logique de trouver l'ingrédient en question Butyrospermum parkii butter en début de liste et non pas en toute fin.

Les ingrédients sont énoncés en respectant une nomenclature internationale, l'International nomenclature of cosmetic ingredients (INCI). Celle-ci est très pratique puisqu'elle permet d'avoir recours à une langue unique, quel que soit le pays d'origine. Qualifié de « charabia » par un certain nombre d'utilisateurs, il est parfaitement intelligible pour les professionnels du secteur cosmétique et les autorités de santé. C'est ce qui compte : un ingrédient reste le même qu'il soit, par exemple, présenté sous son nom français de paraffine liquide ou sous son nom INCI Paraffinum liquidum. Seuls les spécialistes du domaine sont en capacité d'avoir un avis sur le bien-fondé de son incorporation dans les produits cosmétiques.

Afin d'être encore plus transparent en matière de composition, la Directive 2003/15/CE vient compléter le texte précédent, aboutissant à l'étiquetage obligatoire de 26 allergènes. Depuis quelques années, il est question d'allonger cette liste qui pourrait ainsi atteindre une centaine de molécules !

Les allergènes dans les médicaments

Le meilleur exemple est certainement celui de la crème Biafine, un médicament très populaire. En ce qui concerne la présentation des ingrédients contenus dans ce médicament à usage topique, on voit très nettement que médicaments et cosmétiques ne suivent pas les mêmes réglementations.

Molécule de Triethanolamine (trolamine).Wikipédia

La substance présentée à tort, ici, comme active, à savoir la trolamine dosée à 0,670 g pour 100 g d'émulsion pour application cutanée, est différenciée des excipients : un mélange de stéarate d'éthylène glycol, d'acide stéarique, de palmitate de cétyle, de paraffine solide, de paraffine liquide, de perhydrosqalène, d'huile d'avocat, d'alginate de trolamine et de sodium, d'arôme yerbatone et d'eau purifiée.

Sont indiqués à part ce que l'on nomme les excipients à effet notoire. Ces derniers sont des ingrédients susceptibles d'engendrer des effets indésirables chez certains sujets. Sont désignés de cette manière, le propylène glycol, susceptible d'induire des irritations cutanées, le sorbate de potassium qui peut provoquer des réactions locales à type d'eczéma, le parahydroxybenzoate de méthyle sodé (E219) et le parahydroxybenzoate de propyle sodé (E217) qui peuvent provoquer des réactions allergiques à type d'eczéma de contact.

On remarquera que les effets indésirables indiqués dans la liste des excipients à effet notoire ne sont pas en accord avec ce que l'on peut trouver dans la littérature scientifique. Si l'effet irritant du propylène glycol est connu, et ce pour une dose supérieure à 5 %, sorbate de potassium et parabens ne sont pas connus pour un quelconque effet allergisant.

Flacon de parfum. Attention aux allergènes.Wikimédia, CC BY

Il est également important de se pencher sur la composition parfumante. L'arôme Yerbatone comporte les matières premières suivantes : huile essentielle d'orange déterpénée, huile essentielle de galbanum, huile essentielle de petit grain déterpéné, huile essentielle de lemongrass, célestolide, acétate de paratertiobutyl cyclohexyle, lyral, aldéhyde alphahexylcinnamique, citral, limonène, alcool phényléthylique, traséolide, hercolyn, acétate de phényléthyle, méthylionone, dipropylène glycol, myristate d'isopropyle, dihydrojasmonate de méthyle.

Notons que si l'industrie cosmétique se voit dans l'obligation de faire figurer la liste des allergènes issus des parfums, il n'en va pas de même dans le cas des médicaments. Aucune mention particulière ne vient prévenir le consommateur de la présence d'allergènes dans la formule. De la même façon, la pommade Avibon (et son parfum T1415) ne joue pas la transparence.

Faut-il en conclure que ces médicaments sont à proscrire ? La réponse est non, bien évidemment, pas plus que les cosmétiques renfermant des parfums, sources d'allergènes. Mais afin de permettre un choix raisonné, pour un consommateur qui se sait sensible à tel ou tel ingrédient, il est important de faire état de la présence de ces allergènes.

Enfin, signalons le cas particulier des laboratoires Dermophil indien qui commercialisent des sticks labiaux sous deux statuts différents. Le médicament contient du baume du Pérou, matière première abandonnée par l'industrie cosmétique du fait de son caractère allergisant. Et le cosmétique Dermophil n'en contient pas !

Un mot sur les tensioactifs irritants

Les allergènes ne sont pas les seules molécules pointées du doigt. On attire également notre attention sur les tensioactifs irritants. S'il reste un travail à effectuer en ce qui concerne les allégations figurant sur les emballages, il convient de saluer les efforts déjà effectués. Le lauryl sulfate de sodium, tensioactif irritant retrouvé dans des médicaments comme la pâte Aloplastine ou dans des dispositifs médicaux comme Ialuset, est désormais abandonné des formules cosmétiques non rincées.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

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