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Pour beaucoup, le scénario d'une victoire de Donald Trump aux primaires républicaines, même de plus en plus crédible, reste incroyable.
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Donald Trump, qui a été le phénomène politique de 2015, est en passe de devenir celui de 2016. Un faisceau d'indices laisse à penser que sa nomination comme candidat officiel du Parti républicain est désormais à portée de main, voire qu'il pourrait décrocher la Maison-Blanche en novembre 2016.

Non seulement l'hommes d'affaires milliardaire est toujours en tête des sondages nationaux, et ce de façon continue depuis début juillet 2015, mais après une poussée de Ted Cruz fin 2015, Donald Trump a repris la main dans l'Iowa, continue à mener dans le New Hampshire et la Caroline du Sud.

Ses adversaires déçoivent : Ted Cruz a reculé ; Marco Rubio n'arrive pas à s'imposer comme l'alternative «modérée» crédible, ni même comme le troisième homme de ces primaires, pris dans le feu des attaques de John Kasich et Chris Christie ; et la candidature de Jeb Bush est considérée comme une cause perdue, alors que se multiplient les interrogations pour savoir «quand» et non plus «si» Jeb Bush jettera l'éponge. En Floride, terre de Bush et de Rubio, Donald Trump caracole à 38,3 %, très loin devant Ted Cruz (19 %) mais surtout Marco Rubio (13,3 %), qui a fait une chute de 4 points depuis fin décembre, sans parler de Jeb Bush (10,7 %).

Au-delà des intentions de votes, un sondage du Pew Research Center début janvier révèle qu'une majorité d'électeurs républicains (56 %) pensent que Donald Trump ferait un «bon» ou un «très bon» président, tandis que seulement 22 % pensent qu'il serait «mauvais» ou «terrible». Par contraste, 25 % seulement des électeurs croient que Jeb Bush serait «bon» ou «très bon» tandis que 36 % le voient «mauvais» ou «terrible».

Le fait majeur de ce mois de janvier, c'est qu'un grand nombre d'articles de presse relaie l'idée que l'establishment du Parti républicain (ses cadres, ses leaders au Congrès, ses grands donateurs) pourrait finalement accepter la nomination de Donald Trump comme le candidat républicain à la présidence. Les leaders républicains soufflent aux journalistes que Donald Trump n'est pas un radical dangereux, mais un chef d'entreprise qui saura prendre les bonnes décisions pour l'Amérique. Des articles le présentant comme un républicain modéré, sauf sur l'immigration (ce qui serait dur à plaider), refont surface. Même des chrétiens conservateurs jurent qu'ils pourraient se satisfaire d'un candidat qui, à défaut d'avoir la foi, a des convictions.

Ce nouveau récit médiatique à quelques jours seulement des premiers votes n'est pas le fruit du hasard. De l'avis de tous les commentateurs politiques, le choix de Donald Trump serait basé sur un rejet viscéral de Ted Cruz, son seul véritable adversaire. La perspective que le sénateur du Texas l'emporte en Iowa, ouvrant la voie à sa nomination, effraie le leadership républicain, qui voit Ted Cruz comme un idéologue dangereux, hypocrite, effronté et radical.

Les lobbies économiques proches des républicains et les grands donateurs ne veulent pas de Cruz, auquel ils ne pardonnent pas d'avoir poussé à la fermeture du gouvernement (shutdown) en 2013 pour des gains politiques inexistants. De grands noms politiques, tels que Bob Dole, candidat à la présidentielle face à Bill Clinton en 1996, l'ont récemment désavoué. Sarah Palin, égérie du Tea Party, qui avait apporté son soutien à Ted Cruz lors de son accession au Sénat en 2012, lui a préféré Donald Trump, signe du ralliement progressif de ce mouvement.

Avec le temps, Donald Trump fait de moins en moins peur : certains considèrent qu'il n'a pas de convictions, qu'il est donc malléable et qu'il finira par rejoindre l'orthodoxie républicaine ; d'autres voient dans ses déclarations à l'emporte-pièce une preuve de sa force de caractère, ce qui devrait faire de lui un grand leader. Les comparaisons à Ronald Reagan se multiplient, tandis que beaucoup pensent que le candidat Trump saura unifier le parti après sa nomination, à l'inverse de Ted Cruz, qui le diviserait.

Au fond, face au risque d'une victoire de Donald Trump aux primaires, le parti républicain a intérêt à démontrer le plus tôt possible que son candidat potentiel n'est pas un extrémiste incontrôlable et narcissique, mais un hommes d'affaires pragmatique et extraverti. Le ralliement du leadership à Donald Trump dans quelques mois apparaîtra alors plus naturel.

Non seulement beaucoup de républicains sont en train de se convaincre que Donald Trump peut gagner la nomination, mais qu'il pourrait également battre Hillary Clinton, ce qui peut sembler invraisemblable tant ses déclarations outrancières devraient lui avoir aliéné les minorités et les femmes. Mais Donald Trump n'est pas Barry Goldwater, le candidat ultra-conservateur sévèrement battu à la présidentielle de 1964. Il n'est ni néoconservateur ni libertarien, mais est avant tout populiste et démagogue, ce qui ne le disqualifie pas d'emblée pour l'élection générale. Il pourra aisément assouplir son message après les primaires - sauf peut-être sur les questions d'immigration et le rejet des musulmans.

Un scénario de victoire de Donald Trump face à Hillary Clinton peut s'imaginer : il parvient à se réinventer en soulignant sa foi dans le rêve américain (pour plaire aux Afro-Américains), dans la petite entreprise (pour plaire aux Hispaniques) et en se posant en père de famille protecteur (pour plaire aux femmes) ; les électeurs les plus chrétiens le dédaignent en partie mais ne vont pas non plus voter pour Hillary Clinton ; Donald Trump récupère des voix dans le camp de Bernie Sanders, parmi les démocrates désabusés par l'establishment de leur parti ; le vote indépendant se divise, notamment sous l'effet d'une tierce candidature, telle que celle du maire de New York Michael Bloomberg ; Donald Trump se pose en outsider face à Hillary Clinton, l'insider par excellence, et alimente les controverses sur les frasques sexuelles de Bill Clinton tout en suggérant que l'ancienne Première dame en serait complice (rappelant au passage les dérapages d'Anthony Weiner, mari de Huma Abedin, proche conseillère d'Hillary Clinton).

Toujours selon le sondage du Pew Research Center, près d'un tiers, 31 %, des électeurs américains pensent que Donald Trump ferait un «bon» ou un «très bon» président, seulement 3 points derrière Hillary Clinton). 38 % pensent qu'il serait «terrible», mais le chiffre est très élevé pour la candidate démocrate aussi (28 %) et Trump, à la différence d'Hillary Clinton, n'a pas encore commencé à essayer de séduire l'électorat national.

Pour beaucoup, le scénario d'une victoire de Donald Trump aux primaires républicaines, même de plus en plus crédible, reste incroyable. Ses détracteurs ne peuvent s'y résoudre, les statisticiens continuent de penser qu'un aspirant «modéré», tel que Marco Rubio, finira par engranger un grand nombre de délégués plus tard dans la saison. Mais si Donald Trump rafle les trois premières primaires et enchaîne avec de beaux scores aux primaires du 1er mars, et si ses adversaires restent aussi nombreux et affaiblis qu'ils le sont actuellement, il faudra se résoudre à envisager l'impensable, comme le Parti républicain l'a fait : la perspective que Donald Trump représente la droite américaine en novembre 2016.

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